Rétro – Les Douze Travaux de Benoît Brisefer – T3 de Benoît Brisefer

Qui est capable de libérer un prisonnier dans une salle des coffres cadenassée, de porter un éléphant fugueur à bout de bras ou bien encore d’oser se mettre sur des rails pour arrêter un train arrivant de face à pleine vitesse, le tout en étant un petit garçon poli, respectueux et sympathique ? C’est évidemment Benoit Brisefer, le super héros malgré lui, dont les exploits ont été racontés dans Spirou de 1960 à 1978. Ce personnage a en effet la particularité de posséder une force surhumaine qu’il perd dès qu’il attrape un rhume. Cependant, Benoit se passerait bien de son super pouvoir, lui qui aimerait tout simplement être un gamin comme les autres. Et pourtant, notre ami aura bien besoin de sa bien nommé force herculéenne dans ce troisième tome de la collection, « Les 12 travaux de Benoit Brisefer », qui l’emmènera aux quatre coins du monde, bien loin de sa bonne ville de Vivejoie la Grande. 

Couverture de l'album Les Douze Travaux de Benoît Brisefer
© Benoît Brisefer – Yvan Delporte, Peyo et François Walthéry – Dupuis

C’est pourtant dans sa petite ville que commence cette incroyable aventure. A la fête foraine, tandis que, comme à son habitude, Benoit fait des siennes en ne sachant maitriser sa force, son ami le chauffeur de taxi Dussiflard croise Vercheval, une vieille connaissance avec qui il jouait autrefois dans un orchestre, en compagnie de sept autres amis. Celui-ci lui apprend qu’ils vont tous devenir milliardaires car on vient de découvrir une importante nappe de pétrole sur un terrain appartenant aux neuf musiciens. Ceux-ci avaient, il y a bien longtemps, sorti d’un mauvais pas un émir de passage à Vivejoie la Grande et reçu en rétribution de sa part une portion de sol d’un pays du Moyen Orient. Le petit groupe avait alors décidé de couper le titre de propriété en neuf parties avant de se perdre de vue. Le soir même, Dussiflard se fait agresser tandis que Vercheval, semblant jouer un double jeu, disparait. Aidé de Lorgelet, un ancien de l’orchestre devenu banquier, Benoit va aider Dussiflard à retrouver les autres musiciens dispersés de par le monde pour reconstituer le titre de propriété valant des milliards. Les embuches et les coups bas vont se multiplier sur le chemin de notre héros qui va devoir, encore une fois, sortir les muscles ! 

Page 3 de l'album Les Douze Travaux de Benoît Brisefer
© Benoît Brisefer – Yvan Delporte, Peyo et François Walthéry – Dupuis

Dans cet épisode, le créateur de la série Peyo accompagné de son acolyte Delporte signe un scénario gentiment déjanté tout en gardant les codes de cette collection bon enfant. On voit ainsi le gentil Benoit suivre le père Dussiflard d’étapes en étapes entre Vivejoie la Grande, le Midi, le bassin minier, ou bien encore l’Asie profonde et parsemer son parcours d’exploits en tout genre (les fameux « travaux »), comme creuser un tunnel dans une mine, arrêter un incendie avec son souffle ou bien encore stopper un bateau. Si l’histoire se résume à une succession de petites scènes accolées les unes aux autres, le tout reste tout de même agréable à lire, aussi sympathique que son petit héros notamment du fait des « running jokes » propres à la série. Ainsi, pendant tout l’album, alors que Benoit sauve toutes les situations pourtant souvent désespérées uniquement grâce à sa force incroyable, personne ne voit jamais rien et surtout ne s’imagine que ce petit garçon bien innocent est capable de cela, malgré ses explications. Le fameux rhume de Benoit (qui, s’il porte des culottes courtes, ne se sépare jamais de son écharpe, de sa veste et de son béret, pour ne pas tomber malade) est bien entendu de l’histoire, même s’il arrive cette fois-ci un peu tard. 

Page 4 de l'album Les Douze Travaux de Benoît Brisefer
© Benoît Brisefer – Yvan Delporte, Peyo et François Walthéry – Dupuis

C’est Walthery qui assure la majorité du dessin de l’album pour la première fois, en support de Peyo dont il est alors le jeune assistant. Tout en gardant le trait familier et rassurant de son maitre, le futur auteur de Natacha donne une énergie, une vitalité et un peps aux illustrations comme en témoigne la superbe couverture de l’album, tout en mouvement, et magnifié par un fond rouge de toute beauté. 

 

Page 5 de l'album Les Douze Travaux de Benoît Brisefer
© Benoît Brisefer – Yvan Delporte, Peyo et François Walthéry – Dupuis

« Les 12 travaux de Benoit Brisefer » est donc une BD divertissante, entrainante et sans prétentions procurant un bon moment de lecture par le talent de ses auteurs. Le héros, toujours courtois, bien élevé et poli évolue dans un univers gentiment farfelu propre à son époque de parution, 1966 dans Spirou, 1968 en album. Cette BD classique, iconique de la firme de Marcinelle et typique du style « Spirou » des grandes années est une bonne (re)lecture d’été, période propice à toutes sortes de rêveries et d’évasion ! 

Page 6 de l'album Les Douze Travaux de Benoît Brisefer
© Benoît Brisefer – Yvan Delporte, Peyo et François Walthéry – Dupuis

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album

  • Scénario : Yvan Delporte et Peyo
  • Dessin : Peyo et François Walthéry
  • Éditeur : Dupuis (originale) / Le Lombard (actuelle)
  • Date de sortie : janvier 1968
  • Pagination : 60 en couleurs

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