Le Temps des pionniers – T1 des Ailes du Temps

La bande dessinée, le plus souvent, apporte l’évasion. Pour cela, elle met en images des histoires qui permettent de divertir, de rêver, de voyager, bref, de vivre une formidable aventure à travers les pages. C’est le cas avec le premier tome des « Ailes du temps » qui utilise et marie avec bonheur des thèmes classiques de BD traditionnelles, comme l’aviation, le souffle épique des voyages dans le temps et des héros confrontés à une situation exceptionnelle.

Couverture du T1 des Ailes du Temps
© Les Ailes du Temps – Patrice Buendia, Olivier Jolivet et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

Et exceptionnelle, on peut dire qu’elle l’est, pour Duncan « Dunk », pilote casse-cou américain et Lucie « la comtesse », scientifique française un peu rigide. Ces deux personnages à la personnalité affirmée vont devoir cohabiter sur une mission qui leur est confiée par un commanditaire privé, la société Blek. Celle-ci a en effet loué un F-18 à l’armée pour accomplir un exploit inédit : réaliser un vol MHD habité, à savoir, transformer un avion de chasse en missile. L’entreprise est évidemment délicate, non seulement sur le plan technique – les travaux de Lucie ne semblent pas atteindre les objectifs – mais aussi sur le plan humain, Dunk et Lucie n’étant pas les meilleurs amis du monde, et le P-DG de Blek semblant avoir des desseins cachés, ce qui ne plait pas au mathématicien Nizzar, chef de projet et collaborateur de Lucie. Mais les choses changent de tournure lorsqu’à l’occasion d’un nouveau test sur le F-18, la française et Dunk sont pris dans une sorte d’orage magnétique qui les entraine tout droit… dans la Somme, en 1917 ! En pleine première guerre mondiale, Lucie et son acolyte vont devoir survivre dans un univers complètement différent du leur, et surtout comprendre pourquoi ils sont là et comment revenir au 21ème siècle.

Page 3 du T1 des Ailes du Temps
© Les Ailes du Temps – Patrice Buendia, Olivier Jolivet et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

Des vertus du classicisme

Les recettes les plus simples et les moins alambiquées sont souvent les meilleures et les plus appréciées. Ce premier opus d’une nouvelle série d’aviation le prouve. L’histoire associe en effet nombre de thèmes ou de problématiques des BD traditionnelles, comme l’association contre leur gré de deux fortes têtes, une mission quasi-suicide lancée par un commanditaire qui joue double-jeu, une action omniprésente et les héros transportés dans un univers et une situation hostiles, voire improbables. Les scénaristes Zumbiehl et Buendia réussissent le tour de force d’imbriquer ces éléments ultra-classiques les uns dans les autres d’une façon fluide et limpide pour éviter l’impression de « déjà vu » ou de clichés et poser les fondements d’une BD d’aventure rythmée et ultra lisible. Avec une intrigue reprenant l’idée de « Nimitz, retour vers l’enfer », les auteurs utilisent la science-fiction comme élément principal d’une histoire traditionnelle dans laquelle le lecteur peut, dès le début s’identifier, tant il est en terrain conquis. Il sera cependant diverti, surpris et ne lâchera pas l’album, tant le sort des héros, à travers un développement de l’histoire énigmatique, retient l’attention. Il lui faudra passer outre le titre un peu passe-partout de cette BD qui ne la résume pas vraiment…

Page 4 du T1 des Ailes du Temps
© Les Ailes du Temps – Patrice Buendia, Olivier Jolivet et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

Quand l’image accompagne l’histoire

Si le scénario du « Temps des pionniers » permet au lecteur de vivre une belle aventure dans un univers rassurant, il est très bien accompagné par un dessin qui présente les mêmes vertus. Jolivet, par son dessin aéré, clair, et sans fioritures, accompagne l’histoire et la sert d’une façon agréable, permettant une belle lisibilité et une lecture efficace. Le dessinateur de « Team Rafale » est, comme à son habitude, à l’aise dans la représentation des éléments aéronautiques modernes, mais également ceux de 1917. L’ensemble est vivant, dynamique et suffisamment entrainant pour que le lecteur suive les cases avec intérêt. Cette bonne impression de facilité à suivre la BD est également due aux couleurs vives, prononcées et vivifiantes de Caniaux. On pourra juste regretter que la couverture, en plus de représenter un résumé assez approximatif de l’album, soit si sombre, quand l’album, dans sa globalité, rend une impression lumineuse.

Page 5 du T1 des Ailes du Temps
© Les Ailes du Temps – Patrice Buendia, Olivier Jolivet et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

Avec ce premier opus des « Ailes du temps », les auteurs nous proposent une aventure fantastique classique, mais déroulée d’une façon suffisamment intelligente et bien faite pour avoir un excellent moment de lecture. « Le temps des pionniers » devrait donc ravir les amateurs de BD d’aventure traditionnelle autant que ceux préférant une certaine modernité. Vivement la suite !

Page 6 de l'album Le Temps des pionniers
© Les Ailes du Temps – Patrice Buendia, Olivier Jolivet et Frédéric Zumbiehl – Dupuis

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album

  • Scénario : Patrice Buendia et Frédéric Zumbiehl
  • Dessin : Olivier Jolivet
  • Couleurs : Nicolas Caniaux
  • Éditeur : Dupuis « Zephyr »
  • Date de sortie : 19 janvier 2024
  • Pagination : 46 en couleurs

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Page 7 de l'album
© Les Ailes du Temps – Patrice Buendia, Olivier Jolivet et Frédéric Zumbiehl – Dupuis