Le Massacre de Tanque Verde – T1 de Six

Le 26 avril prochain paraîtra le second tome de la tétralogie SIX. Donc, pour ceux qui seraient passés à coté du 1er volume Le Massacre de Tanque Verde, il est grand temps de combler ce retard car cette série pourrait devenir un classique du Western en bandes dessinées.

Couverture de l'album Le Massacre de Tanque Verde
© Six – Casado et Philippe Pelaez – Dargaud

Un scénario très structuré

Pour Philippe Peleaz, scénariste très prolifique de ces dernières années (Enfer pour l’Aube, l’Hiver à l’Opéra, …), le Western se présente trop souvent comme une image romantique et hollywoodienne qui ne fait que satisfaire l’illusion du mythe. Lui y voit plutôt une période rude et ultra violente.

Page 3 de l'album Le Massacre de Tanque Verde
© Six – Casado et Philippe Pelaez – Dargaud

Cette vision justifie la mise en scène de la couverture et des premières pages qui nous imposent brutalement des images violentes comme une pendaison, une femme dénudée et assassinée gisante sur le sol, ou encore le cadavre d’un cheval abattu. Ensuite, nous percevons, au fur et à mesure de la lecture, la grande connaissance du sujet par l’auteur car il n’oublie aucun des grands thèmes du genre tels que la survie, la vengeance, l’aventure, la soif de l’or, ou bien la conquête de l’Ouest. Cette maîtrise est renforcée par l’intégration de tous les codes du Western jusque dans les moindre détails avec la ville et son saloon, l’attaque de diligence, les grands espaces, les tuniques bleues, les indiens, … Tout y est même le fameux bourbon du Kentucky, bon marché au goût marqué qui saoule vite et qui est prisé des cowboys. Enfin, comme dans un roman à tiroirs, 6 personnages principaux (un enfant borgne, un déserteur, une nonne, une fille de saloon, un esclave en fuite et un indien paria) apparaissent entourés de personnages secondaires qui occupent une vraie place dans le récit. L’histoire personnelle de chaque protagoniste s’intercale progressivement dans l’aventure principale sous la narration d’un mystérieux inconnu à un journaliste et dont les motivations sont dissimulées. Tous nos héros, qui n’ont en commun que leurs différences, la fuite d’un passé violent ou d’un ennemi, finissent par leur destinée, à se retrouver réunis dans un objectif commun qui se dessine dans les toutes dernières pages de l’album grâce à d’ultimes révélations. Nous nous posons alors mille questions sur ce qui va leur advenir. Vont-ils se faire rattraper par leur passé ? Comment ce sextet va cohabiter ? Qui est ce mystérieux narrateur ? Où cette nouvelle aventure va t’elle les mener ? … Une chose est certaine, cette histoire nous plonge dans une épopée digne des plus grands WESTERNS  avec des héros qui sont habituellement cantonnés à des rôles de second plan !!!

Page 4 de l'album Le Massacre de Tanque Verde
© Six – Casado et Philippe Pelaez – Dargaud

Un dessin en accord avec le scénario

Dans la première case le dessinateur nous offre un plan qui nous place en retrait de 3 cavaliers qui aperçoivent en contre-plongée une ferme incendiée vers laquelle ils se dirigent. Nous comprenons alors immédiatement que le dessin de Javier Sanchez Casado va nous immerger dans une fresque graphique du Far West des années 1850 non sans un certain hommage au cinéma de John Ford. Sur les pages suivantes, il ne censure rien et dessine brutalement le pendu et les cadavres, mettant ainsi en image la pensée du scénariste sur la violence du Western. Violence crue qu’il illustrera sans retenue tout au long de l’album de la première fusillade à l’attaque des coyotes. Nous pouvons aussi noter les reconstitutions d’ambiances très réalistes comme celle du saloon crasseux en opposition au distingué salon de thé et parfois des décors imprécis comme les arrière-plans de la ville ou du Grand Canyon, mais cela sert à chaque fois l’importance donnée aux personnages ou aux animaux toujours en mouvement. Cette mise en action omniprésente est renforcée avec un découpage très dynamique qui alterne tout au long de l’album les cases longues, qui nous amènent un peu de calme tout en rappelant les plans cinéma, et les cases courtes, étroites et verticales pour les nombreuses scènes d’action et de tension ou aussi les cases sans bordures qui servent à faire déborder l’action hors du cadre ou suspendre le temps un moment.

Page 5 de l'album Le Massacre de Tanque Verde
© Six – Casado et Philippe Pelaez – Dargaud

Le Western n’existe pas ?

Si dans cet album et son dossier explicatif de fin très intéressant, Pélaez tente de nous convaincre que le Western tel qu’il nous est montré communément et que l’on aime n’existe pas, la version qu’il nous en donne est loin de nous décevoir. Il ne manque rien des thèmes et codes du Western et nous prouve qu’il est spécialiste en la matière. Le choix de changer les seconds rôles habituels en personnages de premiers rangs version «Magnificent Seven » (les 7 mercenaires), même s’ils ne sont que six, va sans aucun doute nous apporter encore quelques bonnes surprises. La grande variation des plans et des découpages avec un dessin très réaliste et dynamique complètent parfaitement le scénario et l’intention de l’auteur avec lequel Casado collabore pour la seconde fois. Le Massacre de Tanque Verde nous laisse indubitablement sur notre faim avec beaucoup de questions restées sans réponses et fait que nous attendons avec impatience le second tome de SIX car du Western comme celui-là nous en redemandons.

Page 6 de l'album Le Massacre de Tanque Verde
© Six – Casado et Philippe Pelaez – Dargaud

Chronique écrite par Xavier G.

Informations sur l’album

  • Scénario : Philippe Pelaez
  • Dessin : Casado
  • Couleurs : Casado
  • Éditeur : Dargaud
  • Date de sortie : 5 mai 2023
  • Pagination : 54 en couleurs

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