Wahkan

Wahkan est une sorte d’OVNI dans la galaxie Dupuis, avec un nom énigmatique et une couverture qui ne l’est pas moins. Cette aventure menée tambour battant par un trio d’auteurs confirmés, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Maxe L’hermenier, nous embarque dans un Paris du XIXe siècle habité par une foule de personnages plutôt anticonformistes.

Paris, 1889. L’inspectrice Éléonore Kowalski, qui se distingue par l’extravagance de la couleur de ses cheveux, roses, ce qui n’est pas banal en cette année du centenaire de la Révolution française, enquête sur une série de meurtres qui ont pour décor la Tour Eiffel, ce drôle de monument qui vient d’être construit et qui ne connaît pas encore une immense notoriété internationale. Le mentor de l’enquêtrice vient de partir à la retraite et, pour la seconder, ses supérieurs lui ont adjoint une recrue, un brin fantasque, et nouvellement diplômée, le jeune Jules Castignac.

Le duo doit rapidement se mettre en ordre de marche, l’enjeu est de taille : si le tueur continue de sévir, l’exposition universelle sensée participer au rayonnement de Paris et à la grandeur de la France sera annulée. Une piste les mène vers une créature de la mythologie indienne baptisée Wahkan.

Rétrofuturisme

Le scénario de Maxe L’hermenier promène lectrices et lecteurs dans un Paris un peu particulier. Il n’est vraiment pas le reflet de l’époque qu’il représente, parfois il s’en éloigne même franchement. Et c’est tant mieux, car cela donne une vraie couleur au récit. Pour preuve, une héroïne aux cheveux roses (et qui se balade en pantalon) qui contraste avec une représentation de la mode d’une capitale française encore équipée de routes pavées.

Le tout vire franchement dans l’histoire rétrofuturiste lorsque le lecteur ou la lectrice s’aperçoit que les calèches fonctionnent avec un moteur (exit les chevaux à pattes), que les voitures sont surpuissantes et que les armes sont d’une taille à faire pâlir d’envie le lieutenant David Ellioth Hanneth Solomon, Soda.

Malgré tout, l’enquête des deux flics, Éléonore Kowalski et Jules Castignac, reste passionnante et bien amenée. Habile, le récit s’inspire de faits réels tel que le spectacle de Buffalo Bill qui fut effectivement joué dans la capitale française à l’occasion de l’exposition universelle dans l’ancien Palais du Trocadéro (détruit en 1935).

Du Netflix en BD

Côté dessin, on sent qu’Alexis Sentenac et Brice Cossu se sont bien amusés. Outre une mise en page aérée, rythmée et vraiment dynamique, certains détails de vignettes ne manqueront pas de titiller les esprits les plus coquins ou d’égayer celui des amateurs de bonnes viandes (avec référence, parmi d’autres, à la célèbre Boucherie Sanzot). Surtout, on est gratifié d’une superbe double planche qui représente l’intérieur du Palais du Trocadéro. L’ambiance de la séquence est même rehaussée par l’incroyable travail de mise en couleur et de positionnement des lumières ou des ombres de la coloriste italienne Gabriela Hamilton.

BD OVNI, il y a un petit côté Netflix dans l’esthétique de Wahkan – une remarque qui n’est pas à prendre négativement, mais plutôt pour en saisir la particularité visuelle qui rapproche l’album de certaines séries de la plateforme américaine. Prenez, par exemple, une dose de Marco Polo et ses vêtements collés-serrés qui donne un petit regain de tension érotique à l’histoire et combinez-la, sans dosage, aux expressions « Nikky Larsonesque » lors d’une bagarre dans une voiture et vous obtenez un curieux mélange graphique qui, néanmoins, sert parfaitement l’esprit d’un scénario original et bien ficelé. 

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

• Scénario : Maxe L’Hermenier
• Dessin : Brice Cossu et Alexis Sentenac
• Couleurs : Piky Hamilton
• Éditeur : Dupuis
• Date de sortie : 12 janvier 2024
• Pagination : 62 en couleurs

Vous pouvez discuter de l’album Wahkan sur notre groupe Facebook des Amis de la bande dessinée.

Consultez la liste de nos librairies partenaires pour vous procurer l’album Wahkan.