Un ami de Spirou est franc et droit - T1 de Les Amis de Spirou

Que les Amis de Spirou des années 2020 parlent d’une BD sur Les Amis de Spirou des années 1940, ça coule de source. Sans revendiquer la moindre filiation avec ce glorieux passé, nous avons lu et jugé honnêtement ce chouette album. Un ami de Spirou est franc et droit parle du passé du journal Spirou, mais aussi de l’Histoire de la Belgique, le tout avec un amour non dissimulé pour la bande dessinée.

Couverture de l'album Un ami de Spirou est franc et droit... — Couverture de l’album Un ami de Spirou est franc et droit © Les Amis de Spirou – BenBK, David Evrard et Jean-David Morvan – Dupuis

Septembre 1943 à Marcinelle, dans la banlieue de Charleroi, six amis d’une dizaine d’années apprennent l’interdiction du journal Spirou par l’occupant allemand et décident de rentrer en résistance. Quinze mois plus tard, nous retrouvons Jean Doisy, résistant et rédacteur en chef du journal, prononçant l’oraison funeste de deux amis de Spirou morts en martyrs de la liberté. C’est là que nous apprenons le début de leur histoire. En aout 1940, les jeunes enfants assistent à l’horreur, avec un assassinat en pleine rue perpétré par les nazis. Choqués, ils trouvent en bas de l’immeuble où le drame a eu lieu, une petite fille en pleurs qu’ils décident de prendre en charge et d à leur club des Amis de Spirou.

Planche 1 de l'album Un ami de Spirou est franc et droit... — © Les Amis de Spirou – BenBK, David Evrard et Jean-David Morvan – Dupuis

Avec la série Les Amis de Spirou, Jean-David Morvan et David Evrard continuent leurs explications de la Seconde Guerre Mondiale à destination des enfants. Les auteurs, déjà aux manettes des séries Irena et Simone chez Glénat, s’emparent cette fois de l’histoire vraie de la mort de deux amis de Spirou par les nazis, pour raconter leur destin fictif. C’est l’occasion pour eux de montrer l’occupation en Belgique, différente de celle en France et aussi de mettre en scène cette résistance méconnue autour du journal Spirou, via le club des A.D.S.

Planche 2 de l'album Un ami de Spirou est franc et droit... — © Les Amis de Spirou – BenBK, David Evrard et Jean-David Morvan – Dupuis

Le parallèle avec la série Les Enfants de la Résistance est assumé, ce qui permet de voir plus facilement les différences entre les deux œuvres. Dans Les Amis de Spirou, les auteurs montrent dès les premières pages l’issue pour les héros de l’histoire. Sur les six protagonistes, deux vont mourir à la fin. Nous ne savons, ni qui, ni comment, mais nous le savons et nous lisons cet album avec cet élément en tête. Ça change complètement notre rapport aux personnages et à l’histoire. On est perpétuellement déchiré entre le fait de vouloir s’attacher aux protagonistes et la peur de se lier à eux, face au destin fatal qui les attend. C’est la différence majeure qu’on peut souligner entre ces deux séries qui mettent en avant des enfants commettant des actes de résistances.

Planche 3 de l'album Un ami de Spirou est franc et droit... — © Les Amis de Spirou – BenBK, David Evrard et Jean-David Morvan – Dupuis

Au dessin, nous retrouvons David Evrard (que les lecteurs du Spirou des années 90 connaissent sous le pseudonyme de E411), avec un dessin jeunesse très assumé, dans la continuité de l’école de Marcinelle. Rien de plus normal, pour un album qui raconte, même fictivement, un épisode du passé du journal Spirou. On sent que le style jeunesse, aussi bien dans son trait, que dans le choix des couleurs, par l’excellent BenBK, est voulu, comme une volonté de dédramatiser avec le graphisme, un propos parfois assez dur.