Secret six – T4 de Black Squaw

Bessie Coleman, est de retour pour avec ce T4 de Black Squaw. Entre les frères Capone et le KKK, la première femme afro-américaine pilote d’avion  a fort à faire pour s’extraire du drôle de pétrin dans lequel elle s’est fourrée. Aux manettes, Henriet et Yann concluent là une série véritablement enthousiasmante.

Couverture du T4 de Black Squaw
© Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Dans le précédent épisode, nous avions laissé Bessie Coleman dans une situation délicate. La jeune pilote étant à la fois victime d’un chantage de la part du frère d’Al Capone, le redoutable Ralph, et menacée par les membres du Ku Klux Klan dont elle explosait un avion dans le premier album de cette quadrilogie.

À l’instar des opus 2 et 3, Secret six démarre par un nouveau flash-back qui explore le passé de notre héroïne. Après s’être intéressé à ses débuts de pilote (d’abord ce qui la motiva à vouloir exercer cette profession, puis son apprentissage), les auteurs remontent un cran plus loin dans la jeunesse de Bessie Coleman. On la découvre jeune fille au sein de la tribu Cherokee de son père. Les traditions indiennes sont rudes. Ce dernier est obligé d’exécuter son meilleur ami qui avait été condamné à mort par la tribu. C’est d’ailleurs le condamné qui a le privilège de choisir son bourreau. C’est à la fin de ces souvenirs douloureux que l’on retrouve Bessie en pleine action. Elle pilote un avion rempli de caisses d’alcool de contrebande pour le compte des frères Capone. Le vol n’est pas de tout repos, deux aéronefs la prennent en chasse.

Page 3 du T4 de Black Squaw
© Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Entre fiction et réalité

Au scénario, Yann conclut magnifiquement une série bien emmenée qui oscille entre éléments de fiction et de larges pans de la biographie de la vraie Bessie Coleman. Tout au long de l’album, et plus largement lors des 4 volets de la série, les lecteurs et lectrices se délectent d’un véritable récit d’aventure dans lequel une belle héroïne métissée fait face aux pires salauds de l’Amérique de ce premier quart du XXe siècle. Les frères Capone d’une part, pour lesquels la jeune femme (celle de fiction) travaille et le tristement célèbre Ku Klux Klan, groupe suprémaciste blanc.

Page 4 du T4 de Black Squaw
© Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

On l’a relevé, une large part de l’histoire est fictionnelle. Toutefois, et avec habileté, Yann insère  quelques moments véridiques de l’histoire de Bessie pour agrémenter son récit. Les plus curieux liront des textes relatant la vie de la jeune femme. Ils constateront qu’effectivement elle était métisse indienne-africaine, qu’elle a effectué son apprentissage au Crotoy, en France (relaté dans le tome 3, Le Crotoy) et qu’elle fit des démonstrations lors de meetings aériens. Globalement, ici s’arrête la comparaison. Sa biographie ne mentionne pas les frères Capone, ni d’éventuels démêlés avec l’organisation terroriste du KKK bien que Bessie Coleman ait vécu à un moment où l’Amérique était profondément ségrégationniste.

Page 5 du T4 de Black Squaw
© Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

 

Film d’aventure

La couverture de ce nouvel album donne le ton. Un avion en feu et des membres du Ku Klux Klan en arrière-plan puis, au premier-plan, une Bessie Coleman à  peine égratignée qui s’éloigne de la scène : une véritable affiche de film d’aventure ! Ce ne sont là que les prémices d’un récit  au rythme  haletant dans lequel Alain Henriet excelle. Les scènes aériennes (et finalement toutes les autres aussi) sont représentées sous des angles différents : plan d’ensemble, gros plans, vue en plongée, etc. On sent que le dessinateur prend plaisir à représenter des avions sous toutes leurs coutures. Saupoudrez l’ensemble de ces séquences d’une mise en page aérée et c’est définitivement un véritable spectacle de cinéma qui défile sous vos yeux. Les avions ne sont pas les seuls éléments mécaniques qui vaillent la peine. On y retrouve également la belle esthétique des voitures des années 20 (celles du XXe siècle !). Même les scènes  de dialogue les plus banales  sont renforcées par des « mouvements de caméra » qui varient d’une case à l’autre.

Page 6 du T4 de Black Squaw
© Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

 

La sobriété des couleurs réalisées par Usagi renforce cette dimension cinématographique de vieux polar – dans le sens le plus noble du terme – dans laquelle la grisaille des villes américaines s’oppose aux scènes campagnardes chatoyantes ou à la justesse bleutée des épisodes de vols nocturnes.

Arrivés au bout de la lecture de ces 4 albums exaltants, on quitte Black Squaw avec une pointe de tristesse. Yann et Henriet nous séparent  d’une héroïne attachante et courageuse. Sans en dévoiler le contenu, la fin de l’histoire reste pourtant ouverte. On se prend à rêver d’une suite sous la forme d’un cycle 2 à nouveau aérien et virevolant.

Page 7 de l'album Secret Six
© Black Squaw – Alain Henriet et Yann – Dupuis

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur le T4 de Black Squaw

  • Scénario : Yann
  • Dessin : Alain Henriet
  • Couleurs : Usagi
  • Éditeur : Dupuis « Grand public »
  • Date de sortie : 26 janvier 2024
  • Pagination : 56 en couleurs

Vous pouvez discuter du T4 de Black Squaw sur notre groupe Facebook des Amis de la bande dessinée.

Consultez la liste de nos librairies partenaires pour vous procurer le T4 de Black Squaw.