Le Réveil du dragon – T1 de Brume
Brume, petite fille espiègle, vit dans un petit village reclus en Bretagne. Reclus, parce qu’un dragon menace la petite communauté rurale, et manque de pot, la dernière sorcière protectrice du village, Naïa, est morte six ans auparavant. Le Réveil du dragon est un petit album jeunesse au charme dévastateur qui nous raconte avec humour, tendresse et intelligence l’histoire de cette petite « fille du brouillard » à l’identité mystérieuse et la destinée extraordinaire.
Brume a été recueillie toute petite. Son père adoptif l’a découverte au pied d’un arbre dans un brouillard à couper au couteau. Il ne lui en a pas fallu plus pour l’appeler Brume. Dans son village d’Armorique, la petite communauté vit dans la crainte superstitieuse de l’extérieur en la personne d’un dragon endormi. Il faut dire que la sorcière résidente, Naïa, est morte il y a quelques années, laissant derrière elle une légende mais aucun successeur. Brume, élevée dans l’adoration de leur protectrice disparue, n’a qu’une idée en tête : prendre la relève.
Les sorcières ont un chat noir ? Elle adoptera Hubert, un petit cochon noir. Les sorcières ont un grimoire ? Ça ne peut pas mieux tomber : son papa se décide à lui remettre un mystérieux livre de recettes magiques trouvé près d’elle dans la forêt. Un chaudron ? La seule boutique de casseroles, marmites et autres ustensiles de cuisine, fournisseur officiel de Naïa, est justement à un jet de pierre. Des sorts ? Sa première tentative sur son compagnon Hugo n’a pas l’effet escompté et se solde en une purée de pois terrible qui envahit le village, relançant les rumeurs sur le réveil du dragon qu’il faudrait occire une fois pour toutes. Seules les sorcières ont le droit de s’aventurer hors du village ? Ça tombe bien, Brume en est une…
Le couple (dans la vraie vie) formé par Jerôme Pelissier (scénariste, ancien graphiste chez Ubisoft) et Carine Hinder (illustratrice) s’est inspiré, expliquent-ils dans une très jolie post-face, de leur nouvelle vie en Bretagne pour créer ce petit village au charme pittoresque irrésistible. Même Naïa est une célébrité locale, rebouteuse mythique ayant accédé au statut de sorcière à force de transmission orale, puis écrite. Cette sincérité et cet ancrage dans le folklore celte (créatures féeriques, druidisme, changeling…) participent à rendre l’album extrêmement attachant, débordant d’humour et de répliques ciselées. Le graphisme rondouillard et cartoonesque de Carine Hinder est agréablement rehaussé de très belles textures et de couleurs alternant la douceur du pastel et le dynamisme des contrastes chaud/froid.
L’album, destiné en priorité au jeune public, ne manquera pas d’être intriguant pour les adultes qui profiteront des divers niveaux sous-jacents traitant de la quête d’identité, des superstitions, de l’isolement (ou confinement)… Tout sauf naïves, les aventures de cette petite apprentie sorcière ont donc les atouts nécessaires pour séduire un large public.
Chronique écrite par Philippe BARRE
Informations sur l’album
- Scénario : Jérome Pélissier
- Dessin : Carine Hinder
- Couleurs : Carine Hinder
- Éditeur : Glénat « Tchô ! »
- Date de sortie : 26 avril 2023
- Pagination : 64 en couleurs
