Interview de Franck Bonnet, à l’occasion de la sortie du T1 de Ann Bonny, la Louve des Caraïbes.

Suite à la publication de la chronique des Amis de la BD sur Ann Bonny, Franck Bonnet nous a adressé un message de remerciement. À cette occasion, nous lui avons demandé s’il voulait bien nous accorder un entretien pour la communauté. Il a immédiatement accepté. le soir même, le dimanche 21 avril 2024 en fin d’après-midi et en même temps qu’il dessinait une des planches du tome 2, l’échange téléphonique a eu lieu.

Photo de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : Bonjour Franck et tout d’abord merci de nous accorder un peu de ton temps pour les Amis de la BD.

Franck Bonnet : Pas de soucis, j’ai du retard à rattraper donc de toute façon je travaille sur le tome 2 de Bonny, je peux faire les deux choses en même temps. Bon elle est bien la chronique que vous avez faite, ça correspond exactement à ce que je voulais en faisant l’album. C’est pas seulement l’écriture, c’est l’analyse qui est globalement comme moi je la voyais, ça fait plutôt plaisir, car cela signifie que l’album est réussi et du coup je suis content. Vous m’avez vu en parler quelque part ?

Les Amis de la Bande Dessinée : Non non. La chronique a été faite en même temps que la lecture de l’album avec notre ressenti et des références historiques. Du coup c’est parfait, c’est que tu as bien travaillé (rire).

Bon, est-ce que tu peux, pour les amis de la BD qui ne te connaissent pas bien, nous faire un résumé de ton parcours d’auteur de Bande dessinée ?

Franck Bonnet : Résumé, oula, ça fait quand même 30 ans que je fais de la BD ! Alors, j’ai commencé avec Didier Von Cauwelaert chez Dargaud. Mais à l’époque, comme moi je bossais avec un scénariste connu j’ai pas eu l’estampillage de ce que l’on a appelé la « Génération Dargaud ». Mais voilà, je suis de cette génération des 90’s avec les Marc Bourgne, Etienne Davodeau, Olivier Berlion, …. Tu vois, quelques noms qui ont pas mal marché.

Et puis ensuite Didier, pour qui la BD était juste un moment dans sa vie et après 4 albums m’a dit : « on va s’arrêter, réfléchis à faire autre chose ». A ce moment-là, j’ai mis en marche le travail avec Mitton sur Attila mon Amour et puis j’ai continué ma petite carrière en faisant des albums de BD en fonction de ce que me proposait l’éditeur et des scénarios. Et puis c’est toujours pareil, on te propose des choses en te disant « ah ça va marcher, tu vas voir ça va être bien » et puis en fait ça marche pas toujours bien.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet
Couverture de l'album Attila… mon amour
© Attila… mon amour – Jean-Yves Mitton et Franck Bonnet – Glénat
Dessin de Franck Bonnet
© Attila… mon amour – Jean-Yves Mitton et Franck Bonnet – Glénat

Alors un jour, je me suis dit que j’allais allier ma passion de la BD et ma passion de la mer, j’ai appelé Marc Bourgne, qui est un copain, et je lui ai demandé s’il pouvait m’écrire un truc un peu marin. Et là, c’est marrant parce qu’il était en train de lire la Désirade, un roman de Jean François Deniau, qui raconte l’histoire des frères Laffite. Je lui ai dit « Bingo on y va ». Moi je souhaitais une histoire qui soit documentée et assez réaliste à l’image d’un Patrice Pellerin. Marc ne savait pas s’il pourrait réussir à mêler des parties marines précises à son scénario. C’est vrai, c’est particulier la Marine, c’est comme l’aviation, il y a un langage et une technicité spécifique. Du coup, on a fait les parties marines ensemble et on a commencé les Pirates de Barataria qui ont eu un joli succès.

Après j’ai pris mon envol tout seul au niveau du scénario et en restant dans le milieu marin. Il y a eu USS Constitution et aujourd’hui Ann Bonny.

Couverture de l'album USS Constitution
© USS Constitution – Franck Bonnet – Glénat
Couverture de l'album Ann Bonny
© Ann Bonny, la Louve des Caraïbes – Franck Bonnet – Glénat

Les Amis de la Bande Dessinée : Natif de Troyes, c’est quand même loin l’océan ?

