Multi Daddy, le tome 10 de Dad - Chronique BD des Amis de la BD

Dad, père de famille solo débordé, acteur à la carrière en demi-teinte et héros de bande dessinée qui s’anime sous l’excellente plume de Nob est, plus ou moins – notre héros étant absent une bonne moitié des pages –, de retour avec un 10e album sans cérémonie, ni fête pour célébrer ce chiffre rond.

Couverture de Multi Daddy © Dad – Nob – Dupuis

10 albums en 8 ans ! Nob n’a pas chômé pour écrire et dessiner les aventures de Dad, ce père de famille qui s’est imposé ces dernières années dans la galaxie de la bande dessinée familiale. Au point d’avoir été par le passé, et à plusieurs reprises, la série contemporaine préférée d’une grande communauté Internet alors rattachée à un célèbre journal.

Chaque album de Dad suit un fil conducteur, ce 10e opus ne déroge pas à la règle. À l’image de beaucoup quinquagénaires, célibataire ou en couple, notre père de famille préféré est tiraillé entre ses 4 filles remuantes – bousculé par les études de la plus grande et les couches à changer de la plus petite – et des parents vieillissants qui perdent petit à petit en autonomie. Ainsi, au cours de cet album, Dad doit s’absenter de l’appartement pour s’occuper de Papy le temps de l’hospitalisation de Mamy. Ses filles se retrouvent alors à devoir gérer toutes seules un quotidien qui s’appuyait jusque-là, très largement, sur l’indéfectible disponibilité du paternel.

Page 3 de Multi Daddy — © Dad – Nob – Dupuis

La charge mentale au cœur des débats

La charge mentale est un thème qui s’est largement imposé dans les débats de société ces dernières années, notamment celle des femmes qui gèrent, dans la très grande majorité des cas, la quasi-totalité des tâches domestiques. En sus de ce boulot non rémunéré, elles mènent généralement une carrière professionnelle devenue nécessaire afin que la famille puisse joindre les deux bouts.

Au cours des 10 albums relatant ses aventures, les lectrices et les lecteurs ont pu constater que la vie de Dad ne s’apparentait pas à un long fleuve tranquille. Une fille quasi-adulte, deux adolescentes et un bébé chargent le quotidien de notre héros qui se multiplie pour assurer les courses, la lessive, la promenage quotidienne du toutou, ou le ménage, tout en tentant d’assurer une carrière d’acteur qui ne décolle pas. Et, lorsque notre père de famille s’absente sur une bonne moitié des pages de l’album, c’est tout un monde qui s’effondre. La petite Bébérénice « disjoncte » face à la privation d’un père auquel elle est follement attachée et ses grandes sœurs se révèlent peu efficaces pour assurer la relève des tâches domestiques : des pâtes à tous les repas et un appartement qui se dégrade au fur et à mesure que l’absence se prolonge.

Page 4 de Multi Daddy — © Dad – Nob – Dupuis

D’un autre côté, n’allez pas croire que tous les hommes de la série soient des super-héros. Il suffit de constater la dépendance de Papy incapable de se débrouiller en l’absence de son épouse et qui doit donc compter sur le soutien de son fils, Dad. Comme toujours, Nob nous brosse, avec beaucoup d’humour, le portrait d’un père débordé par une vie familiale intense.

Page 5 de Multi Daddy — © Dad – Nob – Dupuis

Des expressions vivantes

Le dessin tout en rondeur de Nob lui permet de nous proposer des personnages toujours plus expressifs. Mention spéciale pour Bébérénice qui joue à la perfection son rôle de bébé : ses traits, ses mimiques, son langage corporel et verbal rappelleront de grands souvenirs à tous les lectrices et lecteurs passés par l’immense responsabilité qui incombe aux jeunes parents. Si Dad est un « grand » comédien, nul doute que les autres personnages de la série sont également de véritables interprètes au point que chacune et chacun qui découvre l’album y trouvera un personnage qui lui ressemble.

Page 6 de Multi Daddy — © Dad – Nob – Dupuis

Pour ce 10e album, pas de variante de couverture proposée comme pour l’album précédent. Toutefois, la recette qui a fait le succès de la série reste la même : une succession de gags originaux qui aborde avec humour, mais également avec beaucoup de tendresse et d’espièglerie, la vie quotidienne de cette famille sans maman.