Le Grand Migrateur
Le Grand Migrateur est un album sur des préoccupations d’aujourd’hui, tout en s’en détachant, en plaçant l’action dans un monde fantastique imaginaire. Le duo d’auteurs, Augustin Lebon et Louise Joor, présente une belle fable qui sera appréciée par tous les âges.
Une civilisation disparaît
Les grands migrateurs vivent sur la planète O’ Zhinn. Ce sont des créatures humanoïdes géantes qui tous les 200 ans sortent de leur sommeil, pour marcher en direction des steppes du Nord. Mais au fil du temps, les humains deviennent de plus en plus nombreux sur la planète, rendant leur voyage périlleux. Les grands migrateurs sont accusés de tous les maux par les humains, qui finissent par les exterminer pour s’en débarrasser. A la suite de ça, un tsunami de glaire noire se déverse sur le Nord de la planète, seulement stoppé momentanément par un barrage construit par les humains, pendant que la sécheresse s’installe sur le versant Sud.
C’est dans ce contexte que commence l’histoire. Dame Odette est une scribe plus toute jeune. Elle est prise pour une folle par une partie de la population, en annonçant que le monde s’écroule autour d’eux. Dame Odette est la seule à lier la disparition des grands migrateurs, avec l’arrivée de la glaire noire qui menace de tout anéantir sur son passage. Elle apprend par Childebert, son assistant albinos, qu’un géant se serait réveillé dans les collines au loin et prend la décision d’aider ce géant à terminer sa migration, pour rétablir enfin l’équilibre sur la planète O’ Zhinn.
Les couleurs en dangers !
Ce qui marque avant tout lorsqu’on lit cet album, c’est la richesse de l’univers que nous présente le duo d’auteurs. On y voit, on y devine, un univers très riche, par l’architecture de ses bâtiments, par ses créatures fantastiques, par sa flore. On ressent une frustration positive en le lisant. On a envie d’aller au-delà des cases, au-delà des décors montrés, mais les auteurs ne tombent pas dans le piège de trop en dévoiler pour faire de belles images au détriment de la narration. Ce qui est montré sert le récit sans en faire à outrance, et on ne sort pas de l’histoire en contemplant les paysages.
Les décors eux-mêmes sont un enjeux de l’histoire, puisque c’est eux qui sont en danger face à l’affreuse glaire noire qui recouvre tout et fait disparaître les belles couleurs, qui se retrouvent masquées par le noir immaculé de cet étrange fléau.
Parler différemment de la défense de nature
Les thèmes sont ceux dans l’air du temps, la défense de la nature, le risque de la disparition d’une civilisation par un cataclysme écologique, la défense des êtres plus faibles. Néanmoins, la richesse de l’univers fait qu’on n’a pas l’impression de relire le même album qu’on a pu déjà lire plusieurs fois sur des thèmes similaires.
Ce monde n’est pas seulement riche, il est aussi magnifiquement représenté par le dessin de Louise Joor, qui avec son trait jeunesse parvient à adoucir l’ambiance générale de l’histoire pour qu’elle soit accessible à tout le monde. Mais elle sait aussi être plus dure lorsqu’il faut introduire de l’émotion et les quelques scènes qui font changer le ton de l’histoire, pour la faire avancer, sont une grande réussite. Les couleurs sont aussi une force, tirant vers le vert en majorité, elles sont en opposition avec la couleur noire qui représente dans le récit, la destruction.
Une très belle réussite, qui traite de façon originale un sujet « à la mode » !
Chronique écrite par Adrien LAURENT
Informations sur l’album Le Grand Migrateur
- Scénario : Augustin Lebon
- Dessin : Louise Joor
- Couleurs : Louise Joor
- Éditeur : Rue de Sèvres
- Date de sortie : 30 août 2023
- Pagination : 72 en couleurs