Franck Bonnet : on me fait souvent cette remarque, mais le bosco (maître de manœuvre) de l’Hermione, il est bien rémois ! Bon d’accord, il y a des lacs par là bas, ça navigue aussi ! (rires).

Les Amis de la Bande Dessinée : Comment travailles-tu tes scénarios ?

Franck Bonnet : Pour USS CONSTITUTION L’objectif était de faire une BD de marine à l’image de certains romans de marine qui sont très documentés. Je suis parti du livre de bord de la frégate pour raconter mon histoire. J’ai juste ajouté un personnage dessus qui avait sa propre aventure pour que ça ne fasse pas trop historique non plus avec juste l’histoire du navire. Le côté très marin d’USS Constitution, qui à quand même très bien marché, je pense, a dû en freiner quelques-uns qui ont dû avoir peur que cela soit trop technique, comme l’ont dit certains sites marchands ou avis sur des pages de lecteurs de BD. Pourtant, j’avais tout fait pour que l’on comprenne bien et que l’on ne reste pas en panne sur l’histoire. D’ailleurs, ceux qui l’ont lu m’ont dit qu’ils n’avaient pas été gênés. C’est pour cette raison que, pour Ann Bonny, je me suis rapproché du travail que j’ai fait avec Marc sur les Barataria, c’est un petit peu moins marin.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Après en fait, j’ai envie de traiter les sujets de façon différente de ce que l’on voit habituellement. Comme j’ai un dessin réaliste des navires, en raison de ma passion depuis 30 ans, il faut que le scénario le soit aussi. Donc, dès l’instant ou je m’attaque à la piraterie au début du XVIIIème dans Ann Bonny, il fallait que je raconte la vie des pirates comme elle l’était réellement, et non comme on nous la montre au cinéma ou dans beaucoup des livres et BD. Attention je dis pas que c’est nul, Les trucs dans le genre Pirates des Caraïbes c’est très bien, ce sont de vrais récits d’aventure faits pour nous distraire mais où on ne cherche pas spécialement la documentation, c’est un choix comme un autre, moi j’aime bien faire une histoire en me documentant, en mettant les bateaux de la bonne époque avec les bons équipements. Quand tu vois des bateaux de 100 personnes à 25 canons, des pirates avec une jambe de bois bardés de tatouages et un perroquet sur l’épaule, tout ça, c’est faux, en réalité ça n’existe pas, c’est l’image que nous a vendu Hollywood sur les pirates.

Déjà un perroquet c’est pas facile à attraper, et le pirate quand il y arrivait, soit il le bouffait, soit il le vendait parce que ça valait du blé !! Le tatouage c’est pareil, ça a été redécouvert à la fin du XVIIIème   siècle quand James Cook à débarqué à Tahiti, bien après l’âge d’or de la Piraterie.

Photo de Franck Bonnet
© Franck Bonnet
Photo Le Négrier d'Edouard Corbière
© Franck Bonnet
Photo d'une maquette de navire
© Franck Bonnet

Donc moi, j’ai voulu raconter la vraie histoire des pirates, leur mode de vie, leur vrais bateaux comme les petits sloop et petits brigantins avec 6 canons et maximum 15 – 20 pirates à bord, qui vivaient de façon libertaire. Au départ c’était ça l’idée. Tu sais à Nassau ils étaient tous un peu pirates, le coiffeur, le tailleur et même le notaire comme Turnley, ils avaient tous un p’tit bateau. Le seul truc qui comptait dans leur vie, c’était de se lever le matin avec un nouveau ciel devant les yeux et pas un plafond qui soit toujours le même. Et puis, ils se battaient pratiquement jamais pour voler la marchandise des bateaux, c’est pas vrai, quand ils braquaient un bateau marchand, ils hissaient le drapeau noir, enlevaient leur chemise, se peinturluraient et faisaient « WHA ! WHA ! WHA ! WHA!!!!! et les marchands, comme un bijoutier d’aujourd’hui, ils disaient servez-vous ! Eux ce qu’ils voulaient c’était sauver leur peau.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet
Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : En trois ouvrages tu es devenu un véritable scénariste

Franck Bonnet : Non je ne me considère pas comme un scénariste. J’en discutais avec Fred Duval il y a pas longtemps, moi si on vient me voir et qu’on me dit « tiens tu veux pas m’écrire un truc de science fiction ou un polar ou un machin ? Ca, je ne saurais pas faire car je ne suis pas scénariste. Je sais faire des scénarios pour mes propres histoires de marine. Quand j’ai une bonne idée en tête, là l’écriture vient plus facilement aussi bien pour les dialogues que pour l’histoire. C’est pour ça que je considère plus ce que je fais comme un travail d’auteur complet que de scénariste.

