Le Livre d’Ayla
Au Moyen-Âge, toute femme soupçonnée d’être de mèche avec le Malin pouvait à tout moment être dénoncée, puis brûlée vive. Dans Le Livre d’Ayla, les autrices Violette Grabski, au dessin, et Séverine de la Croix, au scénario, nous content le destin d’Ayla, une jeune fille accusée de sorcellerie qui, pour échapper à ses tourmenteurs, est contrainte de s’exiler dans un monde imaginaire.
Les mythologies, qu’elles soient, par exemple grecques ou nordiques, associent les dieux à la création de la terre et des hommes. Dans le Livre d’Ayla, les humains et animaux sont envoyés habiter sur la terre, sous la protection de tribus d’êtres magiques, où chacune d’elles a la responsabilité d’une forme de vie. Autrefois, le lien étroit existant entre les créatures surnaturelles et les humains était préservé par des femmes aux pouvoirs particuliers. Hélas, au fil du temps, les hommes oublièrent l’existence des fées, elfes ou autres korrigans, et commencèrent à brûler ces femmes aux pouvoirs surnaturels, qu’ils appelèrent sorcières. Sahannah, l’une d’entre elles, accouche d’une petite fille qu’elle prénomme Ayla. Or, le bébé naît accompagné de son totem, un cheval. Celui-ci est aperçu par une dame qui dénonce la mère. La jeune fille est alors accueillie dans une nouvelle famille, où elle apprend à soigner avec les plantes. Plusieurs années s’écoulent et de nouvelles accusations tombent, elle quitte donc précipitamment sa famille adoptive avec pour objectif de rejoindre son peuple d’origine, celui des Mogaïs, une des cinq espèces de créatures magiques qui peuplent cet univers.
Des êtres magiques étrangement familiers
La douceur des traits de Violette Grabski, rehaussés de couleurs pastel, renforce le côté poétique de l’histoire. La dessinatrice gratifie les lecteurs de magnifiques décors qui valorisent le cadre naturel où se déroule le récit. Ainsi, la faune, la flore et les êtres imaginaires, inspirés d’animaux connus, donnent l’impression d’être vivants, tout comme le vent qui semble réellement jouer avec les branches des arbres. Les premières pages sont illustrées tel un livre de contes. Le regard s’égare dans les détails en contemplant chaque double-page qui dépeint un paysage fourmillant de vie ou dévoile le portrait des créatures fantastiques. Au fil de l’aventure, le lecteur attentif découvre les très belles aquarelles qui subliment les textures des éléments naturels tels que la mousse, l’écorce ou l’agréable présence d’un cours d’eau.
Un récit enchanteur
Au scénario, Séverine de la Croix a construit un monde imaginaire original qui allie mythologie et contes de fées. Le choix judicieux de nous présenter les premières pages comme une fable nous permet de nous immerger doucement dans l’histoire où chaque fait et geste est décrit étape par étape, avec force détails afin de nous présenter les différents aspects de cet univers, ou au contraire, avec un voile de mystère afin que le lecteur découvre, au même rythme que celui des protagonistes, les non-dits de ce monde imaginaire. L’aspect singulier des dialogues où chaque personnage utilise une façon bien à lui de s’exprimer, avec son vocabulaire et ses tournures de phrases, étoffe les interactions entre les peuples de la forêt.
Aller à la rencontre de ces personnages haut en couleur est un plaisir, et petits et grands pourront découvrir avec bonheur ce monde poétique, au côté d’Ayla, qui tente de rejoindre le monde magique des Korrigans, Elfes et Fées. Il n’y a plus qu’à attendre la suite afin de continuer à explorer cet univers féerique.
Chronique écrite par Séréna MORCIANO
Informations sur l’album
- Scénario : Séverine de la Croix
- Dessin : Violette Grabski
- Couleurs : Violette Grabski
- Éditeur : Delcourt « Jeunesse »
- Date de sortie : 6 mars 2024
- Pagination : 128 en couleurs
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