En direct des histoires d’hier – 8e épisode – T1 de Franka (Le Musée du crime)

« Le musée du crime » est la première aventure de Franka publiée en France. Ce tome, introductif à la série, nous permet de prendre connaissance de l’univers de la collection ainsi que de ses principaux protagonistes. On y découvre ainsi la belle Franka, secrétaire d’un bien curieux « musée du crime », lieu où toutes les pièces et preuves d’intrigues policières sont remises une fois qu’elles sont résolues. L’endroit est dirigé par Krachun, commissaire à la retraite, mais toujours là pour résoudre des affaires périlleuses en sous-main. Dans ce premier opus, il pourra compter sur sa jeune collaboratrice ainsi que sur Jarko, nouvelle recrue, pour travailler sur une enquête qui va emmener la petite bande dans les milieux du cinéma, des faux monnayeurs et d’une révolution dans un pays latin.

Couverture de Le Musée du crime
© Franka – Henk Kuijpers – Dupuis

Lorsqu’elle débarque au printemps 1981 dans Spirou, Franka a déjà une longue carrière derrière elle. La série de l’auteur complet H. Kuijpers est en effet déjà présente aux Pays-Bas depuis 1974. Voulant faire connaitre son héroïne dans les pays francophones, le néerlandais obtient d’A. de Kuyssche, rédacteur en chef de Spirou de l’époque que les premières aventures soient publiées dans notre journal préféré. La collection a en effet des caractéristiques comparables, voire semblables, à celles des publications de Dupuis de l’époque : un dessin clair et semi-réaliste, des héros sympathiques évoluant en toute décontraction dans une comédie policière, une atmosphère presque euphorique et un mystère résolu dans la bonne humeur générale. De plus, Franka, jolie jeune fille sportive et débrouillarde, rappelle aux lecteurs « Natacha » alors véritable moteur des éditions Dupuis et gage de succès. Pourtant, dans ce premier épisode de la série, Franka n’a pas vraiment le premier rôle. Celui-ci est occupé par Jarko, postulant à un job d’enquêteur au musée du crime. Celui-ci passe brillamment l’essai en résolvant une enquête dans un style années 70 aujourd’hui bien daté : à l’aide d’un vinyle et d’un gramophone !

Page 4 de Le Musée du crime
© Franka – Henk Kuijpers – Dupuis

Un gramophone est cet instrument qui servait à lire des disques de sa création en 1860 jusqu’à sa mise en désuétude aux environs des années 1950. C’est donc l’ancêtre de la « platine » ou du « tourne-disque », véritables stars des salons et des chambres d’étudiants pendant près de 30 ans, jusqu’à l’invention du CD par Philips en 1983. Les fameux « 33 tours » (albums complets) ont ainsi tiré leur révérence en 1991, tandis que les « 45 tours » furent définitivement remplacés par les « CD 2 titres » en 1993. « Le musée du crime » datant de 1974, rien de plus normal que d’y retrouver ce type d’objets, d’autant plus que d’autres BD les ont utilisés aussi. On peut notamment citer Gil Jourdan lancé « Sur la piste d’un 33 tours » en 1973 et même Jean Valhardi se déhanchant sur le son des vinyles dans la « surprise party » ouvrant l’album « Le grand Rush » en 1965, sans compter les multiples gags de Gaston dans les sixties faisant apparaitre des disques. Cependant, si ces disques sont restés complètement ringards pendant longtemps rendant les lectures parfois peu compréhensibles pour les jeunes des années 90 et 2000, la situation est en train de changer. En effet, après avoir été largement oublié, le vinyle revient ! Meilleur son ? Influence des DJ ? Tendance « vintage » ? Qu’importe, les chiffres sont là : les ventes de disques dépassent celles du CD depuis 2020, et près de 200 000 platines ont été vendues en France la même année. De quoi donner une nouvelle popularité à Franka et Jarko ? Espérons-le !

Page 38 de Le Musée du crime
© Franka – Henk Kuijpers – Dupuis

Lecture sympa, ambiance de joyeuse anarchie, intrigue policière tout à fait improbable et bien de son temps, Franka était bien chez elle dans le catalogue Dupuis. Mais une mise en page un peu bizarre faite d’abondance de textes et de cases ainsi qu’un certain manque d’originalité dans le contexte impitoyable des années 80 firent que la mayonnaise ne prit pas. De plus, des problèmes de droits apparurent et Franka stoppa sa carrière dans Spirou en 1983 après 3 histoires publiés puis édités en albums. La charmante héroïne continue toutefois encore aujourd’hui son épopée aux Pays-Bas et chez d’autres éditeurs en France.

Article écrit par Mathieu DEPIT

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