Les Amis de la Bande Dessinée : Et pour les dessins ?

Franck Bonnet : J’aime bien commencer le travail quand tout est écrit. J’ai commencé à dessiner Ann Bonny il y a presque 1 an 1/2, oui parce que j’avais en même temps les dessins à préparer pour l’expo Daniel Maghen, donc, du coup, ça a pris un peu plus de temps. Mais sinon, oui, je travaille le scénario bien en amont. Là en fait, je suis en train de dessiner le début du tome 2 de Bonny, j’en suis planche 13 ou 14. Parfois quand j’écris j’ai une petite idée du personnage qui m’arrive comme ça dans la tête et que je visualise, donc, tout de suite, je fais des petits croquis pour m’en souvenir 2 ans après, même s’il se peut que je le modifie, mais, au moins, j’ai le croquis du perso au moment ou je l’ai visualisé quand j’ai écrit le scénario. Voilà, pour te dire que ce que je dessine en ce moment c’est une partie que j’ai écrite en novembre 2020. Et là, en même temps que je dessine le tome 2, je travaille sur le scénario de l’après Bonny.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet
Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : Le travail sur les couleurs a aussi changé sur cet album

Franck Bonnet : En fait, dès le début, quand j’ai fait Ann Bonny, j’en ai discuté avec Isabelle Charly et mon éditeur chez Glenat, Franck Marguin.  Tout de suite, Franck m’a dit que cela serait bien que ce soit peut-être un peu plus coloré, parce qu’il avait envie de le faire sur un papier mat, un peu comme les premiers Blueberry avec des couleurs assez vives, assez chaleureuses, et comme ça se passe aux Bahamas…

Alors c’est vrai, on a un peu tâtonné car c’est la première fois que j’avais un album en papier mât, donc au niveau des couleurs, avec Isabelle, on avait peur que ça soit un peu foncé, donc on a été vers les clairs  et d’ailleurs au début ça se voit, car c’est vraiment très clair. Après oui, c’était aussi le but de retrouver un peu l’esprit de l’imagerie de la BD d’avant, moins nuancée, moins camaïeu que Constitution.

Et puis c’est une histoire de Pirates, et ils avaient des bateaux colorés en 1720, ils n’hésitaient pas sur les couleurs, ils avaient les hauts vert, bleus, tu vois, à part l’intérieur qui était toujours un peu rouge, mais sinon ils avaient toujours des bateaux qui étaient vert, bleu, avec des décos partout, des statues derrière, tout sculptés, des proues et des poupes toutes travaillées, voilà, après ça a un peu évolué. Moi dans l’histoire j’ai fait un des premiers bateaux, un petit voilier avec une bôme (espar horizontal sur lequel est attaché une voile aurique ou triangulaire), prisé des pirates car il était plus rapide que les autres et il permettait de remonter au vent facilement.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : Tu peux nous parler du personnage d’Ann Bonny ?

Franck Bonnet : Quand je cherchais mon sujet de scénario je suis tombé sur l’histoire de Rakham puis de Mary Head et Ann Bonny. Et ça a été évident, il y avait tout, la piraterie, le langage, le romanesque et puis cette femme moderne. Ann Bonny, c’est vrai, elle est née dans le mauvais siècle comme Joe Carstairs qu’a dessinée Virginie Augustin dans la BD Joe la Pirate. Elle refuse l’autorité du père qui l’oblige à se marier, de son mari dont elle ne veut pas et qu’elle juge comme un petit pirate sans envergure, elle s’entend pas bien avec l’église, elle refuse l’autorité du gouverneur et donc du roi. En fait, elle refuse toute autorité à une époque où la femme n’a qu’une chose à faire , c’est se taire, faire des enfants et la cuisine. Donc pour elle ça pouvait pas coller, c’était soit le bûcher, soit la piraterie. C’était une femme hors de son temps.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet
Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : La scène de la cale est très dure aussi, il est difficile d’imaginer une telle résilience ?

