Les 100 Derniers Jours d’Hitler
Alors que les bandes dessinées abordant l’Histoire, en général, et la seconde guerre mondiale en particulier ne manquent pas, le scénariste Pécau, anciennement professeur d’histoire, et les dessinateurs Andronik et Mavric adaptent avec Les 100 Derniers Jours d’Hitler, le document de Jean Lopez retraçant les derniers mois d’Adolf Hitler.

Lundi 15 janvier 1945. L’offensive allemande dans les Ardennes est un échec. Hitler quitte son quartier général sur le front de l’Ouest pour rejoindre la chancellerie à Berlin. Il y restera jusqu’à son suicide avec sa maîtresse Eva Braun, le lundi 30 avril.
Entre-temps alors que plusieurs de ses proches tentent de lui faire comprendre que la guerre est perdue et qu’il faut négocier avec les alliés, Hitler sombre dans le déni et la folie.

Des journées meurtrières
Quel besoin y a-t-il à mettre en scène les trois derniers mois de la guerre en Europe ? Les allemands reculent et les alliés, surtout les soviétiques, avancent inexorablement vers Berlin.
Sauf qu’Hitler n’est pas resté assis dans son bunker à attendre la mort. Il a continué à donner des ordres absurdes et tourner sa colère contre ses propres soldats, généraux et sa population. Ainsi, les derniers jours de guerre seront les plus meurtriers du conflit.

L’album montre tout cela : des contre-attaques allemandes de la dernière chance qui ne pouvaient aboutir, des soldats démoralisés mais obligés de rester sur le front sous peine d’être fusillés, les prisonniers des camps de concentration évacués dans un froid polaire, etc…
Jean-Pierre Pécau fait preuve de beaucoup de pédagogie et de clarté dans son scénario. Le début de l’album fonctionne sur le principe « une planche = un jour » avec une date mise en exergue qui égrène le fil des jours ainsi que la détérioration de la situation. Les lieux et les événements sont également bien expliqués. Le lecteur n’est donc jamais perdu entre les deux fronts et le grand nombre de personnages.

L’effet musée Grévin
L’aspect graphique a été confié à deux dessinateurs Bosniaques : Filip Andronik et Senad Mavric. Tout comme Pécau, ce sont des habitués des bandes dessinées historiques, ayant déjà signé des albums comme : « L’Homme de l’année » et « Machines de guerre ».
S’il y a une réelle fidélité aux traits des personnages historiques, le lecteur les trouvera dans certaines planches figés comme des statues de cire du musée Grévin. L’effet saute particulièrement aux yeux lors d’un discours radiophonique de Goebbels le 23 avril. Le second d’Hitler prend une pose rigide bien ridicule.
Parlons tout de même du travail de reconstitution de certains décors (la chancellerie principalement) et des uniformes qui raviront les amateurs d’histoire militaire.

Une œuvre pédagogique
En adaptant le livre de Jean Lopez, Jean-Pierre Pécau participe au travail de mémoire. L’album aborde les conséquences de la folie d’un homme : des sacrifiés en raison de croyances folles, d’honneur mal placé et d’ordres de plus en plus violents. La clarté du scénario et du découpage permettent de ne jamais perdre le fil.
Visuellement, le lecteur regrettera l’effet « Musée Grévin » de certaines cases mais appréciera le travail de reconstitution. Les couleurs confiées à Jean Verney font leur office et collent à la réalité historique.
Une dernière chose : l’album compte au moins deux erreurs de phylactères. Par exemple : page 62, un personnage répète l’encadré de la case précédente. Voilà qui ne fait pas très sérieux pour une grande maison d’édition comme Delcourt.

Chronique écrite par Frédéric P.
Informations sur l’album
- Scénario : Jean-Pierre Pécau
- Dessin : Filip Andronik et Senad Mavric
- Couleurs : Jean Verney
- Éditeur : Delcourt
- Date de sortie : 14 février 2024
- Pagination : 110 en couleurs