La Barbe du Houéran – T1 de Léonarde

Une aventure incroyable, un goût particulier pour l’humour de situation et une humano-renarde fraîchement transformée, bienvenue dans ce T1 de Léonarde. Dans cet ouvrage haut en couleurs, punchy et drôle à souhait, Isabelle Bauthian nous offre un conte riche de sens dont la mise en images subtile et bourrée d’émotions d’Anne-Catherine Ott donne du corps au récit.

Couverture du T1 de Léonarde
© T1 de Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Un véritable récit d’heroic fantasy

Si l’idée d’une jeune fille courageuse devenue renarde par magie n’est pas un signe assez parlant pour évoquer le fantastique, les autres codes de l’heroic fantasy se retrouvent tout au long de notre aventure.

Page 3 du T1 de Léonarde
© T1 de Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Dans un monde coloré et verdoyant, une ombre souffle. Au milieu d’une ville humaine typique du Moyen-Âge, Léonarde jeune fille et épique combattante, rêve d’unir les clans de la contrée, du château au fin fond de la forêt. En effet, si les hommes vivent pour une fois en harmonie, la discorde est bien réelle entre les différentes espèces. A l’instar de la communauté de l’anneau, le récit d’Isabelle Bauthian compte des races bien distinctes, dont les attributs s’opposent.

Page 4 du T1 de Léonarde
© T1 de Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Les humains, fiers et tournés vers le progrès (villes solides, maisons confortables, etc) règnent sur les plaines.La forêt n’est plus leur habitat naturel et ils s’en éloignent jour après jour un peu plus. Il lui prête même les attraits de quelque chose de mystérieux et dangereux, la méfiance est ce qu’elle inspire à présent.

Page 5 du T1 de Léonarde
© T1 de Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Ainsi, ils s’opposent en tout point au second clan de notre histoire. Les Leus, majestueux loups bleus, ancrés dans une tradition ancestrale, forment le clan le plus proche de la nature et de son histoire originelle. Parfois empreints de comportements primaires et de rites ancestraux, le temps n’a pas changé leur manière d’exister en ces lieux. Souvent bourrus, ils symbolisent pourtant au travers de paroles sacrées et de coutumes traditionnelles chaleureuses, le respect de la nature et la poésie qui s’en dégage.

Page 6 du T1 de Léonarde
© T1 de Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Enfin, un troisième peuple contribue à l’histoire, les Goupils. Si les Leus sont, sous les traits d’Anne-Catherine Ott, massifs et majestueux, les Goupils, fins et élancés sont de farouches guerriers. Mêlant ruse et agilité pour assurer leur survie, ils sont moins ancrés dans le passé que leurs voisins canidés. Les Goupils ont tout de même un tempérament revanchard affirmé.

Page 7 du T1 de Léonarde
© Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Trois clans, trois lignes de conduite, trois manières de concevoir et de vivre le monde. En somme, trois belles raisons de déclencher une guerre. 

Mais le fantastique ne s’arrête pas là. Pour un bon récit fantastique, une belle icône intemporelle et divine doit forcément apparaître. Ainsi, malgré tout ce qui les opposent, nos trois peuples s’accordent sur une chose. Qu’il soit craint ou adoré, personne ne remet en cause l’omnipotence du Houéran. Ce gardien de la nature, apparaît dans l’histoire d’isabelle Bauthian comme la référence du vivant, le précepteur des codes de vie et l’ultime juge de ce qui doit ou ne doit pas être. Immense et impressionnant, il est aussi particulièrement singulier. En effet, s’il règne en maître dans l’esprit de chacun, il est également le seul individu à pouvoir s’asseoir sur ses cornes. Ce qui, vous en conviendrez, prend part au nombreux éléments drôles et atypiques de l’histoire.

Page 8 du T1 de Léonarde
© Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Avec le fantastique au cœur de l’aventure, il fallait s’y attendre la magie y arrive à point nommé. Qu’elle soit crainte, enviée ou admirée, elle traverse le monde et ce qui la compose de mille et une manière. Si elle joue une place aussi importante dans le récit, il est évident qu’elle crée des situations inattendues. A commencer par celle de notre chère Léonarde, transformée en goupile malgré elle.

