T1 du Royaume sans nom

Dans cette nouvelle saga en trois volumes, Hérik Hanna, nous plonge tête la première au cœur d’un royaume aussi complexe que fascinant. Série d’aventure où règnent souveraineté, passion, complot et trahison, la victoire n’est certaine pour personne. Mais où nous mènera la quête du pouvoir ?

Couverture du Royaume sans nom
© Le Royaume sans nom – Herik Hanna et Redec – Glénat

Au royaume des animaux, le lion est roi.

Aux commandes de la trilogie du Royaume sans nom, le duo du scénariste Hérik Hanna et du dessinateur Rédec se reforme. Après une première trilogie conjointe (Blind Dog Rhapsody), Hérik Hanna nous offre un nouveau scénario de haute voltige, affirmant dans ce premier volet une trilogie aussi complexe que haletante. L’illustration quant à elle, ne fait qu’amplifier chaque partie du récit, avec son style rond et précis, il souligne avec finesse que le diable est dans les détails. Sur la partie visuelle de l’œuvre, Lou les rejoint à la couleur et sublime le tout.

Pour ce premier volume du Royaume sans nom, l’intrigue débute au cœur du royaume lion. L’âge avancé du roi semble naturellement désigner l’imminente succession du prince au trône.  Mais au cœur de cette logique implacable, l’histoire familiale et la cruauté des préceptes de la cour, semblent ébranler les certitudes du jeune prince.

Au port du royaume, un cortège diplomatique fait quant à lui son arrivée. De l’autre bout du monde, un ambassadeur et sa garde rapprochée, viennent à la rencontre du roi pour sceller de nouvelles alliances. Dans le tumulte des échanges et malgré leurs différences, les royaumes sont prêts pour de nouvelles « amitiés ». C’est au travers de ces deux points de départ que notre aventure débute, pour le meilleur et pour le pire.

Planche 5 du Royaume sans nom
© Le Royaume sans nom – Herik Hanna et Redec – Glénat

Un récit anthropomorphe bien ficelé.

Dans le Royaume sans nom, l’anthropomorphisme guide l’intrigue. En premier lieu, il permet une lecture rapide des différents royaumes et des personnages qui les composent. Dans la logique du nom de l’œuvre, si le royaume n’a pas de nom, ses personnages n’en n’ont pas plus. Chacun est alors désigné par son rôle (titre, métier, etc.).

Le royaume lion rassemble tout animal provenant nativement d’Afrique. On y retrouve ainsi au sommet du monde le roi lion, un zèbre à la trésorerie et des gazelles pour servantes. A l’opposé, nous retrouvons l’ambassadeur cochon et sa garde qui répondent au même critère, rassemblant quant à eux les animaux d’Europe. On y retrouve entre autre, l’ambassadeur porcin, la louve commandante la garde ou renard capitaine de flotte. Une distinction claire qui permet de comprendre rapidement les alliances et enjeux malgré la grande diversité de personnages.

Planche 6 du Royaume sans nom
© Le Royaume sans nom – Herik Hanna et Redec – Glénat

Dans un second temps, il renvoie directement aux différences politiques et sociales qui divisent les royaumes. Le royaume lion, emprunt de traditions ancrées, est une royauté « de droits divin » où chacun a une place prédéfinie (on retrouve d’ailleurs la même recette pour les royaumes alentours). La lignée des rois ne peut sortir du clan des lions, de plus, la distinction entre herbivores et carnivores semblent claires pour chacun. Le régime se base ici sur le principe même de la chaîne alimentaire et la loi du plus fort.

À l’opposé, nous retrouvons l’ambassadeur cochon et sa garde qui répondent au même critère, rassemblant quant à eux les animaux d’Europe. On y retrouve entre autre, l’ambassadeur porcin,  servi quant à lui par une horde de carnivores, paraissent s’être métamorphosés en une démocratie où chacun peut changer de place. Mais la démocratie a parfois des chaînes bien moins visibles qu’on ne le croit. En cela, la place qu’on occupe n’assure pas forcément les pouvoirs qu’on nous prête.

Planche 23 du Royaume sans nom
© Le Royaume sans nom – Herik Hanna et Redec – Glénat

Par de subtils procédés, les dessins de Redec exacerbent cette dualité homme/bête. Chaque réaction d’un personnage se voit affublée des caractéristiques humaines et animales. Pour exemple, si les canidés ressentent la peur cette dernière se lit sur leur visage comme on la représente pour l’être l’humain, en parallèlle les caractéristiques propres aux animaux se constatent également, comme les oreilles plaquées sur le crâne en signe de crainte. L’illustration impacte directement la narration, ainsi visuel et récit se répondent tout au long du première tome.

Planche 51 du Royaume sans nom
© Le Royaume sans nom – Herik Hanna et Redec – Glénat

 

De l’aube à la nuit.

Dès le début de l’histoire, l’illustration de Redec et la couleur réalisée par Lou créent le rythme. Si elle débute à l’aube et se termine à la nuit tombée, l’histoire alterne entre lumière et ombre aux besoins du récit. Le royaume lion, enveloppé de couleurs chaudes rappelant les grandes plaines d’Afrique, semble chaleureux et empreint de quiétude. La lumière a une place essentielle, elle guide le lecteur dans sa découverte des nombreux échanges entre les personnages. Le jour, la lumière semble protocolaire, les conversation et échanges sont formels, les règles et mœurs du royaume se diffusent à travers chaque rayon lumineux. Mais comme le rappelle le roi Mufasa chez Disney, si tout ce qui est dans la lumière appartient à la terre des lions, le royaume s’arrête là où l’ombre commence. Par ce biais l’ombre et les lieux clos forment les repères idéaux de tous les plans machiavéliques. Les visages s’assombrissent ou se cachent, et ruse et manipulation deviennent les maîtres-mots.

Double planche de l'acte 1.
© Le Royaume sans nom – Herik Hanna et Redec – Glénat

À la croisée des mondes entre Games Of Thrones et Beastars (paru chez Ki-oon), ce premier tome nous lance dans une folle course au pouvoir où tous les destins s’entrechoquent. Avec une écriture percutante, une illustration et colorisation splendides, il est certain que cette épopée vient de prendre un superbe départ.

Chronique du Royaume sans nom écrite par Lola LAURENT

Informations sur le premier tome du Royaume sans nom

  • Scénario : Herik Hanna
  • Dessin : Redec
  • Couleurs : Lou
  • Éditeur : Glénat
  • Date de sortie : 13 septembre 2023
  • Pagination : 64 en couleurs

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