Franck Bonnet : Oui, elle se sépare de James Bonny dans des conditions un peu spéciales. Dans la doc que j’ai cherché il y a peu d’allusions à ce moment qui est assez dur car je pense que les gens veulent éviter d’en parler mais aussi parce qu’on n’est pas certain à 100 % qu’il ait vraiment eu lieu. Peut-être qu’elle l’a inventé pour se défendre lors de son procès et obtenir l’empathie et la clémence des juges en justifiant ainsi d’être devenue pirate pour se venger. Il y a quelques auteurs comme Zoé Valdès qui parlent de ce passage scabreux.

Et puis, tout ce qui lui arrive pendant une semaine, même si l’on trouve cela choquant, il ne faut pas trop s’offusquer aujourd’hui car c’était le traitement réservé et convenu à l’époque. Initialement, la bulle à la fin de cette scène où elle les traite de porcs n’était pas prévue. En discutant avec Glénat nous avons pensé que peut-être des gens se demanderaient pourquoi elle ne se plaignait pas après son  évasion, du coup j’ai créé cette bulle. Mais il faut remettre cela dans le contexte de la femme de l’époque de 1700, j’ai lu que quasiment 2 femmes sur 3 étaient violées au moins une fois dans leur vie. Attention, je ne dis pas que ça leur faisait plaisir, mais que c’était intégré dans leur mode de vie et que par conséquent, cela ne créait pas la même révolte qu’aujourd’hui. C’est tant mieux cette indignation de nos jours, car c’était terrible quand on y pense.

Alors oui, je me suis posé la question de savoir ce que je faisais de ce passage, moi je suis auteur de BD, parce que cela fait partie de l’histoire d’Ann, et ça m’aide à faire mon récit et à la rendre plus énervée contre James Bonny.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : Mais sommes-nous certain qu’elle ait réellement existé ?

Franck Bonnet : Comme toujours quand j’écris un scénario, je suis allé chercher la doc partout où elle est pour faire quelque chose d’assez documenté. Ann Bonny c’est surtout Daniel Defoe, c’est par lui que tout arrive, mais oui on est même pas sûr à 100 % qu’elle ait vraiment existé, c’est ça qui est terrible. Il y a différentes versions, moi je m’arrête à la version où elle a été capturée et mise en prison, comme ça je prends pas de risque. Il y en a qui disent qu’elle est morte très tard, qu’elle a fait fructifier la plantation familiale et il y a certains historiens qui disent qu’elle n’a jamais existé. Rakham lui c’est certain, mais Ann et Mary c’est peut-être juste une invention de Daniel Defoe qui à écrit Robinson Crusoé.

Enfin, de toute façon, on raconte l’histoire d’Ann Bonny et je lui fait rencontrer tous les personnages qu’elle a réellement rencontrés. Chidley Bayard, Bousquet le coiffeur tailleur, Rakham ont vraiment existé. A l’exception de la Cabella, elle c’est pour amener une partie romance et faire qu’il y ait un peu plus de rebondissements, et que ça soit un peu plus amusant, mais toujours sur un fond réaliste. Et puis, j’ai fait quelques petites anicroches à l’histoire pour l’intérêt du récit. Par exemple, moi je la fais arriver seule à Nassau alors qu’en réalité elle y est arrivée avec James Bonny qu’elle a épousé à Charles Towne.

Les Amis de la Bande Dessinée : Tu es membre de l’Académie des Arts et des Sciences de la Mer, de quoi s’agit-il exactement ?

Franck Bonnet : Moi je suis membre dans le collège BD de Marine. Pour y entrer il faut que tu sois parrainé, moi c’était par Jean Yves Delitte. Il y a aussi des collèges peinture, roman, photos, etc … ensuite il faut que tu aies une bonne expérience de 10 – 15 ans de marine et que tu prépares un dossier à leur remettre et puis après, ils valident ou pas ton adhésion. Il faut quand même avoir une certaine crédibilité pour en faire partie.

Après, c’est un lieu d’échange, par exemple moi j’ai eu un doute sur un détail technique relatif à la Boussole et l’Astrolabe, et bien j’ai demandé à Guy Le Moing, qui est un puits de science sur la marine, et il m’a apporté la réponse à mon problème. C’est un lieu d’entraide, et puis ils organisent aussi des évènements et expositions pour les photographes ou les peintres qui sont membres.

