La Venise des Louves

Dans une Venise corrompue par une fantaisie macabre, Aurélie Wellenstein nous entraîne dans une lutte pour la vengeance. Accompagnés des superbes dessins d’Emanuele Contarini, colorisés par Alice Scimia, nous suivons dans cette aventure pleine de secrets une meute particulièrement enragée. C’est sur ces prémices que débute La Venise des Louves.

Couverture de l'album La Venise des Louves — © La Venise des Louves – Emanuele Contarini et Aurélie Wellenstein – Drakoo

Au monde fantastique, les codes du réel.

Dans la lagune de Venise les habitants vivent paisibles et prospères. La vie suit son cours jusqu’au jour où tout bascule. Au milieu du marché, en pleine journée, explose ce qu’on allait nommer la bombe D. Dans une explosion spectaculaire, elle déferle sur la ville détruisant tout sur son passage. Du moins, elle détruit les espoirs de tous ce jour là. Dans une fumée verdâtre, épaisse brumeuse et dangereuse, elle prend la forme d’un supplice de 4 manières distinctes, ainsi nos 5 héros voient dès lors leur vie basculer à jamais.

Page 3 de l'album La Venise des Louves — © La Venise des Louves – Emanuele Contarini et Aurélie Wellenstein – Drakoo

Ce jour là Renzo, pianiste émérite et amoureux de musique, perd son bras par la dévoration (effet de la bombe D qui efface la partie qu’elle touche). Ayant perdu toute raison de vivre, il compose alors une équipe avec celles qui deviennent dès lors les quatre louves de sa meute. Touchées chacune par divers effets de la bombe D (dispersion, démence distorsion et dévoration), Nera et Bianca se retrouvent liées par un lien invisible qui les empêcherait à tout jamais de s’éloigner l’une de l’autre sous peine d’en mourir. Alessia quant à elle reçoit le « don » de prémonition. Enfin, Calliope, la hargne à l’état pur, subit un sort bien plus macabre et douloureux encore.

Page 4 de l'album La Venise des Louves — © La Venise des Louves – Emanuele Contarini et Aurélie Wellenstein – Drakoo

Au travers de leur rencontre, ils s’efforcent tant bien que mal d’échafauder des plans pour un jour traverser et rejoindre l’île noire à l’écart de toutes les autres.

Depuis la première attaque à la bombe D, des gondoliers, venus de cette île si obscure, imposent aux habitants un impôt colossal sous peine de vivre toujours plus d’attentats dévastateurs en leur terre. Un climat de terreur règne, la famine devient commune dans la lagune. Sous des manteaux et des masques, ces personnages quasi fantasmagoriques semblent par les dessins d’Emanuele Contarini ressembler à Charon naviguant sur le styx. Un voile sombre s’abat toujours sur la ville, et les nuances de bleus ne sont relevées que par les infimes halos de lumière dont Alice Scimia ravive les couleurs sur les planches de l’ouvrage.

Page 5 de l'album La Venise des Louves — © La Venise des Louves – Emanuele Contarini et Aurélie Wellenstein – Drakoo

Mais au cœur de ce monde fantastique terrifiant, les diverses inspirations du réel d’Aurélie Wellenstein, ponctuent l’histoire. Ainsi, au travers de cette Venise fictive, ses codes transparaissent. A Venise, fête et carnaval vont bon train, ainsi notre héros, musicien meurtri y joue ici un rôle central. Accompagné de sa meute de louves, masquées comme à l’accoutumée au carnaval, où faux-semblants, tourments et duperies sont de mise pour chacun. On y retrouve également l’état d’éveil nocturne de la ville aux canaux. Au travers de la perdition du gigantesque carnaval, robes de bal et costumes s’élancent grâce aux superbes dessins de Contarini. La nuit rythme d’ailleurs notre histoire. Au creux même du crépuscule, nuances de gris et bleus rendent aux duperies leur superbe.

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De la part d’ombre, l’instinct primaire renaît.

Depuis le premier attentat, nos cinq héros n’ont qu’une idée en tête, se venger. Pour tout ce qu’ils ont perdu, pour tout ce qu’on leur prend encore, seule leur colère leur permet de tenir le cap pour poursuivre leur quête de vengeance.

Le jour de la catastrophe, chacun voit s’envoler une part de lui, l’humanité de la meute semble se déliter jour après jour tant les sentiments sombres et la détresse les harassent à chaque instant. Si l’ombre régit et guide notre histoire, les manières de survivre tendent elles vers l’illégalité. Entre vols et jeux d’argent, violence et duperie, tout semble ramener à se corrompre soi même.

Page 7 de l'album La Venise des Louves — © La Venise des Louves – Emanuele Contarini et Aurélie Wellenstein – Drakoo

Mais en trouvant du réconfort les uns auprès des autres, Enzo et les quatre louves deviennent la meute. Aurélie Wellenstein et Emanuele Contarini, au travers de ses masques, détaillés pour chacun de nos héros, semblent porter l’accent sur la bestialité que la colère engendre. Cette même bestialité qui vous tient en alerte et vous maintient en vie autant qu’elle vous consume. Cette même bestialité qui guide vers la vengeance et qui pourtant, les a réuni eux, ensemble.

Page 8 de l'album d'Emanuele Contarini et Aurélie Wellenstein — © La Venise des Louves – Emanuele Contarini et Aurélie Wellenstein – Drakoo

La Venise des Louves est une formidable histoire où Aurélie Wellenstein nous transporte, dans les méandres d’un monde désolé, au cœur de l’humanité. Avec le dessin subtil et précis de l’artiste italien Emanuele Contarini et les couleurs comme phare dans la nuit du récit, réalisées par Alice Scimia, ce conte moderne vous embarquera dans la quête de vengeance qui parfois mène à des réponses auxquelles on ne s’attend pas.