Pacific Palace le T17 de Spirou et Fantasio par...

Un nouveau One-Shot d’une classe à part, Pacific Palace est concocté par l’excellent Christian Durieux, où tout n’est qu’espionnage international, scandale journalistique, intrigue géopolitique et élégance art-déco.

Couverture de Pacific Palace — © Pacific Palace – Christian Durieux – Dupuis

Spirou et Fantasio sont tous deux grooms dans un beau palace art-déco que l’on devine près de la frontière suisse, près d’un lac. En effet, Fantasio, après la faillite du journal Le Moustique, fait ce petit job alimentaire le temps de lever LE scoop qui lui assurera son retour dans les médias d’investigation. Lorsque l’hôtel est entièrement privatisé pour un tyran balkanique en disgrâce – avec famille, aréopage et plénipotentiaires – tout le personnel est sur le pied de guerre pour faire bonne figure… sauf Fantasio, flairant le scandale géopolitique qui ne manquera pas de faire le buzz. Mais que ce soit l’ombrageux et énigmatique Monsieur Paul, directeur de l’hôtel, ou Héléna, la ravissante fille francophile du dictateur, les apparents seconds rôles de ce petit drame ne manqueront pas de tisser des intrigues diplomatico-amoureuses auxquelles même de simples garçons d’ascenseurs pourraient se retrouver mêlés.

Page 3 de Pacific Palace — © Pacific Palace – Christian Durieux – Dupuis

Christian Durieux distille un huis-clos feutré qui gagne en intensité au fur et à mesure que les enjeux se dévoilent et que les personnalités révèlent leurs secrets. Son graphisme tout en élégance, aux couleurs soignées et au découpage savamment mesuré, sert admirablement le propos. Durieux appréhende le duo-star des éditions Dupuis de façon somme toute classique : un Spirou au sens du devoir aiguisé, discret et mesuré, honnête et droit, et un Fantasio bondissant et gentiment insolent, impertinent et provocateur quand il s’agit de défendre ses idéaux politiques, prêt à tout pour arriver à ses fins de journaliste. Durieux manipule habilement ces codes bien établis pour plonger ses héros dans un drame où vont s’entremêler espionnage, politique et romance contrariée.

Page 4 de Pacific Palace — © Pacific Palace – Christian Durieux – Dupuis

La série des « Spirou vu par » s’enrichit donc encore d’un album où nos personnages fétiches explorent des genres et des univers qui leur sont inédits. La liberté offerte par le concept-même de cette collection, où l’on peut aisément s’affranchir de la « bible » de la série-mère, donne lieu à des exercices de style audacieux et fascinants dont ce dernier opus est un très bel exemple.