Couverture du livre Carnets de voyage en Mer des Indes
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : Pour ta prochaine histoire en écriture, tu changes d’époque de zone géographique ?

Franck Bonnet : Il y a des choses intéressantes en 1600, ça peut être amusant de travailler sur des jonques, mais c’est vrai que je m’y connais un peu moins. J’ai lu beaucoup de romans de marine, j’ai réalisé des maquettes en bois dont j’ai les plans et des monographies de bateaux dont je me sers, la lecture sur 30 ans. c’est tout un ensemble qui me permet d’être le plus précis possible sur cette période que j’affectionne qui va de 1700 à 1830 et qui me laisse tout de même le loisir de varier les plaisirs car, même en l’espace de 50 ou 60 ans, il y a énormément de choses qui évoluent et qui changent. Un bateau de 1720 c’est pas du tout le même qu’un bateau de 1780, en 1720 les bateaux ils avaient pas de cabestan par exemple.

Les Amis de la Bande Dessinée : La sortie du tome 2 est prévue pour quand ?

Franck Bonnet :  Je ne peux pas te dire précisément mais pas avant avril – mai 2025. Je vais aller plus vite maintenant car j’ai fini de bosser sur l’expo Daniel Maghen, mais j’ai encore 57 planches à faire.

Les Amis de la Bande Dessinée : Peut-être qu’entre temps une intégrale de Vell’a ou T.N.O va être rééditée comme pour Attila Mon Amour ?

Franck Bonnet : T.N.O cela m’étonnerai ça n’a vraiment pas bien marché, Vell’a peut-être,  après c’est bizarre. Pour Attila j’ai été contacté par un éditeur qui m’a demandé si je pouvais voir avec Glénat pour leur céder les droits car ils étaient intéressés pour faire une intégrale. J’en ai donc parlé à Glénat qui m’ont dit « quoi on a pas fait d’intégrale d’Attila nous ? Bah on va la faire alors !! Et voilà comment ça c’est fait, c’est quand même marrant comment les choses se font parfois.

Couverture de l'album Vell'a
© Vell’a – Marc Bourgne et Franck Bonnet – Glénat
Couverture de l'album T.N.O.
© T.N.O – Jean-Claude Bartoll et Franck Bonnet – Glénat

Maintenant je trouve que cela a un peu vieilli, j’ai un peu de mal à regarder certaines de mes anciennes planches, mais bon, comme tout dessinateur je pense, des fois tu te dis mince c’est moi qui ai fait ça ? Quelle horreur !!!. Même Giraud je suppose, que quand il regardait les planches de ses premiers Blueberry, ça devait lui piquer les yeux (rires). Il y en a quelques-uns qui dessinent vachement bien jeunes, mais il y en a pas beaucoup des mecs comme Marini. C’est quand même l’être à part, quand tu feuillettes son tout premier, la colombe de la place rouge, c’est impressionnant le style de dessin qu’il avait à 18 ans. Ca valait 48 francs à l’époque, il doivent valoir cher maintenant (rires). Mais non je ne les revendrai jamais, je les garde, je suis trop collectionneur pour revendre.

Les Amis de la Bande Dessinée : Et donc le prochain scénario sur lequel tu travailles actuellement tu peux nous en parler ?

Franck Bonnet : AH AH !!! tout ce que je peux te dire c’est que je m’attaque sans doute à une nouvelle histoire de pirates qui manque pas d’intérêt pour un beau scénario qui peut être très prometteur, mais je ne préfère pas en dire plus pour le moment.

Les Amis de la Bande Dessinée : As tu une dernière chose que tu aimerais dire aux Amis de la BD ?

Franck Bonnet : Et bien qu’avec Ann Bonny, l’idée au départ, c’était de trouver un prétexte pour parler des pirates de manière réaliste avec une femme assoiffée de liberté, hors de son temps, qui refusait toute autorité et toute soumission.

Dessin de Franck Bonnet
© Franck Bonnet

Les Amis de la Bande Dessinée : Et bien nous te remercions sincèrement pour le temps accordé et toutes ces informations passionnantes. Bon courage pour la fin du tome 2 que l’on va attendre patiemment, on te retarde pas plus et merci pour ce beau tome 1 d’Ann Bonny.

Propos recueillis par Xavier G.

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