American Circus – T3 de Michel Vaillant Histoires courtes

Michel Vaillant est sans doute le pilote le plus titré de l’histoire du sport automobile. Ses victoires sont légion et, bien que français, elles ne se limitent pas au continent européen. Une grande partie de sa gloire et de ses lauriers a en effet été conquise aux Etats-Unis, dans à peu près toutes les disciplines où il est question de volants et de moteurs. American Circus, le tome 3 de la collection dérivée « Histoires Courtes » s’attache à revisiter quelques histoires du clan Vaillant outre Atlantique.

Couverture de l'album American Circus — © Michel Vaillant – Jean Graton – Dupuis

Un américain nommé Michel Vaillant

Le pays de l’oncle Sam est présent dans les aventures de Michel Vaillant dès les débuts de la série, en 1957. Synonyme alors d’une sorte d’Eldorado, les USA représentaient le rêve, l’accomplissement et un certain exotisme pour le lecteur des journaux de BD du vieux continent. Dans les premiers albums, les pilotes américains que rencontraient Michel Vaillant étaient représentés de façon ultra caricaturale : grands, musculeux, cools, décontractés et imperméables au danger, ce qui impressionnait le jeune français. Peu à peu, Michel Vaillant s’est lui-même affirmé et est devenu plus sûr de lui, n’hésitant pas à défier les américains sur leur propre sol, aidé en cela par son meilleur ami, le texan Steve Warson. Le pilote est même devenu une réelle star pour les lecteurs et, à l’orée des années 70, un incontournable du journal Tintin dont le rédacteur en chef, Greg, redemandait sans cesses des histoires. Entre deux albums, Jean Graton a donc produit nombre d’histoires courtes, et, fidèle à l’esprit de la série, a entraîné son héros dans la grande Amérique dans plusieurs d’entre elles.

Page 4 de l'album American Circus — © Michel Vaillant – Jean Graton – Dupuis

Le sport auto comme on ne l’avait jamais vu

Quatre des mini-récits de cet album sont spécifiquement dédiés aux courses américaines. On y voit ainsi Michel et ses amis tenter la victoire dans des compétitions purement locales, en insistant sur le fossé culturel existant alors entre l’Europe et les USA, où les pilotes sont écrits comme de véritables aventuriers sans foi ni loi agissant encore comme des personnages de western. Les Vaillante sont ainsi engagées dans des épreuves de Stock Cars, de CAN-AM, et on y présente aussi des dragsters. Toutes ces compétitions, aujourd’hui familières aux fans de sports autos, n’étaient alors pas connues des européens, et Graton utilise ses personnages ainsi que de longs narratifs pour les faire connaître aux lecteurs. Les scénarios de ces petites histoires sont ainsi basiques, sans véritable fil directeur autre que la course, la course, la course. Ici, point d’aventures et d’intrigues hors des circuits ou de développement sur la famille ou la vie sociale de l’époque, Michel Vaillant et surtout Steve Warson sont en quelques sortes des reporters au service d’un lecteur avide d’action pure et dure.

Page 5 de l'album American Circus — © Michel Vaillant – Jean Graton – Dupuis

Le charme désuet d’un héros « fort, courageux et loyal »

Les six autres mini aventures de l’album sont plus classiques et entraînent Michel Vaillant et sa bande sur les circuits de formule 1 et les routes de rallyes. Si les scénarios sont ultra classiques et presque simplistes, ils peuvent être lus de différentes manières. Le lecteur passionné y verra un charme désuet de la bande dessinée (façon « gaufrier » avec un texte omniprésent) mais aussi des courses, où l’aspect stratégique (Michel est novateur en appelant la radio belge pour savoir s’il doit ou non monter des pneus pluie…) et technique (on chronomètre les bolides avec un chronographe manuel) fait figure d’antiquité ! Le néophyte, lui, découvrira un univers attachant où les valeurs de courage, d’effort et d’amitié sont régulièrement soulignées. Tous ne pourront que rester sous le charme du travail de Jean Graton, qui, même si son trait est plus rapide et moins appliqué que pour un album complet, sait embarquer le lecteur dans ses histoires et faire de ses personnages des camarades et amis.

Page 6 de l'album American Circus — © Michel Vaillant – Jean Graton – Dupuis

Au final, ce tome 3 des « Histoires courtes » de Michel Vaillant est une bonne occasion de (re) découvrir des petites histoires d’un héros ultra populaire et sympathique. Connues pour avoir déjà été publiées dans différents albums de la collection, comme le « Spécial Michel Vaillant » de 1970 ou le tome 60 « Victoires oubliées » de 1997, les mini-récits de l’album sont accompagnés d’une petite histoire inédite de 2 pages, préquel allemand à l’aventure mythique « Le 13 est au départ ». De quoi ajouter du cachet à cet « American Circus » qui possède le charme des classiques à la fois rassurant et enthousiasmant. Michel Vaillant n’en a pas fini d’écrire sa légende !