Page 9 du T1 de Léonarde
© Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Du langage à l’orgueil, la tour de Babel teinte l’histoire.

Si ce monde fantastique et la magie placent les fondations de notre histoire, ils restent secondaires dans celle-ci. Au travers des personnages que rencontrent notre héroïne une chose transparaît, le langage est la source première d’un monde unifié.

Page 10 du T1 de Léonarde
© Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Léonarde souhaite éviter une guerre sanglante et néfaste. Brave et naïve, elle devient par magie capable de communiquer avec chacun comme si elle connaissait chaque langue. Cette courageuse jeune fille, dont les émotions transparaissent avec une puissance folle grâce aux dessins d’Anne-Catherine Ott, rêve de créer une harmonie entre tous. Au même titre que la tour de Babel doit créer une union entre les peuples qui l’entourent (pour parvenir jusqu’au divin), Léonarde apparaît comme le pont entre les mondes, la messagère de la paix, celle qui répond dès lors aux maux par les mots.

Page 11 de l'album La Barbe du Houéran
© Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Le langage qui apparaît comme maître mot pour traverser les difficultés de peuples si opposés, n’en est pas moins cocasse lorsqu’il n’est pas partagé. Avec cette idée en tête, Bauthian et Ott nous offrent des scènes improbables et loufoques qui ne manquent pas d’ironiser et de donner un côté humoristiques aux échanges.

Heureusement, pour s’y retrouver dans ses conversations entre langues distinctes, les couleurs apparaissent comme la clé de décodage. Au delà de sublimer le travail d’Anne-Catherine Ott, Tanja Wenisch (coloriste) nous offre les clés pour comprendre le récit. A chaque race sa couleur, ainsi, les bulles de conversations se retrouvent teintées de la couleur attribuée aux différentes tributs.

Page 12 de l'album La Barbe du Houéran
© Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Un second élément très présent dans l’histoire se trouve dans le mythe de la tour de Babel, l’orgueil. Causant la perte de la tour (qui doit monter toujours plus haut pour que les hommes se placent à hauteur du divin) l’orgueil est un élément ravageur dans notre conte. Qu’un peuple veuille s’attirer les faveurs du divin Houéran ou qu’un autre souhaite en contourner les principes, chacun aspire à se hisser plus haut, plus loin ou devenir plus fort.

Les adultes en particulier,  apparaissent aveuglés par cette soif de grandeur. Par ce biais chaque enfant, au travers de chaque peuple, devient une sorte de clé de voûte de l’épopée. De la courageuse petite princesse joufflue Eldorise, à l’entêté Larsan goupil aux milles et une aptitudes, chaque jeune contribue à sa manière et selon son caractère, au renouveau des différents socles de l’histoire.

Page 13 de l'album La Barbe du Houéran
© Léonarde – Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott – Drakoo

Dans un monde incroyable, atypique et contrasté, Léonarde vous embarque dans une folle aventure, accompagnée d’anciens ou nouveaux amis. Ce récit drôle et passionnant, qui vous émerveillera par la justesse de ses dessins et l’humour saisissant qui le traverse de part en part. Avec ce tome 1, La barbe du Houéran, Isabelle Bauthian et Anne-Catherine Ott nous offre une fantastique BD à ne surtout pas rater !

Chronique écrite par Lola LAURENT

Informations sur l’album

  • Scénario : Isabelle Bauthian
  • Dessin : Anne-Catherine Ott
  • Couleurs : Tanja Wenisch
  • Éditeur : Drakoo
  • Date de sortie : 10 janvier 2024
  • Pagination : 80 en couleurs

Vous pouvez discuter du T1 de Léonarde sur notre groupe Facebook des Amis de la bande dessinée.

Consultez la liste de nos librairies partenaires pour vous procurer le T1 de Léonarde.