Panique en sixième – T1 de Elliot au collège

La boule au ventre, celle qui retourne l’estomac, la panique et la peur : voici les thèmes de prédilection de Théo Grosjean “L’homme le plus flippé du monde”, auteur de la BD qui reprend cette expression.”. Il récidive avec sa nouvelle série “Elliot au collège” qui nous plonge dans les tourments d’un ado qui découvre son nouvel établissement scolaire. Attention, la première impression doit être la bonne, au risque de traîner une réputation de perdant pour le reste de sa scolarité.

Couverture de Panique en sixième
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

En guise de préface à l’album, Théo Grosjean nous présente Elliot, le héros de sa nouvelle série, qu’il décrit comme “le projet le plus ambitieux qu’il aie imaginé jusqu’à aujourd’hui.” Son objectif : accompagner son héros et ses camarades le plus longtemps possible afin d’assister à leur évolution et de prendre le temps de décrypter les émotions de chacun.

Page 7 de Panique en sixième
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

C’est la rentrée scolaire pour le jeune Elliot. Perdu au milieu de la cour de récréation de son nouvel environnement, le collège. Ici, les discussions sur le foot ont remplacé la chasse au Pokémon. Le lieu chargé d’angoisse. Et justement, cette dernière prend corps dans l’esprit du jeune collégien. Elle apparaît sous la forme d’une boule brunâtre avec quatre pattes, deux énormes yeux globuleux et deux antennes au sommet de son crâne.

Page 8 de Panique en sixième
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

L’angoisse, cette mauvaise conseillère

Ainsi, débutent les aventures d’Elliot. Cette boule flippante suit à la trace ses premiers pas de collégien. Dans la cour, mais également en classe ou chez lui, au sommet d’un immeuble où il vit seul avec sa maman. L’angoisse est mauvaise conseillère, c’est peu de le noter. Ses recommandations n’ont pour but que d’augmenter l’anxiété de notre jeune héros et par la même occasion de se renforcer dans l’esprit de ce dernier. L’angoisse est omniprésente.

Page 9 de Panique en sixième
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

De cours de natation en slip de bain ridicule en rendez-vous manqué, de professeurs sévères en brimade de camarades, les occasions de s’angoisser ne manquent pas. Heureusement, il y a Black Dragon Tales où Elliot et son pote Hari sont de véritables héros. Hari, le roi du beatbox qui lui assura une popularité d’une petite journée avant de rejoindre le royaume des élèves invisibles, ceux choisis en dernier pour former une équipe en cours de sport, auxquels on ne pense que pour se moquer. Il y a aussi Anya, la meuf la plus “chanmé” du collège qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons les plus costauds. Puis, surtout, il y a Eglantine, la jolie copine qui fait rougir… et qui se trimballe également une drôle d’angoisse, représentée sous la forme d’un ver géant.

Page 10 de Panique en sixième
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Il n’y a rien de plus réel que l’angoisse

Les petites tranches de vie dépeintes dans “Panique en sixième” ne seront pas sans rappeler quelques souvenirs d’adolescence aux plus timides d’entre nous, au moins visibles, à ceux qui craignaient les grands de la cour de récréation.

La représentation physique de l’angoisse est le coup de génie de Théo Grosjean qui dévoile un album avec un fil rouge cohérent. L’insécurité domine. En outre, les différents scénarios abordent des thèmes sociaux entre le chômage, la séparation des parents ou encore les enfants battus. Dans toutes ces situations, l’angoisse s’affirme et s’impose sous différentes formes. Elliot parvient également à ressentir et à visualiser l’anxiété de ses autres camarades. Même Bastien, le gars le plus cool du collège, cacherait-il un secret ? Comment peut-il organiser autant de soirées chez lui le samedi soir ?

Page 11 du tome 1 d'Elliot au collège
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Panique en sixième

À l’instar de “L’homme le plus flippé du monde”, on reconnaît aisément Théo Grosjean sous les traits d’Elliot, les poils de barbe en moins. D’ailleurs, il ne s’en cache pas, le propos est plutôt autobiographique. Côté dessin, les expressions souvent apathiques des différents protagonistes (qui ne rigolent guère) associées à la sobriété des couleurs d’Anna Maria Riccobono renforcent le ton d’un album qui oscille entre un humour légèrement cynique et une certaine “poésie maudite” à travers la représentation des angoisses de chacun.

L’album invite tout un chacun à réfléchir sur le harcèlement scolaire ou des secrets qui se dissimulent dans de nombreuses familles, y compris chez les élèves les plus populaires ou les plus chahuteurs.  “Elliot au collège” est une BD qui, l’air de rien, dénonce et qui est à mettre entre les mains de tous les jeunes et moins jeunes, victimes ou harceleurs.

Page 12 du tome 1 d'Elliot au collège
© Elliot au collège – Théo Grosjean – Dupuis

Chronique écrite par Bruce RENNES

Informations sur l’album

  • Scénario : Théo Grosjean
  • Dessin : Théo Grosjean
  • Couleurs : Anna Maria Riccobono
  • Éditeur : Dupuis « Tous publics »
  • Date de sortie : 13 janvier 2023
  • Pagination : 64 en couleurs
  • Format : 240 x 320

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