Interview de Christophe Bertschy à l’occasion de la sortie du tome 25 de Nelson “Mauvaise graine”

À l’occasion de la sortie du nouvel album de la série Nelson, le créateur du petit diable orange, Christophe Bertschy, a accepté de se livrer au jeu de l’interview pour Les Amis de Spirou. Graphiste de formation et génie du strip drôle et potache, il nous en apprend beaucoup sur ses goûts, son travail et ses projets.

Les Amis de Spirou : Y a-t-il un humour typiquement suisse ? Pensez-vous qu’il imprègne-t-il votre œuvre ?

Christophe Bertschy : Je ne connais pas d’humour typiquement Suisse ou alors je le pratique sans m’en rendre compte, dans quel cas il faut me le dire. De plus, je ne suis pas très familier avec les autres zones linguistiques de mon pays.

Les Amis de Spirou : Quelles sont les bd qui vous ont marquées et qui vous inspirent ?

Christophe Bertschy : J’aime bien les cartoon anglo-saxons.

Les Amis de Spirou : Comment arrivez-vous à avoir assez d’énergie, chaque jour, pour créer autant de gags sur une aussi longue durée ? Il en faut de l’endurance, non ?

Christophe Bertschy : L’exercice du strip nécessite de se maintenir dans le sprint pour des gags courts et dans le marathon pour tenir sur la durée. Sport complet, pas besoin de fitness en plus.

© Nelson – Christophe Bertschy

Les Amis de Spirou : Y a-t-il des gags que vous n’osez pas vraiment faire, pour ne pas heurter ou parce qu’ils sont trop différents de ce que vous faites habituellement ?

Christophe Bertschy : Je ne me suis jamais auto-censuré, j’ai naturellement un ton assez bon enfant. En 20 ans j’ai eu quelques problèmes, surtout de malentendus. Il suffit de répondre poliment aux rares gens qui écrivent pour gueuler pour les changer en agneaux.

Les Amis de Spirou : Vous faites du dessin vectoriel. Quel programme utilisez-vous ? Cherchez-vous encore à vous améliorer en la matière ? Avez-vous déjà eu envie de tester une autre méthode de dessin pour Nelson ?

Christophe Bertschy : Je pratique le dessin vectoriel depuis 30 ans, je n’en maîtrise qu’une partie rudimentaire, qui me suffit pour ce que je cherche à exprimer. On est loin de la chapelle Sixtine. J’utilise CorelDraw, que j’ai adopté dès Corel1, (j’en suis à Corel18). Je rêve de faire un Nelson plus libre, à la main, mais pour le moment le résultat me ramène à la raison.

Les Amis de Spirou : Ça fait quand-même beaucoup de gags tout ça, y a-t-il des gens dans votre entourage qui vous soufflent des idées ou qui vous inspirent ?

Christophe Bertschy : Je travaille seul. Des mauvaises langues de mon entourage prétendent sous couvert d’anonymat que Nelson est autobiographique. C’est vrai que je me projette dans tous mes personnages (et pas que dans Nelson, n’en déplaise aux mauvaises langues sus-mentionnées).

Les Amis de Spirou : Dans votre tout dernier album, vous faites pas mal de référence à la culture populaire, c’est une façon de rendre hommage à des personnages de la culture pop que vous aimez ?

Christophe Bertschy : Dans Nelson il y a peu de références, à part quelques grosses références globales, qui servent pour mon gag ou simplement par plaisir de les dessiner.

© Nelson – Christophe Bertschy – Dupuis

Les Amis de Spirou : L’album sorti en février met pas mal l’accent sur Noël, c’est une période qui vous inspire particulièrement ? J’ai aussi l’impression que vous avez un certain intérêt pour les extraterrestres, puisqu’ils interviennent de temps en temps…

Christophe Bertschy : J’aime bien la période de Noël, qui est riche en situations de gags. Les extraterrestres aussi. Le pompon serait un père Noël extraterrestre.

Les Amis de Spirou : Avez-vous déjà eu envie de modifier l’apparence de l’un des personnages ou d’en faire intervenir de nouveaux ?

Christophe Bertschy : De nombreux personnages secondaires vont et viennent dans Nelson. Le noyau en revanche reste inchangé, à quelques détails près.

Les Amis de Spirou : Y a-t-il des projets qui vous trottent dans la tête mais que vous n’osez pas encore concrétiser ?

Christophe Bertschy : Je rêve à de nombreux projets. Je suis pris en otage par Nelson, Floyd et les autres… Après des gags en une page, j’ai fait des gags en trois cases puis en une. je vais voir jusqu’où je peux aller.

Les Amis de Spirou : Comment expliquez-vous une telle longévité de la bd Nelson ? Après tout, ce n’est pas donné à tout le monde de publier autant d’albums ?

Christophe Bertschy : Il y a parfois des moments de page blanche difficiles, mais vite surmontés par le privilège incroyable de pouvoir vivre en écrivant des gags. De plus, les éditions Dupuis en général et la rédaction de Spirou sont des endroits où une émulation salutaire et permanente.

 

Propos recueillis par Aurélie DORCHY

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