Un trône pour Natacha, le T4 de Natacha

Si les voyages forment la jeunesse, ils permettent aussi de faire des rencontres, mais pas forcément celles dont on a envie ! Ce n’est pas la jolie Natacha, hôtesse de l’air, qui pourra dire le contraire. Dans « Un trône pour Natacha », elle va – comme souvent – vivre une aventure incroyable après avoir croisé le chemin de personnages bien étranges…

Couverture de l'album Un trône pour Natacha — © Natacha – François Walthéry et Maurice Tillieux – Dupuis

Sur un vol de retour d’Afrique, Hatoumé Soscouh, souverain du royaume africain du Thénia, tombe sous le charme de Natacha, l’hôtesse de l’air de la Bardaf. Croyant voir en elle sa future épouse, il lui demande de lui servir de guide pendant son séjour en Europe en même temps qu’il lui donne un superbe collier de diamants. Gênée, la belle veut refuser cette offre intéressée, mais c’est compter sans un évènement improbable. Dès l’arrivée sur le sol européen, le major Martenne, de la sécurité nationale, impose à Natacha d’accepter sa requête, la visite du monarque africain étant importante pour la conclusion d’accords d’exploitation de gisements au Thénia par les occidentaux. La véritable mission de Natacha est cependant de surveiller Von Tripp, secrétaire et conseiller du roi, qui aurait de sinistres et dangereux projets en Europe où il est interdit de territoire. Pressée par la raison d’état, Natacha ne peut qu’accepter le rôle inédit qu’on lui impose. Flanquée du fidèle Walter qui se fait passer pour un cuisinier, l’hôtesse de l’air va passer des jours mouvementés dans la demeure du souverain pour mener à bien sa mission.

Planche 1 de l'album Un trône pour Natacha — © Natacha – François Walthéry et Maurice Tillieux – Dupuis

C’est donc dans la comédie d’espionnage, genre à la mode en 1974, date de parution de l’album, qu’on retrouve la charmante Natacha. L’exotisme des précédents albums de la série est ici remplacé par une adrénaline et une action continues, dans cette aventure intégralement située en Europe de l’ouest. L’hôtesse de l’air passe par toutes les émotions dans cette histoire où elle joue les Mata Hari avec talent. Dès le début de l’ouvrage, elle est mise à rude épreuve par une idée des plus angoissantes pour elle, éperdue de liberté : le mariage ! Cette possibilité – fantaisiste – d’une union entre l’héroïne et le roi africain n’est cependant qu’une péripétie dans le scénario ultra-vitaminé de Tillieux qui se lit (et c’est le cas de le dire, sans « spoiler » la clef de l’énigme) à cent à l’heure !

Planche 2 de l'album Un trône pour Natacha — © Natacha – François Walthéry et Maurice Tillieux – Dupuis

Le dynamisme de l’histoire convient parfaitement au style de François Walthéry. Le liégeois est dans son élément dans ce type d’aventure où les personnages courent, sautent, oscillent entre euphorie et mauvaise humeur et sont transportés dans un tourbillon d’évènements complètement rocambolesques. Si Natacha est toujours aussi belle, Walter n’est pas en reste : bougon, malchanceux, comique malgré lui mais toujours bonne pâte, le steward participe à l’intrigue de façon continue et, sous le pinceau de Walthéry, on ressent ses émotions comme jamais ! Le scénario de Tillieux, écrit dans les années 50 et dont l’intrigue peut faire penser au « Corniaud », permet à Walthéry de mettre en images de belles voitures américaines ainsi que des courses poursuites à couper le souffle, scènes dans lesquelles il excelle. Le dessinateur utilise aussi cet album pour y représenter ses amis et collaborateurs du Spirou de l’époque : le major Martenne est inspiré de Thierry Martens (qui sera aussi le modèle du « Bourreau » dans la série Ric Hochet), rédacteur en chef de Spirou, tandis que des bandits seront croqués sous les traits de Victor Hubinon et Jean-Claude Fournier. Le roi du Thénia, quant à lui, poète et très à l’aise en occident, est inspiré de Léopold Sédar Senghor, chef d’état du Sénégal à l’époque.

Planche 3 du T4 de Natacha — © Natacha – François Walthéry et Maurice Tillieux – Dupuis

« Un trône pour Natacha » est donc une aventure enlevée, distrayante et divertissante où Natacha et Walter ne vont pas ménager leurs efforts, dans un but patriotique. Véritable bulle de bonne humeur, l’album est l’exemple même de la bande dessinée « façon Walthéry » : de l’aventure pour l’aventure, du rythme, de l’action et de l’humour. En somme, un excellent moment de lecture !