Spy Superb, l'espion ultime - Les Amis de la BD

Spy Superb, c’est l’espion parfait, celui que personne ne connaît, avec des qualités et des compétences exceptionnelles, qui ne rate aucune mission, mais, c’est surtout un agent secret qui n’existe pas ! Alors, quand par un mauvais concours de circonstances, le rôle est endossé par un personnage à mi-chemin entre Mister Bean (interprété par Rowan Atkinson pour la télévision) et Franck Drebin (interprété par Liam Nielsen au cinéma), forcément ça dérape, et à ce petit jeu Matt Kindt excelle.

Spy Superb l'espion ultime Futuropolis couverture — ©Spy Superb, l’espion ultime – Matt & Sharlène Kindt – Futuropolis

L’idée du Spy Suberb est née de l’Alliance Half Huit entre le Strategic Service américain et le Bureau de Renseignements et d’Action français pour concevoir l’espion ultime pendant la Seconde Guerre mondiale. L’idée à elle seule a suffit à tromper les autres puissances. En réalité il s’agissait de faire jouer un rôle à des inconnus sans que ceux-ci n’en aient conscience, en faisant ainsi des complices involontaires qui accomplissaient des missions d’espionnage. Le moyen infaillible de passer inaperçu et de ne pas prendre le risque d’être trahi. Sauf qu’un jour, l’un d’entre eux est découvert mort, en état de décomposition avancée, à l’intérieur d’un coffre de voiture, alors qu’il était destiné à une mission de la plus haute importance. Heureusement, pour le remplacer il y a Jay Bartholomew, le plus utile des abrutis, un brin mythomane, à l’égo surdimensionné, mais, un looser confirmé. Recruté à son insu, d’événement en événement, celui qui se prend alors pour un agent secret en sommeil se retrouve mêlé à une aventure d’espionnage sans s’en rendre compte.

Spy Superb l'espion ultime Futuropolis planche — ©Spy Superb, l’espion ultime – Matt & Sharlène Kindt – Futuropolis

Un récit parodique réussi

Ce thriller, à la fois drôle et excentrique, accroche le lecteur dès les premières pages avec un prologue énigmatique et un premier chapitre rythmé qui donne le contexte, pose l’intrigue à venir et présente le «super espion» héros de l’histoire : Jay Bartholomew. Tout peut alors s’enchaîner rapidement en entremêlant action, suspens, rebondissements et effets comiques parodiant le genre.

Les dialogues de Jay en permanence en décalage de la réalité font rire et accentuent le comique des situations dans lesquelles il se trouve. Par exemple lorsque qu’il entraîne les gros bras russes, venu le liquider chez lui, dans ses toilettes parce qu’il les croit plombiers et que tout se termine dans la cuisine dans un final ou l’accumulation de ses maladresses naïves et sanglantes lui sauvent la vie.

Spy Superb l'espion ultime Futuropolis planche 7 — ©Spy Superb, l’espion ultime – Matt & Sharlène Kindt – Futuropolis

Un dessin brut et dynamique

Matt Kindt est un auteur complet et prolifique américain. Malgré son expérience, avec ce comic, il s’essaie pour la première fois à l’utilisation de Procreate pour dessiner. Après un apprentissage indispensable, le dessinateur reconnaît que grâce à ce processus il s’est autorisé davantage de prises de risques qu’il n’en fait d’habitude et a essayé de faire évoluer son trait vers un style plus brut. Sans être convaincu par le résultat il est revenu à son trait plus maîtrisé et c’est assez intéressant de voir cette évolution au fil des pages. Il a ensuite imprimé les feuilles pour que Charlène Kindt peigne par dessus de manière traditionnelle, donnant ainsi une version de l’œuvre finale réelle.

Bien que la mise en page soit le plus souvent sous forme de gaufrier, le travail sur les mouvement dans lequel on retrouve, d’un aveu de l’auteur, une inspiration des Mangas crée un véritable dynamisme sur les scènes d’action.

Spy Superb l'espion ultime Futuropolis planche 8 — ©Spy Superb, l’espion ultime – Matt & Sharlène Kindt – Futuropolis

Spy Superb est une parodie des romans et films d’espionnage avec une idée originale de départ qui permet d’imaginer moult situations et quiproquos à la fois burlesques et drôles. L’auteur à su trouver le bon dosage entre le récit d’action et la comédie évitant ainsi d’être trop caricatural et offre donc un bon moment de lecture et de détente.