La Meilleure pâtissière, le T7 de Le Royaume

Pour Anne l’aubergiste, ce n’est pas toujours la vie de château dans ce paisible Royaume. Déclassée par la reine et reléguée dans les bas-fonds de la cité, la jeune femme à fort à faire dans ce coin de pays, entre une royauté déjantée, un encombrant forgeron amoureux et des piafs trop bavards. Tout ce petit monde revient dans ce T7 de Le Royaume, qui croque une multitude de saynètes de la vie quotidienne : bienvenue dans le petit théâtre de Benoît Feroumont.

Couverture du T7 de Le Royaume © Le Royaume – Benoît Feroumont – Dupuis

Ancienne servante du roi Serge, la belle Anne a été chassée du château par la reine. Afin de gagner sa vie, elle a ouvert une auberge à quelques encablures de la résidence royale, au milieu d’une “populace” composée de clients pénibles, de femmes jalouses, de soldats maladroits et d’un forgeron complètement fou amoureux d’elle, dont les demandes en mariage se comptent par centaines.

Page 3 du T7 de Le Royaume — © Le Royaume – Benoît Feroumont – Dupuis

La farce de Feroumont

Dans ce nouvel opus du Royaume, le 7e de la saga – sans compter l’excellent et surprenant Royaume de Blanche-Fleur (hors-série) – Benoît Feroumont revient à un format plus traditionnel composé de gags et d’histoires courtes de une à quelques pages. C’est peu dire qu’il était temps puisque le précédent album date de 2014. La jeune femme au tempérament de feu a toujours fort à faire pour manœuvrer et évoluer à travers une galerie de personnages tantôt agaçants, pédants ou bienveillants. Au fil de la lecture, l’auteur brosse un portrait attendrissant d’un petit monde généreusement théâtral et exagérément excentrique.

Au cours des différentes pages, il y est évidemment question de pâtisseries. La gourmandise sert de fil conducteur à l’album et la sauce prend entre les différentes petites histoires, subtilement savoureuses, swinguant entre moments émouvants et situations cocasses, avec, côté dialogue, quelques jurons bien placés qui raviront les plus jeunes d’entre nous à la recherche de petits plaisirs interdits.

Page 4 du T7 de Le Royaume — © Le Royaume – Benoît Feroumont – Dupuis

Un album collaboratif

Tout en rondeur et souvent en mouvement, le dessin de Benoît Feroumont sert agréablement cette joyeuse farce pour décrire la vie d’un royaume haut en couleur portée par une mise en page classique, mais dynamique. Les expressions, colère – rire – tristesse, des personnages sont délicieusement caricaturaux et renforcent ainsi cette impression de théâtre de boulevard. Les lecteurs et lectrices ne lisent pas simplement un album de bande dessinée : ils sont confortablement installés dans les fauteuils d’une salle de spectacle et s’esclaffent devant une comédie dynamique et des acteurs ou actrices au top de leur forme.

Page 5 du T7 de Le Royaume — © Le Royaume – Benoît Feroumont – Dupuis

Ce tome 7, La meilleure pâtissière, est celui de la collaboration. Deux coloristes, Christelle Coopman, qui colorie habituellement les ouvrages de la série, et Sarah Marchand (qui a travaillé sur Le Royaume de Blanche-Fleur), se sont partagé les couleurs des 48 pages de l’album. Elles livrent un travail acidulé qui colle parfaitement à l’esprit de cette BD humoristique.

Page 6 du T7 de Le Royaume — © Le Royaume – Benoît Feroumont – Dupuis

Plusieurs scénarios ne sont pas de Benoît Feroumont : certains sont signés de Maïa Mazaurette, auteure multifacette, femme de radio et chroniqueuse, qui passe ainsi allégrement de thématiques habituellement adultes au monde de la jeunesse grâce à cette collaboration. Clara Cuadrado, (la “sœur” de Parker et Badger, série bien connue des lecteurs et lectrices de Spirou), quant à elle, scénarise une histoire de huit pages qui conclut cet album bondissant ; c’est qu’elle court et qu’elle saute partout la belle Anne. Les scénaristes ne la ménagent pas !

Page 7 de l'album La Meilleure pâtissière. — © Le Royaume – Benoît Feroumont – Dupuis

Ce nouvel album du Royaume garde la fraîcheur de ses débuts, une aventure éditoriale débutée en 2008 dans le journal de Spirou. On y retrouve tous les ingrédients d’une série humoristique destinée à un large public. Gageons que Benoît Feroumont réduira le temps de l’entracte entre ce 7e opus et le prochain acte de cette comédie enthousiasmante.

Chronique écrite par Bruce RENNES