Danitza 1965 – T3 de La Fortune des Winczlav

Comment Largo Winczlav, simple enfant yougoslave, est devenu le grand Largo Winch ? Et qui sont les Winczlav ? Quelle est leur histoire ? Comment cette famille venue du Monténégro a pu devenir l’une des plus puissantes des Etats-Unis ? Comment les pions se sont-ils mis en place sur l’échiquier du destin pour qu’un homme promis à la misère puisse entrer dans la légende ? C’est l’objet de la trilogie « La fortune des Winczlav » qui trouve son épilogue dans Danitza 1965, le dernier tome.

Couverture de l'album Danitza 1965
© La Fortune des Winczlav – Philippe Berthet et Jean Van Hamme – Dupuis

Danitza 1965, l’ordre nouveau issu de la seconde guerre mondiale fonctionne à plein et les deux branches de la famille du futur « milliardaire en blue jeans » n’y échappent pas. Dans la Yougoslavie de Tito, les Winczlav connaissent les affres des populations vivant derrière le rideau de fer. Parce que son père a été résistant face au nazisme, mais au nom de l’ancien souverain Pierre II de Yougoslavie, Jovan subit les affres de la répression du pouvoir communiste et est, comme tant d’autres, exécuté alors même que sa femme Aliana vient de mettre au monde sa fille Danitza. Bien loin de là, aux USA, son cousin très éloigné Nerio Winch est le nouveau tycoon de Wall Street. Cet homme de petite taille mais à l’ambition et au cynisme sans égal, utilise toutes les occasions et force le destin pour faire fructifier son héritage, lui qui ne vit que pour les affaires et le pouvoir qu’elles apportent. Ce pouvoir, il va l’accroître par tous les moyens au fur et à mesure que les années passent sans savoir que de l’autre côté de la planète, Aliana et Danitza luttent pour leur survie dans un monde qui ne leur fait aucun cadeau. Quand et comment les deux côtés de la famille vont se réunir ? Dans sa vie personnelle comme dans ses affaires, Nerio Winch va devoir forcer le destin.

Page 3 de l'album Danitza 1965
© La Fortune des Winczlav – Philippe Berthet et Jean Van Hamme – Dupuis

Aux origines d’un héros de légende

Ce troisième et dernier tome de « La fortune des Winczlav » lève le voile sur l’adoption de Largo Winch, l’héritier le plus célèbre de la BD. A travers le destin contrarié de Danitza et l’ascension fulgurante de Nerio, Jean Van Hamme finit avec brio de raconter les origines de celui qui a été son premier héros. Avec « Danitza 1965 », le scénariste entraîne son lecteur dans les soubresauts de la deuxième partie du 20ème siècle en utilisant toutes les ficelles d’une saga réussie : amour, gloire, déchéance, trahison, pièges de la destinée et vicissitudes du monde en pleine guerre froide. Si l’histoire, sans temps mort et très prenante, narre une épopée sans pareille, la forme du récit ajoute au scénario une lisibilité tout à fait bienvenue à un ensemble extrêmement riche et dense, les différentes péripéties des Winzclav s’étalant sur près de 40 ans. Sans utiliser de récitatifs ni multiplier le nombre de cases par page, Van Hamme propose un découpage ultra clair, précis et parfaitement lisible, rendant l’ouvrage encore plus rythmé et permettant au lecteur de passer avec facilité d’une scène à l’autre ou d’un flash-back au moment présent. Et il le fait en distillant ça et là différentes références à la série « Largo Winch » sans jamais s’y référer de trop près ou faire de mentions précises aux intrigues qui y sont développées. On y parle ainsi de Sullivan, de Sarjevane, de Pennywinkle ou bien encore, de l’année de naissance de Largo Winch, 1990, qui est précisément la date de sortie de « L’Héritier », premier tome de la collection. En revanche, le lecteur assidu et passionné pourra trouver quelques incohérences avec certains éléments des premiers albums de Largo… A vous de jouer !

Page 4 de l'album Danitza 1965
© La Fortune des Winczlav – Philippe Berthet et Jean Van Hamme – Dupuis

Une trilogie classique réussie

Le dessin de Berthet, clair, précis et tout à fait abordable, ajoute encore plus de lisibilité et de fluidité à une BD qui se lit d’un trait. Le dessinateur, parfaitement à l’aise, rend une copie sans faute et s’approprie parfaitement l’univers souvent dur, mais parfois aussi touchant, de la destinée des Winczlav. Il ajoute lui aussi quelques clins d’œil à son travail notamment lorsqu’il croque Van Hamme en conseiller de Nerio Winch. A noter que le même Van Hamme apparaît dans la série « Largo Winch » en tant qu’avocat du héros ! Les couleurs de Dominique David accompagnent avec bonheur le dessin et renforcent le pouvoir d’attraction que le lecteur sent en ouvrant la BD.

Page 5 de l'album Danitza 1965
© La Fortune des Winczlav – Philippe Berthet et Jean Van Hamme – Dupuis

« Danitza 1965 » clôt ainsi la « Fortune des Winczlav ». L’ensemble, s’il reste évidemment, et c’est voulu, classique, permet au lecteur de s’imprégner dans une histoire rappelant les grandes épopées feuilletonnesques. En refermant l’ouvrage, on ressent la petite tristesse de penser que c’est déjà fini. Si Largo a une vie incroyable, celle de ses ancêtres n’est pas mal non plus !

Page 6 de l'album Danitza 1965
© La Fortune des Winczlav – Philippe Berthet et Jean Van Hamme – Dupuis

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album Danitza 1965

  • Scénario : Jean Van Hamme
  • Dessin : Philippe Berthet
  • Couleurs : Meephe Versaevel
  • Éditeur : Dupuis
  • Date de sortie : 29 septembre 2023
  • Pagination : 64 en couleurs

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Page 7 du tome 3 de La Fortune des Winczlav
© La Fortune des Winczlav – Philippe Berthet et Jean Van Hamme – Dupuis