De cette belle et productive année 2022, nous avons sélectionné dix albums ! Chacun des membres de l’équipe qui a bien voulu jouer le jeu, a raconté son album ! Découvrez-les dès maintenant !
« « Ce que nous sommes » est un album d’anticipation dystopique comme on en voit peu : d’une clairvoyance et d’une intelligence rares, le propos de Zep (dont c’est le 4ème roman graphique chez Rue de Sèvres) pousse jusqu’à l’absurde tous les signes inquiétants de notre société hyper connectée – Wikipedia, Google, Metaverse, Neuralink… – pour constituer une allégorie féroce où la technologie se montre dans toute son inhumanité et sa vulnérabilité aux conséquences désastreuses. L’auteur fait passer son héros du paradis numérique (réalité virtuelle, connaissance universelle téléchargeable dans un implant neuronal…) à l’enfer antédiluvien du cerveau classique et bêtement naturel, suite au piratage de son cloud, pour montrer la grandeur et décadence de l’homme hybride rêvé par les transhumanistes. Le résultat, en lui-même intrinsèquement effrayant, en est d’autant plus perturbant qu’il est, en fait, parfaitement plausible. »
« Qui n’a jamais rêvé de voyager dans le temps ? Qui n’a jamais imaginé voir se dérouler sous ses yeux les différents mythes et légendes dont regorgent nos livres d’histoires ?
C’est ce que se disent nos trois compères que sont Phil, Frantz et Bernard, des spécialistes de la bête de Gévaudan, Bèstia comme on le disait en occitan et qui défraya la chronique (anachronique) de 1764 à 1767 en Lozère. Histoire qui remonta jusqu’aux oreilles de notre roi Louis XV.
Dans cette BD dans la pure tradition Franco-Belge, retrouver ce premier tome qui est le début de ce qui sera une décalogie. Ce qui m’a plu c’est de suivre les aventures de ce trio aux personnalités différentes où le comique est toujours présent tout en reposant sur une base de véracité historique solide. Une BD à lire et à relire pour découvrir les nombreux détails qui prennent sens tant la gestion temporelle est bien gérée.
C’est donc pour moi un véritable plaisir de lecture qui se poursuit dans le temps, avec des rires, des rebondissements et de l’émotion. »
« Dans cet album, José Luis Munuera et les BeKa nous entraînent dans un univers profondément étonnant. Il s’agit du Sud des États-Unis d’avant la Guerre de Sécession, où les robots ont remplacé les esclaves noirs. Entre rétro-futurisme et éléments désuets, le monde mis en scène par les auteurs surprend et interroge sur notre propre présent, notre rapport à l’autre, à la technologie et notre éthique. José Luis Munuera, qui a souvent dessiné des robots, est ici complètement dans son élément pour sublimer le propos et donner une atmosphère particulière à l’histoire. »
« Nous sommes en 1683, la Reine Marie Thérèse d’Autriche vient de décéder et Louis XIV ne vas pas tarder à se remarier avec Madame de Maintenon.
Les complots reprennent donc à Versailles. Cécile et Guillaume les deux héros se retrouvent à la création de ce que l’on appellera plus tard « La maison des filles de la Légion d’honneur ». Elle fut créée par Madame de Maintenon pour l’éducation des jeunes filles.
Ce que j’ai aimé dans cet album, ce sont surtout les couleurs vives et la trame historique. »
« Dans cette nouvelle enquête de Jérôme K Jérôme Bloche, notre détective préféré fait la rencontre d’une certaine Rebecca en robe de mariée et au bord du suicide, qui va lui faire complètement tourner la tête. Et même quand tout est résolu et que Jérôme K Jérôme Bloche s’apprête à s’engager avec Babette, ce n’est pas une lune de miel qui s’ensuit…
Ce tome paru en 2022 est un vrai cadeau ! Dans ce thriller psychologique, Alain Dodier nous gâte avec des plans sophistiqués et variés, un scénario fondé sur un cas de manipulation pimenté et crédible, qui exploite une faille bien connue du couple-phare et des dialogues savoureux, jamais fatigants. Tous les voisins de Jérôme K Jérôme Bloche sont de la partie, prêts à lui prêter main-forte, et malgré le nombre important de personnages, jamais un élément de l’histoire ne paraît trop rapidement esquissé ou inutile ! »
« Pays Noir, c’est le récit narrant les deux siècles d’histoire d’un trou situé dans le plat pays. La mine du Bois du Cazier se raconte et, à travers ce bavardage minéral, invite le lecteur à se remémorer ses leçons d’histoire. On y redécouvre l’appétit de la révolution industrielle pour une source d’énergie, alors populaire, ou encore la naissance de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).
