Spirou et Fantasio classique : Le Trésor de San Inferno

Après le très sympathique La Baie des Cochons en 2024, de Baril et Elric, Spirou et Fantasio reviennent dans une nouvelle aventure dite « classique », signée par le génialement fou Lewis Trondheim au scénario et l’excellent Fabrice Tarrin au dessin.

Spirou et Fantasio font route dans un désert d’Amérique Centrale, direction San Inferno pour un scoop qui donne des rêves de prix Pulitzer au journaliste. Hélas pour lui, ils tombent sur Seccotine qui a flairé le bon coup en espionnant Fantasio. Une fois sur place ils découvrent, dans des catacombes, un squelette d’extraterrestre portant un étrange médaillon autour du cou. Mais, les apparences sont parfois trompeuses.

Spirou et Fantasio classique Le Trésor de San Inferno Dupuis planche 4

Un classique qui porte bien son nom

La série Les Aventures de Spirou et Fantasio « Classique » a été instaurée officieusement en 2020 par Spirou chez les Soviets en 2020 avant un véritable lancement en 2024 avec La Baie des Cochons, qui se voulait être une suite des Prisonniers de Bouddha. Dernière-née de ce que certains appellent le « Spirouverse », aux côtés de la série mère, de ses hors-série, mais aussi des Spirou vu par, le Petit Spirou, Champignac ou encore Zorglub, la collection « classique » cherche à retrouver le charme, un peu désuet, des anciens titres, s’éloignant de la complexité, et de l’ajout du fantastique, qui ont donné le ton de la série originelle depuis une vingtaine d’années.

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Lewis Trondheim pourrait paraître un choix quelque peu étonnant dans ce désir de revenir à des intrigues plus traditionnelles. Le prolifique auteur avait, en effet, dynamité Astérix avec l’hilarant Par Toutatis dans sa série Lapinot, et imaginé un Marsupilami chez les Conquistadors dans El Diablo. Même chez Spirou, dans Panique en Atlantique, le facétieux scénariste empruntait beaucoup plus au cinéma burlesque, de Chaplin à Keaton, qu’aux œuvres de Franquin et de ses successeurs. Et pourtant, Trondheim montre une aisance toute particulière à saisir tous les codes d’un Spirou à l’ancienne, avec ses histoires à taille humaine, ses intrigues pleines de rebondissements et ses personnage secondaires hauts en couleurs. Le scénariste glisse toutefois quelques petits messages plus politiques et sociaux, pas vraiment subtils mais, là aussi, dans la veine de nombreux tomes des aventures de Spirou et Fantasio.

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Comme de vieux amis retrouvés

Plus fidèle à l’esprit Spirou que Michaël Baril dans La Baie des Cochons, Lewis Trondheim propose un scénario très convenu, suivant parfaitement le cahier des charges. L’intrigue ne réserve que peu de surprises, les rebondissements étant assez prévisibles, et pourrait laisser indifférent le lecteur plus habitué aux histoires plus alambiquées de la série originelle. Les personnages sont, à ce titre, parfaitement écrits, on retrouve Spirou et Fantasio tels qu’ils étaient jadis, le premier rêveur, utopiste et courageux, le second maladroit et ne désirant que la reconnaissance pour son travail journalistique. Seccotine est également présente, déterminée, fonceuse et maline comme dans ses meilleures apparitions. Les personnages secondaires répond parfaitement aux attentes du concept, assez caricaturaux même si le scénariste s’amuse un peu avec quelques faux-semblants.

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Dix-huit ans après le Tombeau des Champignac et Cinq après Spirou chez les Soviets, Fabrice Tarrin retrouve Spirou pour sa première collaboration avec Lewis Trondheim. Comme dans ses deux premières incursions dans l’univers du petit groom, le dessinateur maîtrise tous les codes traditionnels de la série originelle, notamment au niveau des personnages. C’est un plaisir de retrouver Spirou, Fantasio et Seccotine dans des versions « old school », mais aussi le Marsupilami, toujours aussi dynamique et fun. Marsupilami mais pas de Spip, ce qui semble ancrer le Trésor de San Inferno dans la période Franquin. Niveau mise en scène, chaque planche fonctionne parfaitement, soutenue par une colorisation, signée par Tarrin lui-même, là aussi, dans la ligne directrice classique du projet.

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La désuétude assumée du Trésor de San Inferno laissera certains lecteurs sur le côté autant que d’autres adoreront cette histoire simple et légère, pleine d’aventures très classiques. Rien de révolutionnaire, que ce soit dans l’intrigue ou dans le dessin, mais un bel hommage à Spirou, Fantasio et les auteurs qui ont bâti leur légende.

Une chronique écrite par : Cédric « Sedh » Sicard