Game Over, le t9 de Louca

« Aide toi, le Ciel t’aidera » dit le proverbe. Seule la deuxième partie de ce dicton s’applique à Louca, lycéen sympathique, mais étourdi, maladroit et un peu paresseux qui a vu sa vie changée lorsqu’il a croisé par hasard le chemin de Nathan, fantôme d’un étudiant au décès mystérieux. Celui-ci va l’aider à devenir un vrai footballeur, et peut-être même à sauver son école…

Couverture du t9 de Louca © Louca – Bruno Dequier – Dupuis

Dans ce 9e tome, Louca poursuit son objectif : recréer une équipe de foot pour le lycée. Pour convaincre les anciens équipiers de Nathan à accepter de le rejoindre dans ce projet, il doit les affronter dans leur sport de reconversion, tous ayant quitté le ballon rond. À l’ouverture de l’album, le dernier défi emmène notre personnage sur le terrain de « l’e-sport » où il fait équipe avec Julie, la fille dont il est secrètement amoureux. Cependant, dans l’ombre, un inquiétant tueur à gages est aux aguets et semble prêt à tout pour se débarrasser du jeune homme. Ces dangers menaçants pourraient être liés à la mort de Nathan… ainsi qu’au propre père de Louca !

Planche 3 du t9 de Louca © Louca – Bruno Dequier – Dupuis

Ce nouvel opus marque le passage de la série à une atmosphère un peu moins légère que celle des premiers tomes, où l’humour était omniprésent. À l’image de son inquiétante couverture, l’ambiance générale de « Game Over » est assez grave, voire sérieuse même si l’album reste divertissant. Les couleurs de la BD, sombres et mates, renforcent l’impression de danger, comme pour nous signifier que l’étau se resserre autour de Louca. Cela ne nuit en rien à la cohérence de l’histoire qui, si on veut bien y penser et malgré une certaine fantaisie de bon aloi tout à fait dans le style de l’école de Marcinelle, traite de sujets graves, comme la mort d’un adolescent, les manœuvres louches d’hommes supposés irréprochables et les regrets face à la fatalité.

Planche 4 du t9 de Louca © Louca – Bruno Dequier – Dupuis

Action, lourds battements de cœur, sensation d’urgence et de péril rythment donc le nouvel épisode de notre atypique joueur de foot. Cependant, malgré la relative gravité de ce dernier tome, les principes fondamentaux de la série entièrement réalisée par Bruno Dequier sont bien là. Le scénario, inventif et dynamique, n’oublie pas les incontournables, et notamment les réflexions internes parfois surprenantes de Louca. L’adolescent, comme le capitaine Haddock, a en effet pour particularité d’évaluer la situation avec son ange et son diable qui, à l’image du personnage, ont un esprit un peu particulier. La manière de faire progresser l’histoire est, comme dans les albums précédents, très réussie. On passe du danger au soulagement, de la peur à la joie, et du bonheur à l’angoisse, jusqu’à un coup de théâtre final particulièrement réussi, car imprévisible et soudain. Le dessin, expressif, vif et envoûtant est parfaitement dans « l’esprit Dupuis », tout en restant propre au trait de l’auteur.

Planche 5 du t9 de Louca © Louca – Bruno Dequier – Dupuis

Louca, au fil de cette nouvelle histoire, renforce sa stature, et gagne en confiance. Le personnage gaffeur, sorte de « M. Catastrophe » attachant sur lequel les évènements imprévisibles s’abattent, va vivre des aventures incroyables pour le faire évoluer en une sorte de héros malgré lui. À la lecture de sa nouvelle aventure, celui qui aurait pu être pris pour le fils de Pierre Richard lorsqu’on l’a découvert, devient un peu plus mature face à un destin qui, encore une fois, va lui jouer bien des tours…

Planche 6 de Game Over — Planche 6 du t9 de Louca © Louca – Bruno Dequier – Dupuis

Ce 9ème album marque la fin de la « saison 2 » de la très populaire série qui dépasse les frontières de la BD : déjà adaptée en romans, on attend prochainement un dessin animé pour TF1. On brûle d’envie de connaitre la suite, pour savoir où va nous entraîner le chemin d’un Louca particulièrement malmené, tout en sachant que celui-ci passe par « l’histoire de Nathan », qui reste pleine de mystères.