Lumumba

Éphémère homme d’État congolais, principale figure de l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC) dans les années 60, la vie de Patrice Lumumba a inspiré son compatriote Asimba Bathy qui lui a consacré une biographie en bande dessinée.

Couverture de l'album Lumumba — © Lumumba – Asimba Bathy – Les éditions du Crayon Noir

2 juillet 1925. À Katako-Kombe, dans la province du Sankuru alors possession du royaume de Belgique, sous le nom de Congo belge, naît le petit Isaïe Tasumbu Tawosa. Le village célèbre l’arrivée du nourrisson qui connaîtra un destin particulier en devenant l’un des principaux artisans de l’indépendance de son pays face à l’oppression colonialiste. En effet, derrière ce nom de naissance, se cache celui nettement plus connu de Patrice Lumumba.

Cette BD retrace le destin hors norme de l’éphémère Premier ministre de la République Démocratique du Congo – RDC – (de juin à septembre 1960) assassiné en 1961 à l’âge de 35 ans par ses ennemis politiques. Il fut victime de son attachement à l’indépendance de son pays, à l’instar de nombreux leaders africains qui se tournaient alors vers une prise en main du destin de leur territoire.

Le jeune Tawosa a grandi avec l’image que son ethnie, “le peuple Tetela, n’est pas fait pour être esclave”. Ainsi, la traduction de ce mantra dans sa langue natale, “Ana otetela kema fumbe” résonne comme une ritournelle dans l’esprit du futur leader politique. L’oppression belge est permanente, elle débute dès l’entrée du jeune homme à l’école catholique des missionnaires qui modifient son prénom « Lomomba » en « Lumumba » car c’est plus facile à prononcer pour les religieux belges.

Page 3 de l'album Lumumba — © Lumumba – Asimba Bathy – Les éditions du Crayon Noir

Conscience politique

Tout au long du récit, on suit le parcours de Patrice Lumumba, de son instruction à l’école à sa prise de conscience politique acquise lors des différentes phases de son parcours professionnel : il travaillera comme clerc dans une société minière, puis comme journaliste et employé des postes. Chaque étape de sa carrière lui forgea une conscience politique, l’amenant à créer le Mouvement National Congolais (MNC) avec lequel il gagna les élections le propulsant au tout nouveau poste de Premier ministre.

Le récit ne comportant que 32 pages, on regrette les éclipses temporelles qui escamotent un large pan de la vie du leader africain, fervent combattant du fédéralisme et chantre de l’union entre les différentes ethnies, seule manière, pour lui, de lutter contre l’oppresseur. Néanmoins, les lecteurs et les lectrices découvriront les différentes facettes de Patrice Lumumba et notamment du combat qu’il mena jusqu’à l’indépendance de son pays, en y sacrifiant sa vie.

Page 4 de l'album Lumumba — © Lumumba – Asimba Bathy – Les éditions du Crayon Noir

Une envie de liberté

Le dessinateur congolais Asimba Bathy est né en 1956, l’année où Patrice Lumumba est jugé et condamné à un emprisonnement d’un an pour malversation financière. Une condamnation qui pèsera lourd dans la suite de son combat politique. Le dessin d’Asimba est dur, mais aspire les lecteurs et les lectrices pour les amener à prendre fait et cause pour les peuples oppressés. La mise en page est plaisante et aérée, avec une mention particulière pour l’évocation subtile de l’assassinat de Patrice Lumumba. Cet épisode est relaté sans montrer aucune violence.

Comme mentionné plus haut, sans doute qu’une BD retraçant la vie de l’un des premiers « héros national » de la toute jeune République démocratique du Congo aurait mérité plus de profondeur, mais c’est un premier pas pour découvrir les dessous des conditions de l’indépendance de ce pays africain qui connaît, aujourd’hui encore, dans l’actualité internationale, des soubresauts inquiétants pour son avenir.

La BD africaine est encore méconnue, toutefois, elle a profité ces dernières années du développement d’Internet pour se montrer et se développer. Gageons qu’Asimba Bathy nous amènera à découvrir, avec le même enthousiasme, d’autres aspects méconnus de son pays de naissance.