Matteo Ricci, Dans la Cité interdite

Avec Matteo Ricci, Jean Dufaux et Martin Jamar lèvent un coin du voile sur un personnage méconnu qui participa activement à christianiser la Chine du XVIe et XVIIe siècle. Entre découverte de la Cité interdite et complots pour s’attirer les faveurs de l’empereur et éliminer cet encombrant prêtre, le lecteur est invité à découvrir la vie de cet ingénieux jésuite italien.

Couverture de Mattéo Ricci Dans la Cité interdite
© Matteo Ricci – Jean Dufaux et Martin Jamar – Dargaud

Il y a 4 siècles, la Chine est un empire méconnu des occidentaux. Natif de Macerata, en Italie, le jeune jésuite Matteo Ricci quitte son pays en 1577 pour voyager en orient. Son parcours le mène à Goa, Macao et enfin en Chine.

À l’origine, l’histoire est une demande du Centre Religieux d’Information et d’Analyse de la BD (CRIABD) situé à Bruxelles. S’inspirant de faits réels tirés des rares biographies existantes, Jean Dufaux (scénario) et Martin Jamar (dessin) nous embarquent à la découverte d’un personnage méconnu dans nos contrées. Pourtant, ce voyageur laissa une marque visible, encore aujourd’hui, dans l’empire du milieu. En effet, Matteo Ricci, fin connaisseur de la langue chinoise, érudit, avec des connaissances en astrologie, horlogerie et philosophie, contribua à diffuser le savoir de l’occident et posa les premières bases de la chrétienté en Chine. Il participa à “l’ouverture vers les autres cultures, vers d’autres enseignements, le respect de l’éthique de chacun, le souci de ne rien imposer ni forcer.”

Planche 1 de Mattéo Ricci Dans la Cité interdite
© Matteo Ricci – Jean Dufaux et Martin Jamar – Dargaud

Le scénario de Jean Dufaux débute en 1601, alors que le prête circule dans les abords de la Cité interdite en vue de rencontrer le fils du ciel, c’est-à-dire l’empereur de Chine en personne. Dans sa quête, le jésuite se heurte à une difficulté qu’il ne soupçonnait pas : les intrigues de courtisans désireux de maintenir leurs influences auprès du fils du ciel en se débarrassant d’un concurrent venu de l’occident. Menaces, corruptions, chantages, tout est bon pour éviter que Matteo Ricci ne parvienne à ses fins. Au-delà de faits historiques incontestables, le prolifique scénariste (notamment de la belle Jessica Blandy) saupoudre son histoire d’éléments romanesques et de personnages de fiction, fruits de son immense imagination. Le tout donne de l’épaisseur au récit tout en respectant le cadre historique initial.

Planche 2 de Mattéo Ricci Dans la Cité interdite
© Matteo Ricci – Jean Dufaux et Martin Jamar – Dargaud

Au dessin la tâche de Martin Jamar s’avérait ardue. Il s’agissait de restituer au mieux les décors, les vêtements et autres éléments historiques d’une Chine qui n’était alors qu’un territoire mystérieux, peu connu des occidentaux. Le trait du dessinateur donne corps aux expressions et aux caractères des différents protagonistes de l’histoire, qu’il s’agisse de Matteo Ricci en personne, de courtisans, d’alliés ou adversaires, ou encore de l’impératrice. Une seule personne échappe au trait de Martin Jamar : l’empereur qui ne se laisse pas voir, ou le temps d’une petite case, dissimulé derrière une grille.

Planche 3 de Mattéo Ricci Dans la Cité interdite
© Matteo Ricci – Jean Dufaux et Martin Jamar – Dargaud

Si Matteo Ricci est un personnage hors du commun, au caractère bien trempé et haut en couleur, ces dernières participent pleinement à restituer l’ambiance de la chine impériale du XVIIe siècle. Une précision qui se reflète dans les vêtements, le mobilier et les bâtisses qui parsèment la Cité interdite. Le lecteur attentif s’intéressera aux nombreux détails distillés sur les costumes qui participent à la crédibilité de l’histoire, même lorsque certaines ficelles de l’intrigue sont un peu forcées.

Planche 4
© Matteo Ricci – Jean Dufaux et Martin Jamar – Dargaud

Après Saint-Vincent de Paul et Charles de Foucauld, Jean Dufaux et Martin Jamar se sont associés pour réaliser une troisième œuvre autour d’un personnage de la chrétienté. Ainsi, même si le récit est un brin romancé, il n’en reste pas moins un document pédagogique pour tout lecteur qui souhaite s’ouvrir à de nouvelles histoires, que l’on soit croyant ou non. La vie de Matteo Ricci est à l’image de ces voyageurs historiques dont le plus célèbre est Marco Polo : intrépides, courageux et surtout des diplomates accomplis qui surent bâtir des ponts entre les cultures de l’occident et de l’extrême orient.

Planche 5
© Matteo Ricci – Jean Dufaux et Martin Jamar – Dargaud

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

  • Scénario : Jean Dufaux
  • Dessin : Martin Jamar
  • Couleurs : Martin Jamar
  • Éditeur : Dargaud
  • Date de sortie : 16 septembre 2022
  • Pagination : 54 en couleurs

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