Réseaux et sentiments – T2 d’Elliot au collège

Après des débuts chaotiques lors de son entrée au collège en compagnie de sa chère Angoisse, Elliot débarque en 5e dans le second tome de ses aventures, intitulé « Réseaux et sentiments ». Son auteur, Théo Grosjean conserve les mêmes ingrédients qui ont composé le succès de sa série : la survie des adolescents en milieu scolaire où la popularité se tisse à grand coup de réseau sociaux et où l’angoisse émerge au moindre faux pas.

Couverture de Réseaux et sentiments
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Il a poussé le jeune Elliot en un an, mais pas tant que ça. Ses camarades de classe, notamment son meilleur pote Hari le toisent d’une bonne tête d’écart à présent. C’est presque désolant, surtout lorsque l’on s’est préparé pour assurer une entrée en 5e la moins humiliante possible, tentant même de dissimuler sa grosse boule d’angoisse orange derrière un nouveau sac à dos stylé moins naze que ce gros cartable carré de l’an dernier. Manque de bol, c’est à la mode, cette fois ! Elliot a une quête, celle d’éviter la dernière place au baromètre de la popularité. Entre le coup de la petite taille et celui du cartable, ça part plutôt mal.

Planche 1 de Réseaux et sentiments
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Réseaux et sentiments

Mais, les désagréments de cette nouvelle rentrée sont vite oubliés : une danse improvisée filmée inopinément par Hari et publiée sur le réseau social Tictoc lui ouvre les portes d’une notoriété plutôt inattendue pour un gamin angoissé. Un nouvelle popularité très utile pour se rapprocher un peu plus d’Églantine, la copine qui traîne également partout son angoisse incarnée par une espèce de limace.

Le titre de ce tome 2 d’Elliot au collège annonce la couleur : les réseaux sociaux sont omniprésents et traités avec une certaine dérision, entre buzz futiles et excès de « like » pour des événements insignifiants… aux yeux des adultes (dont l’auteur de ces lignes). Pourtant, Théo Grosjean fait œuvre d’utilité publique en nous dévoilant quelques facettes de l’utilisation des réseaux sociaux par les adolescents. Il joue notamment habilement avec le titre, modernisant le fameux Raison et sentiments de Jane Austen, à la sauce 2023.

Planche 2 de Réseaux et sentiments
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Tours de force

Théo Grosjean réussi à nouveau plusieurs tours de force. Tout d’abord graphiquement. Physiquement, Elliot qui, s’il reste le plus petit de sa classe, perd néanmoins la petite bouille enfantine et naïve qu’il traînait lors ses premières aventures. Petit à petit, il se transforme en adolescent presque affirmé lorsque sa boule d’angoisse le laisse peinard. Tout au long des pages, il parvient même à la confiner jusqu’à ce qu’elle revienne en force dans la planche précédent l’épilogue. Ah, la complexité des amours adolescentes !

D’ailleurs, à l’instar du premier volume, l’album s’achève sur une histoire longue évoquant les vacances d’Elliot. À nouveau ces planches finales sont teintées d’une dose de sensibilité parfaite au cours desquelles Théo Grosjean maîtrise, avec subtilité, les angoisses de ses personnages incarnés par des monstres toujours plus délirants, parfois effrayants, et évocateurs, tout en mêlant habilement une belle poésie à un humour propre aux séries à gags. Une réussite !

Planche 3 de Réseaux et sentiments
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Les couvertures des deux albums d’Elliot au collège invitent les lectrices et les lecteurs à un petit jeu, entre similitudes et différences. Celle du premier album envoyait déjà Elliot sous le feu des projecteurs, celui qui le fait remarquer, qui l’expose à Bastien la terreur du collège. La couverture du tome 2 s’inscrit dans cette même logique avec, en plus, la puissance des réseaux sociaux en toile de fond. Dans les deux cas, on y retrouve le jeune adolescent rougissant, des gouttes de sueur sur la joue, l’Angoisse accrochée aux baskets !

Pour conclure, évoquons également le lettrage particulier d’Elliot au collège avec des caractères liés plutôt inhabituels mais qui participent pleinement à la cohésion d’une série qui se déroule dans un établissement scolaire et qui évoquent toute cette période où les élèves travaillent leur écriture sur ces cahiers lignés. En interview, Théo Grosjean nous déclarait souligner ainsi le caractère fragile de l’adolescence.

Planche 4 du tome 2 d'Elliot au collège
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Sous des dehors naïfs, Elliot au collège est pourtant une série tout public profonde à mettre entre toutes les mains, celles des jeunes et des moins jeunes. En 4e, Elliot basculera du côté des grands de son collège. Malgré son ambition de vouloir être stylé et apprécié de tous, formulons le voeu qu’il conserve cette forme d’atypisme qui le rend profondément si attachant.

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album Réseaux et sentiments

  • Scénario : Théo Grosjean
  • Dessin : Théo Grosjean
  • Couleurs : Théo Grosjean
  • Éditeur : Dupuis « Tous publics »
  • Date de sortie : 1er septembre 2023
  • Pagination : 64 en couleurs

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