[Archive] La Ville qui ne dort jamais – T1 de Créatures

Nous vous proposons la republication de notre chronique de l’album La Ville qui ne dort jamais, le premier tome de la série Créatures sorti en janvier 2021. Le tome trois est sorti fin août et en vous parlera plus tard sur Les Amis de Spirou.
Couverture de l'album La Ville qui ne dort jamais
Couverture de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
En 1989, le slime rose envahissait la ville de New-York dans le 2ème opus de la saga culte SOS Fantômes. Tout porte à croire qu’une malédiction s’est abattue sur la plus grande ville des Etats-Unis, qui est cette fois enveloppée dans un gigantesque brouillard vert.
Tel est le décor de « La ville qui ne dort jamais », premier tome de la nouvelle série « Créatures » par Betbeder et Djief. Vanille et Minus (un jeune afro-américain albinos) vivent avec leur mère dans un appartement du dernier étage d’un immeuble abandonné. A l’extérieur, tout n’est que chaos et désolation. Dans les rues désertes, les véhicules détruits et les bâtiments en ruines sont les vestiges d’une ancienne civilisation.
Page 3 de l'album La Ville qui ne dort jamais
Page 3 de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
Quand Vanille s’y aventure, c’est pour lutter pour sa survie, en quête de nourriture, indispensable pour que sa famille puisse subsister. Armée d’un fusil à pompes, elle évite soigneusement de rencontrer les adultes désormais réduits à l’état de zombies et contrôlés par d’étranges créatures. Très vite, elle va se retrouver traquée par Chief et La Crado, deux enfants dont l’estomac ne demande qu’à être rempli…
Page 4 de l'album La Ville qui ne dort jamais
Page 4 de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
Le postulat de départ n’est pas sans rappeler le premier album de « Seuls », sorti il y a 15 ans (j’avais à l’époque boudé la série de Gazzotti et Vehlmann). Nous nous retrouvons en effet dans la même configuration : une bande de gamins (Vanille, Minus, Chief, La Crado, La Taupe et Testo) évoluant dans un décor apocalyptique. La couverture donne le ton : on peut y observer le Pont de Brooklyn pris au piège dans la brume verte, et trois créatures hybrides inspirées du Chtulhu de Lovecraft, pourchassant deux enfants armés et cachés derrière des carcasses de voitures. Dès les premières pages, les dessins accrochés au mur de la chambre de Minus nous évoquent le croque-mitaine ou encore le slenderman, personnages récurrents des livres et films de science-fiction.
Page 5 de l'album La Ville qui ne dort jamais
Page 5 de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
Le lecteur est plongé dans un état contemplatif, face à une suite de planches sans aucune légende ni dialogue (le premier n’intervenant qu’au bout de 5 longues planches). On croise alors un premier zombie (« le baveux »), attiré par le sucre, pas très effrayant, plutôt gentillet et qui frôle même le ridicule. Il faut attendre la moitié de l’album pour rencontrer des zombies qui suscitent davantage un sentiment de crainte, mais qui toutefois n’opposent quasiment aucune résistance aux personnages principaux.
Page 6 de l'album La Ville qui ne dort jamais
Page 6 de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
Le rythme s’emballe et nous entraîne dans des scènes d’action à couper le souffle, dignes d’un blockbuster hollywoodien (avec une large palette de plans), qui ne nous lâchera plus jusqu’à la fin de l’épisode.
Page 7 de l'album La Ville qui ne dort jamais
Page 7 de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
Djief réussit la prouesse de créer des scènes graphiques époustouflantes dans une ambiance de fin du Monde magistralement représentée. A contrario, le même soin n’a pas été apporté aux personnages (sauf pour Vanille et la Taupe), qui auraient mérité un travail de finition à la hauteur du reste de l’album.
L’utilisation abusive d’onomatopées en gros caractères teintés de blanc contraste avec (voire gâche) la beauté des illustrations. La mise en couleurs est superbe et retranscrit bien cet univers sombre et angoissant.
Page 9 de l'album La Ville qui ne dort jamais
Page 9 de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
Ainsi cet album pose le cadre, nous plonge rapidement dans l’ambiance et nous offre une présentation des personnages. Il soulève de nombreuses questions : Comment en est-on arrivé à cette situation ? Pourquoi les adultes sont-ils devenus des zombies ? Pourquoi les enfants n’ont-ils pas eu droit au même sort ? Y’a-t-il d’autres enfants ? Pourquoi « Gros taré » (vieil adulte bibliothécaire aux airs de Tortue Géniale mixé avec Doc de Retour vers le Futur), gardien des livres, a-t-il échappé à la malédiction et n’a-t-il pas été transformé en zombie ? Qui est-il réellement ? Qui sont ces créatures qui contrôlent les zombies ? Sont-elles invincibles ? Sont-elles des extra-terrestres ?
© Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis
Au final, les 72 pages se lisent relativement rapidement. Les lecteurs de « Seuls » y verront peut-être une redite, de mon côté j’y ai retrouvé des codes utilisés dans les films « La route » et « Je suis une légende », eux-mêmes adaptés des romans éponymes.
« Créatures » a eu le mérite d’attiser ma curiosité au sujet de Lovecraft dont je vais m’empresser de lire les œuvres… Comment ai-je pu passer si longtemps à côté de cet auteur ?
Et évidemment, j’attends le tome 2 avec impatience pour obtenir des réponses !
Page 10 de l'album La Ville qui ne dort jamais
Page 10 de l’album La Ville qui ne dort jamais © Créatures – Stéphane Betbeder et Djief – Dupuis

Chronique écrite par Aurélien BRISBY

Informations sur l’album

  • Scénario : Stéphane Betbeder
  • Dessin : Djief
  • Couleurs : Djief
  • Éditeur : Dupuis « Tous publics »
  • Date de sortie : 8 janvier 2021
  • Pagination : 72 en couleurs
  • Format : 219 x 290

Vous pouvez discuter de l’album « La Ville qui ne dort jamais » sur notre groupe Facebook des Amis de la bande dessinée.