Les Derniers Jours d’un zombie – T3 de Mort et déterré

Poignardé par un dealer, Yan Faucher, 13 ans, est un mort plutôt remuant. Ressorti de sa tombe sous la forme d’un zombie, l’adolescent tourbillonne dans tous les sens. De quoi reléguer ses comparses du « Thriller » de Michael Jackson au rôle de simples marionnettes !

Couverture de l'album Les Derniers Jours d'un zombie
Couverture de l’album Les Derniers Jours d’un zombie © Mort et déterré – Pascal Colpron et Jocelyn Boisvert – Dupuis

Ce troisième volet de Mort et déterré, orchestré par les québécois Jocelyn Boisvert (scénario) et Pascal Colpron (dessin), clôt cette trilogie atypique menée tambour battant. Un an : c’est le temps qu’il aura fallu à Yan Faucher pour se réveiller et sortir de la tombe où il était enfermé. 365 jours sous terre, ça vous marque un être humain : le corps du garçon est en décomposition et fragile. Au cours de ses pérégrinations, le jeune homme perd régulièrement des bouts de son anatomie qui sont ensuite rabibochés de manière folklorique à sa carcasse malodorante. Et ne parlons pas de son teint verdâtre qui, s’il a une allure effrayante pour le commun des mortels, saura séduire la belle Alice, une camarade de classe. Un remake de la belle et la bête ou comment aimer par-delà les apparences.

Page 3 de l'album Les Derniers Jours d'un zombie
© Mort et déterré – Pascal Colpron et Jocelyn Boisvert – Dupuis

Dans ce nouvel opus, l’adolescent doit composer entre une famille encore sous le choc et dévastée par la mort du jeune homme, des duels houleux avec son assassin, et un policier qui lui court après et qui entretient une relation intime avec la mère de notre mort-vivant. Bref, ce vaudeville québécois écrit par Jocelyn Boisvert ne manque pas de sel et de rebondissement. Alors que Yan est globalement prudent dans le premier volet de la série et manque de discrétion dans le second, cette troisième partition se joue à pleine lumière. Fini la pudeur du jeune mort-vivant. Soutenu par sa sœur Mara et par son meilleur ami – de son vivant, comme dans sa mort – Nicolas, l’adolescent entreprend de dérober le cadavre de son amie, victime du même dealer que lui, avant qu’elle ne soit enfournée dans un crématorium. Une épopée filmée par les caméras de télévision et qui oblige le jeune homme à se découvrir en public. Cette fois, c’est sûr, les zombies ne sont plus une légende, ils vagabondent au milieu des vivants !

Page 4 de l'album Les Derniers Jours d'un zombie
© Mort et déterré – Pascal Colpron et Jocelyn Boisvert – Dupuis

Entre les visites de cimetières, de jour comme de nuit, un enlèvement dans un crématorium ou les enterrements à la campagne ou en pleine forêt, Jocelyn Boisvert et Pascal Colpron nous instruisent sur les milles et une manière de se débarrasser d’un cadavre dans nos sociétés occidentales, selon que nous soyions pris en charge par notre famille, par un policier amoureux ou par un meurtrier revanchard.

Page 5 de l'album Les Derniers Jours d'un zombie
© Mort et déterré – Pascal Colpron et Jocelyn Boisvert – Dupuis

Côté dessin, les planches de Pascal Colpron sont denses et comportent de nombreuses petites cases, assurément nécessaires pour placer l’ensemble de cette intrigue aux multiples rebondissements. Certaines d’entre elles s’éloignant même du format standard carré ou horizontal pour devenir des sortes de cases hybrides à la manière d’un… mort-vivant ! Le coup de crayon du dessinateur est agréable, soigné et clair.

Page 6 du tome 3 de Mort et déterré
© Mort et déterré – Pascal Colpron et Jocelyn Boisvert – Dupuis

Finalement, malgré une ou deux grosses ficelles, le récit est à l’image de série : tout public, agréable à lire et drôle, dans la lignée des comédies de zombies. Plus profondément, l’intrigue ne manque pas de nous interroger sur notre relation face au deuil, plus particulièrement sur les conséquences de notre comportement lorsque le décès est consécutif à un acte violent.

Page 7 du tome 3 de Mort et déterré
© Mort et déterré – Pascal Colpron et Jocelyn Boisvert – Dupuis

Sur la couverture de l’album, une pastille annonce « Une trilogie à dévorer – le grand final ». Toutefois, le cliffhanger de la dernière planche ne laisse aucun doute. Les auteurs ont simplement bouclé un premier cycle. Alice reviendra-t-elle de parmi les morts ? Cette même couverture, ou la jeune fille prend également un teint verdâtre, est-elle un indice ? En outre, dans une série où les morts quittent leur tombe, qui sait si l’un des personnages principaux décédé (le troisième en trois albums) au cours du troisième volet ne jouera pas un rôle prépondérant dans la suite de la vie (mort) de Yan Faucher ?

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

  • Scénario : Jocelyn Boisvert
  • Dessin : Pascal Colpron
  • Couleurs : Usagi
  • Éditeur : Dupuis « Tous publics »
  • Date de sortie : 18 février 2022
  • Pagination : 56 en couleurs
  • Format : 218 x 300

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