Une goutte de fiction pulpeuse, un zeste d’humour absurde et une flopée de personnages bien grotesques. Mixez le tout, ajoutez-y une sauce suisse allemande et vous obtiendrez une première œuvre délicieusement macabre. Avec On va tous crever, Tobias Aeschbacher nous régale pour ses débuts d’auteur publié.

Couverture de l'album On va tous crever
© On va tous crever – Tobias Aeschbacher – Helvetiq

Scène 1 : un trio de malfrats débarque dans un immeuble, ils sont à la recherche d’un vase, qui recèle un drôle de secret, dérobée au chef de la bande. Scène 2 : dans le même bâtiment, un jeune couple s’envoie en l’air. L’extase passée, les amants comptabilisent le fric dérobé lors de différents vols. Scène 3 : un voyeur se délecte, la main dans le slibard, en matant sa voisine du dessous grâce à des caméras de surveillance judicieusement placées. Stop ! ne gâchons pas l’effet de surprise. Au fil des pages, lectrices et lecteurs visitent les différents appartements de cette habitation, aux coupures de courant régulières, et découvrent une galerie de personnages toujours plus loufoques. En véritable satyre sociale, un lien les unit… Et, ce n’est pas le simple fait d’être voisins.

Page 7 de l'album On va tous crever
© On va tous crever – Tobias Aeschbacher – Helvetiq

Promesse tenue

Des truands, un couple d’escrocs, des scènes placées dans un désordre chronologique apparent, des séquences pleines de non-sens, entre deux tueries des dialogues qui oscillent entre philosophie et confidences absurdes mais… Il y a comme un brin de folie « tarentinesque » dans cette première œuvre publiée de l’illustrateur suisse Tobias Aeschbacher.

Page 8 de l'album On va tous crever
© On va tous crever – Tobias Aeschbacher – Helvetiq

Toutefois, cela ne serait pas lui rendre justice que de réduire cette BD au film Pulp Fiction sorti en 1994. En effet, le dessinateur se livre à un exercice de haute volée dans lequel il tient les promesses d’un titre au constat implacable. Dans le scénario, reste à déterminer qui est ce « on » ?

Page 9 de l'album On va tous crever
© On va tous crever – Tobias Aeschbacher – Helvetiq

La mort par l’absurde

Avec ses couleurs mates et son graphisme un brin désordonné, le dessinateur suisse Tobias Aeschbacher signe une BD originale qui ne s’encombre pas de détails dans les décors. Toutefois, l’essentiel n’est pas là. On apprécie le côté « naïf » du dessin qui sert le récit en contrebalançant les scènes de tueries qui se déroulent dans l’immeuble. On est dans la caricature sanguinolente, marrante et absurde ! Pour dévoiler l’intrigue, le découpage est touffu avec de nombreuses vignettes qui parsèment chacune des pages. C’est clairement dense, mais ultra efficace pour prendre la mesure de l’intensité de la bêtise des différents protagonistes de ce polar rudement bien ficelé…

Page 10 de l'album On va tous crever
© On va tous crever – Tobias Aeschbacher – Helvetiq

Publiée chez Helvetiq dans la collection Ébullition qui « sert de tremplin aux nouveaux talents de la bande dessinée et du roman graphique », gageons que cette BD permettra à Tobias Aeschbacher de gagner ses galons d’auteur confirmé qui a « le sang qui bout dans ses veines ». En clair, pour sa première publication, la fougue de son trait et cette manière impeccable d’embarquer ses lectrices et ses lecteurs dans son délire scénaristique est une franche réussite.

Page 11 par Tobias Aeschbacher
© On va tous crever – Tobias Aeschbacher – Helvetiq

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

  • Scénario : Tobias Aeschbacher
  • Dessin : Tobias Aeschbacher
  • Couleurs : Tobias Aeschbacher
  • Éditeur : Helvetiq
  • Date de sortie : 22 février 2024
  • Pagination : 128 en couleurs

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