Pays Noir, c’est une chronique sociale abordant les conditions de travail de la classe ouvrière (incluant le travail des enfants, puis son interdiction progressive), l’immigration italienne de masse et le racisme qui en découle, les comportements héroïques des mineurs de la Belgique occupée ou la tragique catastrophe du 8 août 1956 qui avala 262 mineurs.
Enfin, Pays Noir, c’est un devoir de mémoire entrepris par les fils de la mine – ces fameuses Gueules noires – qui désiraient laisser une trace au moins aussi longue que fut la genèse du charbon dans les entrailles de notre planète. Ces enfants de la terre ont souhaité que la mine du Bois du Cazier devienne « un site de conscience pour la sécurité au travail et les migrations ». En 2012, la mine est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
C’est pour toutes ces raisons que ce voyage pédagogique de 200 ans , finement raconté et dessiné par Sergio Salma et Amelia Navarro, figure au top de mes lectures de cette année 2022. Ce récit participe à la reconnaissance et à la connaissance de ce qu’est l’exploitation du charbon à l’heure ou l’on parle crise énergétique et de réouverture de mines. »
« Ce roman graphique est le récit de la correspondance entre l’autrice, Valentine Cuny-Le Callet, et Renaldo McGirth, un jeune homme emprisonné dans le couloir de la mort, aux Etats-Unis. C’est une lecture dont on ne sort pas indemne. Le livre est très dense, plus de 400 pages, et oblige le lecteur à réfléchir sur la peine de mort, les absurdités et maltraitances du système carcéral américain, le racisme systémique qui fait que la plupart des condamnés à mort sont des afro-américains… mais aussi sur le sens de l’existence, sur le rôle de l’art… Le livre est aussi une claque visuelle, avec les dessins au crayon ou les gravures sur bois de Valentine, tout en noir et blanc, accompagnés de quelques dessins que Renaldo a pu lui faire parvenir. »
« J’ai aimé l’histoire car dès le début on entre dans l’ambiance de ce monde étrange où des loups sont à la fois humains. Ils ont formé une communauté avec des règles bien établies sur l’héritage. Les loups peuvent, à la pleine lune, choisir d’être garçon ou fille. Pédigré, amené à hériter de son père, doit rester un garçon. Mais, il veut rester une fille. Elle va devoir fuir pour conserver son identité actuelle. Des guerres vont se déclarer entre clan… J’ai hâte de lire le tome 2. »
« On connaît tous ces vacances d’été un peu trop longue. Nous n’avions pas tous l’occasion de partir en vacances et, quand on était plus jeune, devoir rester à la maison pouvait s’avérer être affreusement ennuyant. C’est le cas pour Lulu qui passe ses vacances à traîner dans son jardin dans une petite maison de banlieue.
C’est un petit garçon tout ce qu’il y a de plus normal il aime jouer à la poupée, se tartiner le visage de rouges à lèvres et qui rêve d’embrasser son voisin. On peut dire que c’est le début des premiers émois amoureux pour ce petit être. Dans la chambre, nous avons Cam, sa sœur, qui est en pleine adolescence. Son petit copain passe par la fenêtre et ils explorent tous les deux les premiers pas de leur sexualité. Dans la cuisine, nous avons leur mère et leur père qui n’est pas là, qui est absent, et cette histoire d’amour qui semble se délier et s’amenuiser petit à petit.
Tout au long du livre, nous suivons ces trois histoires d’amour, qui évoluent le temps d’une journée, avec le regard du lecteur. L’histoire est bien menée et, finalement, c’est un livre qu’on prend plaisir à découvrir, tout en douceur, avec des sujets que l’on peut apprécier, ou un peu moins, mais qui sont toujours amenés avec beaucoup de délicatesse. On suit l’histoire de plusieurs cœurs et finalement notre cœur est pris aussi. N’hésitez pas à prendre le temps de quelques heures, une heure ou deux, pour découvrir cette petite pépite de chez Le Lombard. »
« Une téméraire tentative de sauvetage en mer, un transport suspect de marchandises jusqu’aux îles Kerguelen, un héros tourmenté et le souffle de l’aventure… Tous les éléments sont présents pour un excellent scénario de bande dessinée. Cette histoire, déjà captivante, est encore renforcée par l’atmosphère et l’ambiance nostalgique qu’arrivent à créer les auteurs. Avec « Traquenard en mer » Kraehn confirme qu’il est l’un des meilleurs scénaristes actuels tandis que Zaghi assure la succession du regretté Jusseaume avec talent. De quoi attendre la suite de cet album avec impatience. »
