Te fais pas d'Bill - T44 de Boule et Bill

Boule et Bill, les péripéties d’un petit garçon rouquin en salopette et de son cocker à qui il ne manque que la parole. Bref… vous voyez de qui on parle…

Couverture de l'album Te fais pas d'Bill ! — Couverture de l’album Te fais pas d’Bill ! © Boule et Bill – Jean Bastide et Christophe Cazenove – Dargaud

Les héros de Jean Roba, auteur et dessinateur virtuose décédé en 2006, continuent leur bonhomme de chemin. Après être passés entre les mains de Laurent Verron qui était un des assistants du maître, la petite famille continue ses aventures avec une nouvelle équipe d’auteurs qui sévit pour le 8ème album consécutif. Le moins qu’on puisse dire est que l’innovation et la modernisation ne sont pas de mise : Christophe Cazenove (un des piliers des séries à thèmes de Bamboo) et le surdoué caméléon Jean Bastide ne prennent aucun risque avec l’univers original. Boule reste le petit garçon simple et adepte de loisirs sains, comme la lecture ou les jeux de ballons avec ses copains ou son compagnon à 4 pattes, et son univers semble figé dans les années 90. Tout au plus s’autorise-t-on une minuscule recherche internet sur… la météo, pour être sûr de pouvoir aller jouer dehors !

Page 3 de l'album Te fais pas d'Bill ! — © Boule et Bill – Jean Bastide et Christophe Cazenove – Dargaud

Loin d’être un problème, ce maintien de la série dans un environnement low tech détonne avantageusement avec d’autres reprises de séries classiques que les repreneurs ont eu à cœur de “faire évoluer avec le temps”, et dont le résultat n’est ni fait, ni à faire. Au contraire, ce conservatisme salutaire n’a que des avantages : à l’heure où des enfants de plus en plus jeunes se retrouvent à swiper, scroller et pincher sur un écran plus souvent qu’ils n’ont à tourner une page, les jeunes lecteurs de cette série – en fin de compte intemporelle – sont témoins d’un mode de vie actif à l’air libre, sans rétro-éclairage migrainogène ni ondes néfastes. Les lecteurs de la première heure (aka : les vieux) peuvent même se laisser surprendre : ils sont à peine dépaysés, le dessin de Bastide étant d’un mimétisme bluffant, et surtout : les gags sont bons !

Page 4 de l'album Te fais pas d'Bill ! — © Boule et Bill – Jean Bastide et Christophe Cazenove – Dargaud

Même si bien sûr on peut regretter que l’image de la p’tite famille modèle paraisse un poil rétrograde, la sérénité et l’harmonie qui règnent dans cette série depuis sa genèse dans les années 60, ne peuvent être que perçues par certains comme une parenthèse régressive bienheureuse, et par les autres comme la preuve que même au temps des photos instagrammables et de la publicité ciblée, il peut toujours exister des instants de bonheurs simples, comme un petit garçon qui va faire une balade au parc avec son chien.