Du voyage, de la spiritualité, des aquarelles à tomber à la renverse… Avec Les Voyages d’Ibn Battûta, Joël Alessandra nous tire par le bras et nous emmène dans une visite contemplative et fascinante des hauts lieux de l’Islam.
Le dessinateur et scénariste globe-trotteur Joël Alessandra pouvait difficilement trouver plus adapté à sa passion : les voyages d’Ibn Battûta, consignés dans des carnets datant du 14ème siècle sous le titre de Rihla, sont un véritable pain béni. En 1325, Ibn Battûta quitte Tanger, sa ville natale, pour une tournée des hauts-lieux de l’Islam, qui s’avèrera durer 25 ans. Il va parcourir 120 000 kilomètres entre terre et mer, et traverser une quarantaine de pays où il sera accueilli avec la déférence qu’impose la foi nécessaire à une entreprise aussi ambitieuse.
Le récit de ce périple, modernisé et « vulgarisé » par l’écrivain Tangérois Lotfi Akalay, se veut lent et contemplatif, tel que l’a vécu Ibn Battûta lui-même, alternant visites monumentales, rencontres éminentes et anecdotes fantastiques qui furent longtemps sujet de bien des discussions quant à leur véracité. Le lecteur est invité à traverser avec lui l’Espagne mauresque, le Maghreb, le Sahara, l’Egypte, l’Arabie, ainsi qu’une large portion de l’Asie, et à être témoin des aventures tantôt diplomatiques, tantôt conjugales de notre pèlerin.
Ce beau pavé au papier épais fait la part belle aux somptueuses aquarelles dont Alessandra s’est fait le spécialiste. L’enjeu étant, pour leur plus grande part, relativement limité à la quête spirituelle et initiatique de Battûta, le lecteur est invité à s’installer confortablement au fond de son canapé et à se laisser happer le plus simplement du monde dans cet orient médiéval admirablement reconstitué. La gageure de condenser 25 années de voyages dans un seul ouvrage, si volumineux soit-il, explique les longues ellipses un tantinet frustrantes où trois ou quatre pays sont traversés en une seule page, nous privant potentiellement de nouvelles visites et rencontres pittoresques.
Publiés dans la prestigieuse collection Aire Libre aux éditions Dupuis, cet album est une occasion de découvrir une personnalité fascinante assez méconnue en occident, tout comme ils permettent à Joël Alessandra de donner une toute autre dimension, plus spirituelle ou mystique, à un genre qu’il affectionne : les carnets de voyage.
