Le Repaire de l’aigle – T8 de Buck Danny Classic
L’aventure, toujours l’aventure, pure et dure ! Tel pourrait être le slogan de cette série spin off de « Buck Danny », dont l’objectif est de faire évoluer l’aviateur américain dans le contexte de la grande époque des années 50, où le monde vivait des périodes exaltantes de progrès, tandis que la menace de la guerre froide et les relents de la seconde guerre mondiale restaient bien présents.
« Le Repaire de l’Aigle », 8ème tome de ces aventures « Classic » ne fait pas exception à la règle, et l’action y est largement privilégiée. Cet opus est la suite directe du précédent, « Sea dart », dans lequel Buck et ses fidèles Sonny Tuckson et Tumbler, tout à la mise au point d’un hydravion révolutionnaire, sont missionnés par la CIA pour enquêter sur une mystérieuse base secrète logée dans les montagnes de l’Argentine d’un président Perón qui fermerait les yeux sur les desseins de ceux qui y logent…
Nous retrouvons donc dans ce nouvel album Buck, en civil, aidé de la charmante Beate, agent du Mossad, en pleine campagne de Patagonie à la recherche de Tumbler et Sonny, dont les avions ont été abattus. Son enquête l’amène jusqu’à un bien curieux village, vide et isolé, et (bien sûr !), il ne tardera pas à s’apercevoir qu’il est sur le point de découvrir le secret de la base cachée, et l’identité de ses occupants au passé et aux objectifs bien peu recommandables… L’occident et les USA en particulier sont menacés : Buck et ses amis vont avoir du boulot !
Comme son nom l’indique, le doux parfum d’une aventure classique, ou plutôt d’une Série B d’aventure classique – au sens noble du terme – émane de chacune des 48 pages de cette BD. Tous les ingrédients ou presque sont là pour nous rappeler les bons vieux scénarios propres et nets respirant un peu le « déjà vu », mais qui font plus ou moins partie de nous et de notre imaginaire. On retrouve dans « Le Repaire de l’Aigle » l’exotisme suranné mais attractif, l’aventurier courageux accompagné de la femme jolie, mais sans scrupules, les coups de fil dans les bureaux feutrés de la maison blanche initiant une « mission suicide » pour les vaillants chevaliers des temps modernes, l’amiral qui fume la pipe et, bien sûr, le méchant qui, croyant avoir vaincu les gentils, va leur raconter tout son plan de A à Z en ne pensant pas une seconde qu’ils pourraient s’échapper…
En lisant « Le Repaire de l’Aigle », on s’imagine un peu à « La Dernière Séance » en train de suivre Errol Flynn ou Clark Gable vivant des péripéties incroyables (en Technicolor en plus !) sans froisser le pli de leur chemise. Les héros sont des boys scouts sans peur, les coups de théâtre en leur faveur sont à la limite du fantastique (les portes sont bizarrement ouvertes, les méchants parlent en se croyant seuls, la cavalerie arrive juste quand il faut), mais, outre une référence sympa à Indiana Jones, on note tout de même quelques nouveautés dans l’aventure virile : une femme intrépide est la co-héroïne de l’histoire, et elle ne dirait pas non à un petit extra avec notre aviateur blond et bien coiffé…
Si la couverture, ultra standard, est une merveilleuse Madeleine rappelant celles du grand Hubinon, le grand format de la BD ne sert pas vraiment le dessin de Le Bras, maigre en décors, mais tout à fait au niveau de la grande série dont il respecte les codes et la légende.
Le scénario de Mariquet et Zumbiehl est donc classique, sans véritable surprise (et curieusement sans trop d’humour), servi par un dessin aux mêmes caractéristiques. Cependant, tout fonctionne bien, à l’image d’une horloge de salon à laquelle on ne prête pas forcément attention, car on sait qu’elle est là, et qu’elle donnera toujours la bonne heure. En parcourant « Le Repaire de l’Aigle », les pages se tournent sans lassitude, on joue le jeu, et la lecture reprend ses droits. Certes, c’est cousu de fil blanc et ne résiste pas à l’analyse, mais le but est atteint, car l’évasion est là, c’est divertissant, la magie de la BD est la plus forte !
Chronique écrite par Mathieu DEPIT
Informations sur l’album
- Scénario : Frédéric Marniquet et Frédéric Zumbiehl
- Dessin : André Le Bras
- Couleurs : Ketty Formaggio
- Éditeur : Dupuis « Zephyr »
- Date de sortie : 19 novembre 2021
- Pagination : 48 en couleurs
- Format : 240 x 320
