La Case crève l’écran – 1er épisode – La Flûte à six Schtroumpfs
Que vous les aimiez ou non, tout le monde connaît les Schtroumpfs, une création du dessinateur Peyo (Pierre Culliford, 1928-1992). Les Schtroumpfs ont été publiés pour la première fois dans le journal Spirou. Les petits hommes bleus apparaissent tout d’abord dans une histoire de Johan et Pirlouit. Le récit qui nous intéresse aujourd’hui a tout d’abord été publié dans le journal en 1958 avec le titre La Flûte à six trous. À l’occasion de la sortie en album, l’histoire change de nom et devient La Flûte à six Schtroumpfs.
Résumé de l’histoire :
Pirlouit trouve une flûte qui a le pouvoir de faire danser jusqu’à la léthargie celui qui en écoute sa mélodie, mais Torchesac vole la flûte. Pour la récupérer, Johan et Pirlouit sollicitent l’aide d’Homnibus, l’enchanteur, et des Schtroumpfs, qui sont les seuls à connaître le secret de cette flûte magique.
Quand Dupuis fonde le studio d’animation TVA Dupuis en 1959, avec Eddy Ryssack, Peyo avait déjà un certaine expérience dans la production de dessins animés. En effet, il avait travaillé au sein du studio de dessin animé C.B.A., à Bruxelles. Il y a rencontré notamment André Franquin, Morris et Eddy Paape. Les premiers dessins animés en noir et blanc réalisés pour la télévision par TVA Dupuis concernaient déjà les Schtroumpfs. Ces petites histoires connaissaient déjà un certain succès.
De la rencontre entre Peyo et José Dutillieu, directeur de production chez Belvision, est née l’idée de réaliser un dessin animé ensemble. Mais il y avait un problème : le studio Belvision, fondé en 1954 par Raymond Leblanc, était le concurrent direct de Dupuis. Toutefois, un accord a été trouvé entre les différentes parties, ce qui a permis de produire un dessin animé à destination du grand écran. Dupuis et Belvision deviennent coproducteurs et l’histoire choisie est La Flûte à six Schtroumpfs.
Dans la répartition des tâches, José Dutillieu est en charge de la production et de l’adaptation, tandis que Peyo et Yvan Delporte – que les lecteurs de Spirou connaissent comme coscénariste des Schtroumpfs et fameux rédacteur-en-chef du journal – s’occuperaient du scénario et des chansons. La musique a été confiée au compositeur Michel Legrand.
Après l’enregistrement des voix, Peyo s’est attaqué tout seul au story-board du projet. Le boulot est immense ! Plus de 1200 croquis détaillent la mise en scène du film. Ce document est une aide précieuse pour les animateurs. D’ailleurs, Peyo supervisait de très près leur travail, ce qui se voit dans le résultat final du dessin animé.
Chez les animateurs, on repère déjà quelques noms connus : par exemple Nic Broca, le dessinateur de plusieurs aventures de Spirou et Fantasio, en compagnie de Raoul Cauvin. On retrouve également Börge Ring, qui anima, entre autres, les aventures d’Astérix, mais qui avait également réalisé ses propres dessins animés. Il gagna notamment un Oscar avec « Anna & Bella » (1984).
Le scénario de La Flûte à six Schtroumpfs est globalement fidèle à la bande dessinée, à l’exception de quelques scènes telles que le tournoi au début du film ou de la fête au cours de laquelle Pirlouit rencontre Torchesac. Les décors représentant le pays des Schtroumpfs sont plus jolis que dans la BD. Puis, il y a les gags et les chansons, particulièrement celle où les Schtroumpfs expliquent qu’ils se ressemblent, mais qu’ils ont tous une personnalité différente.
La flûte à six Schtroumpfs sort au cinéma à Noël 1975. D’abord en Belgique, puis en France et aux Pays-Bas. Côté publicité, plusieurs ouvrages publiés sont basés sur le film : l’album du film, avec une couverture dessinée par André Franquin « himself » (cette image est également utilisée pour illustrer le disque réalisé par Michel Legrand), ainsi que de petits livres à destination de la jeunesse.
Plus tard, dans les années 1980, le fameux studio Américain Hanna & Barbera réalisera la série de dessins animés Les Schtroumpfs pour la télévision (1981-1989). Peyo voyageait souvent aux États Unis pour en superviser la réalisation. Pas sûr que Peyo fut toujours content du résultat proposé, mais ces dessins animés ont permis aux Schtroumpfs de devenir célèbres tout autour du globe !
Personnellement, je préfère l’animation du film La Flûte à six Schtroumpfs au regard de la série réalisée par Hanna & Barbera. Dans le premier, les dessins et l’animation sont purs et authentiques. Dans la version américaine, l’animation semble réalisée à la va-vite. Pourtant, cette série a connu un succès mondial énorme.
Plus tard, après le décès de Peyo, la popularité des Schtroumpfs augmentera, notamment grâce aux films et aux dessins animés qui ont continué à être produits.
Personne n’arrête les Schtroumpfs !
Article écrit par Michel Den Hamer
