La Cible, le T12 de Michel Vaillant (Nouvelle saison)

L’édition du centenaire des 24 heures du Mans a consacré une véritable légende de la piste : Ferrari. Cependant, on ne peut dissocier la classique sarthoise d’un autre monument du sport automobile, le mythique Michel Vaillant. Le pilote le plus célèbre du 9ème art ne pouvait en effet manquer cet anniversaire. Cette course est le cadre de « La cible », le T12 de Michel Vaillant (Nouvelle saison), la « saison 2 » de la série.

Couverture du T12 de Michel Vaillant (Nouvelle saison) © Michel Vaillant – Benjamin Benéteau, Marc Bourgne et Denis Lapière – Graton

Nous avions quitté un Michel Vaillant en bien mauvaise posture, à la fin du tome précédent. Arrêté par la police américaine après le « Canonball », il croupissait en prison alors qu’il était, bien entendu, innocent et victime d’une machination. Il est libéré dès le début de « La cible », à temps pour participer à l’édition du centenaire des 24 heures avec son binôme de toujours, l’ami Steve Warson. Celui-ci a en effet décidé de redevenir pilote à 100% et d’abandonner la politique qu’il estime ne pas répondre à ses attentes. Si l’américain se sent libéré d’un poids en reprenant le volant, il ne sait pas que des ennemis acharnés alliés à une ancienne connaissance ont débarqué en France pour tenter de l’exécuter. Dès lors, Steve Warson est « la cible »…

Page 3 du T12 de Michel Vaillant — © Michel Vaillant – Benjamin Benéteau, Marc Bourgne et Denis Lapière – Graton

Michel Vaillant est donc de retour au Mans, qui plus est affublé du fameux numéro 13 ! En reprenant la piste de ses premières amours, il entraîne en même temps le lecteur fan de ses aventures vers des souvenirs forts, parfois lointains mais très souvent heureux, tant le pilote pulvérise le record de victoires dans cette course d’endurance. Si « La cible » a ainsi les bases classiques d’un tome de la collection, l’histoire qui y est narrée semble se fonder, comme les 24 heures du Mans, sur de l’attente et de la patience. Tout au long des 52 planches de ce nouveau tome dont on connaît l’épilogue quasiment depuis le début, on avance dans la lecture certes sans ennui, mais sans véritable passion non plus pour un scénario finalement assez peu fourni. Aussi, Michel Vaillant lui-même semble ne pas vouloir s’y impliquer et joue le second rôle dans cette histoire où il subit l’intrigue.

Page 4 du T12 de Michel Vaillant — © Michel Vaillant – Benjamin Benéteau, Marc Bourgne et Denis Lapière – Graton

Si on considère seulement « La cible » en album unitaire, on peut légitimement penser qu’il souffre de la comparaison avec d’autres opus d’une série entrée dans la légende de la BD. Mais si on prend ce nouveau tome comme épisode d’une « saison » de série actuelle, on peut alors y voir quelques intérêts. En effet, si on oublie certains dialogues pouvant parfois se révéler étonnants par leur naïveté ou leur politiquement correct, notamment lorsque Steve parle de politique américaine, le scénariste Lapière distille ici et là des éléments encore flous mais qui attirent tout de même l’attention. Au-delà de l’intrigue principale, plusieurs questions se posent, notamment sur l’état de santé de Françoise, la femme de Michel, et surtout sur le passé de Steve Warson, une cible qui n’est pas choisie au hasard…

Page 5 du T12 de Michel Vaillant — © Michel Vaillant – Benjamin Benéteau, Marc Bourgne et Denis Lapière – Graton

Le dessin de Bourgne et Benéteau est quant à lui comme toujours très réussi. Comme depuis le début de la « saison 2 » de la série, une certaine modernisation de l’ensemble en respect du travail du grand Jean Graton donne l’impression d’un « changement dans la continuité » de bon aloi. Si, comme depuis le début de la reprise, on peut s’interroger sur le nez bizarrement crochu de Steve, on reste sous le charme des autres personnages, notamment de Françoise, plus « Sophie Marceau » que jamais. Les décors et voitures sont très bien exécutés ; une mention spéciale va à la couverture, ultra lisible. Le beau dessin de l’album est par ailleurs remarquablement servi par les jolies couleurs de Tatti.

Page 6 du T12 de Michel Vaillant — © Michel Vaillant – Benjamin Benéteau, Marc Bourgne et Denis Lapière – Graton

« La cible » est donc un album assez banal de Michel Vaillant qui a connu, dans sa longue carrière, des aventures beaucoup plus palpitantes, fournies et divertissantes. Cet opus s’inscrit dans le principe d’une série comme un épisode de transition où on « tease » afin de promouvoir un prochain épisode où l’on en saura plus. On reste donc clairement sur notre faim en attendant la suite en sachant bien que, bon album ou pas, on ne peut qu’être sous le charme de Michel Vaillant !