Rétro – Hollywood – T4 de Jimmy Boy

Dans l’Amérique de la Grande Dépression, ce T4 de Jimmy Boy vagabonde sur le continent, tantôt par la voie du rail, tantôt par les airs. Les aléas de sa route le mènent dans la Cité des Anges, au cœur d’une industrie cinématographique où les films parlants supplantent sans ménagement l’antique cinéma muet. Dans une aventure, format “long métrage” de près de 90 planches, Dominique David ouvre les portes de Hollywood à son jeune héros. Elle lui fait rencontrer un certain Walter dont il lancera la carrière.

Couverture du T4 de Jimmy Boy
Couverture du T4 de Jimmy Boy © Jimmy Boy – Dominique David – Dupuis

Hollywood est la quatrième aventure de Jimmy Boy, une série qui fait la part belle à l’aventure, la pure, celle qui convie le lecteur ou la lectrice à un voyage à la Jack London. Ce long récit fut publié en deux parties dans le Journal de Spirou, respectivement dans les numéros 2871 à 2280 et 2893 à 2900.

Dans l’album précédent, Robinson des Glaces – une histoire publiée sous le titre Nimbus dans le Journal, Jimmy Boy échappe de peu à la mort. Il ne doit sa survie qu’à un singe savant, prénommé Juliette, et à un aviateur un brin excentrique, Bob le vagateur. C’est ce dernier qui déniche le jeune homme, en mauvaise situation, sur un iceberg dans la mer de Béring, en Alaska. Une telle histoire de sauvetage renforce les affinités, les deux hommes se lient d’amitié. Aussi, lorsque le pilote décide de retourner à ses premières amours, le cinéma, il embarque le jeune vagabond dans ses bagages, direction Hollywood.

Page 3 du T4 de Jimmy Boy
© Jimmy Boy – Dominique David – Dupuis

Hollywood, temple de l’amour et des gangsters

Propulsé au cœur de la Mecque du 7e art, Jimmy Boy déchiche à la fois l’amour, l’amitié, du boulot et des trafiquants de drogues. Le décors est posé. Le cocktail contient les meilleurs ingrédients possibles pour proposer une aventure qui ne manque pas de piment avec, en toile de fond, la décrépitude des stars du cinéma muet au profit de ceux du parlant. Notre ex-vagabond du rail, lui, trace sa route au milieu de ce cinoche ; il en profite pour démanteler, un peu par hasard et avec beaucoup d’insousciance, un réseau mafieux qui alimente le marché local d’opium.

Page 4 du T4 de Jimmy Boy
© Jimmy Boy – Dominique David – Dupuis

Au cours de cette aventure, Jimmy Boy se fait remarquer par sa vivacité d’esprit et sa débrouillardise au sein du studio Columbia Pictures dirigé par l’irascible Harry Cohn. Cerise sur le gâteau d’un scénario riche en rebondissements : la carrière de Walter Elias Disney est lancée grâce à la projection de son court métrage La danse macabre (titre original : The Skeleton Dance) organisée par le jeune homme.

Page 5 du T4 de Jimmy Boy
© Jimmy Boy – Dominique David – Dupuis

La BD au cinéma ou l’inverse

La dessinatrice belge Dominique David nous embarque dans une histoire fragmentée à la manière du plan de tournage d’un film. Chaque plan-séquence, composé de quelques pages, est identifié par un générique qui préfigure la suite du récit. Le lecteur ou la lectrice découvre le fonctionnement de l’industrie cinématographique de ce deuxième quart du 20e siècle, en proie à de profonds bouleversements – le premier film parlant, The Jazz singer, est projeté pour la première fois en 1927. Le début de la fin pour certaines stars du cinéma muet, à la voix nasillarde, qui ont vu leur carrière s’arrêter brutalement. Les stars du parlant ont raflé lumières et richesses aux anciennes gloires du grand écran.

Page 6 du T4 de Jimmy Boy
© Jimmy Boy – Dominique David – Dupuis

La composition des planches s’imprègne totalement du scénario. En lieu et place du traditionnel fond blanc, les cases s’affichent sur un fond noir qui rappelle l’obscurité d’une salle de cinéma. Par ailleurs, l’ambiance ciné-club de l’album débute dès la deuxième page de couverture. Elle est magnifiquement illustrée d’une belle affiche qui reprend tous les codes de celles proposées dans le cinéma des années 30 : au premier plan, Jimmy Boy, sourire carnassier, enlace fermement sa jolie fiancée, Nita.

Page 7 de l'album Hollywood
© Jimmy Boy – Dominique David – Dupuis

Au delà du divertissement, Dominique David nous décrypte les dessous de l’usine à rêve, entre personnages oubliés par la fortune, ceux des quartiers pauvres qui bordent Hollywood, et gloire éphémère des acteurs ou des actrices qui tentent de percer dans un monde compliqué qui subit les contrecoups d’une crise économique qui se prolonge indéfiniment.

Page 8 de l'album Hollywood
© Jimmy Boy – Dominique David – Dupuis

La série Jimmy Boy s’arrêtera, malheureusement, avec un cinquième et dernier album, Le Chat qui fume, véritable prolongement de Hollywood. On y retrouve notre aventurier et ses amis à la tête du projet de transformation d’un cinéma muet en cabaret. Une fin qui laisse les spectactrices et spectacteurs sur leur faim puisque l’album et la série se terminent par un cliffhanger digne d’une grosse production cinématographique… Un suspense qui mériterait bien un “revival”, un dernier tour de piste pour Jimmy Boy et ses compagnons !

 

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

  • Scénario : Dominique David
  • Dessin : Dominique David
  • Couleurs : Studio Von Steinbach
  • Éditeur : Dupuis
  • Date de sortie : novembre 1993
  • Pagination : 90 en couleurs

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