Fleur de Prunier

Avec Fleur de Prunier, on plonge dans l’intimité et le parcours du combattant d’un couple qui s’envole pour la Chine des années 90 afin d’adopter une petite fille. Ce récit est intimiste puisqu’il est scénarisé et dessiné 33 ans plus tard par Maou qui narre, là, sa propre histoire.

Couverture de l'album Fleur de prunier — © Fleur de prunier – Maou – Antipodes

En 1980, Annick quitte sa Bretagne natale pour rejoindre Paris où elle a trouvé un job dans une boîte d’informatique. Comme 12 % des couples de l’époque qui se forment au boulot, elle y rencontre son futur mari, Francis. Ils se marient 6 ans plus tard. Toutefois, une ombre pèse sur le jeune couple qui ne parvient pas à faire d’enfant, ni naturellement, ni par voie médicale. Ils décident donc de se tourner vers l’adoption.

Page 10 de l'album Fleur de prunier — © Fleur de prunier – Maou – Antipodes

C’est grâce à une relation des parents de Francis que les deux amoureux suivent une piste qui les mène vers une petite fille qui les attend à l’orphelinat à Shanghaï, une mégapole située à l’est de l’Empire du Milieu, au bord de la mer de Chine orientale. Ainsi, Francis et Annick s’envolent pour la république populaire de Chine des années 90 où débute la plus importante aventure de leur vie. Entre désillusion, espoirs et découverte d’un pays encore fermé, le couple rencontre enfin Meili, leur fille.

Page 11 de l'album Fleur de prunier — © Fleur de prunier – Maou – Antipodes

Un récit à la première personne et pourtant...

Les encadrés narratifs de Fleur de Prunier sont tous écrits à la première personne du singulier. C’est Annick qui raconte l’histoire de son couple. Et pourtant, c’est bien Meili qui, 33 ans plus tard dessine sa propre histoire. Cet aspect offre encore davantage de profondeur à ce récit intimiste en invitant les lecteurs et les lectrices à découvrir les dessous d’une adoption par une narration forte, constituée des liens qui unissent la maman, qui raconte, et sa fille qui illustre du bout de son crayon ce précieux témoignage.

Page 12 de l'album Fleur de prunier — © Fleur de prunier – Maou – Antipodes

Dans ce récit, rien n’est mis de côté, ni les échecs des fécondations in vitro, ni les moments fantasmés et brisés d’Annick lorsqu’elle imagine sa première rencontre avec sa fille « dans une ambiance douce, feutrée, intime… » Entre moments légers très bien amenés – soutenus notammment par les protaganistes de l’histoire représentés sous les traits d’animaux – et séquences plutôt tendres, c’est toute une valse d’émotions qui se joue dans l’esprit des lectrices et des lecteurs. On soutien ce couple lors de ses périodes de galère et on s’emporte d’allégresse lorsque des situations semblent se décanter et permettent à Annick et Francis de franchir une étape de leur long parcours.

Page 13 de l'album Fleur de prunier — © Fleur de prunier – Maou – Antipodes

L’histoire de l’adoption de Meili est également l’occasion de se replonger dans les particularités de la Chine de la dernière décennie du XXe siècle : un pays de plus d’un milliard d’habitants dont la politique de l’enfant unique fit du tort à des centaines de milliers de petites filles qui finirent abandonnées et souvent entassées dans des orphelinats.

Page double — © Fleur de prunier – Maou – Antipodes

Un noir et blanc intimiste

L’utilisation du noir et blanc pour raconter l’histoire de Meili renforce l’intimité du récit. On est concentré sur l’essentiel : le dessin et les dialogues, bien souvent très prenants. Tout au long des pages de son ouvrage, l’autrice ne s’embarrasse guère de vignettes pour raconter. Les séquences s’entremêlent et se superposent les unes aux autres comme pour mieux narrer la difficulté de ce parcours adoptif et brosser le portrait t d’une Chine un peu brouillonne, entre fonctionnaires corrompus, chauffeurs de taxi payés en cigarettes américaines ou autres anecdotes, parfois incongrues, pour le visiteur occidental qui découvre la Chine.

Page 24 de l'album Fleur de prunier — © Fleur de prunier – Maou – Antipodes

La collection Trajectoire de la maison d’édition suisse Antipodes qui publie Fleur de Prunier, n’est pas une vaine promesse. Maou-Meili nous dévoile un pan de son histoire personnelle influencée par la grande Histoire de la république populaire de Chine où les décisions politiques de ses dirigeants ont eu une influence directe sur le destin de l’autrice.