Olovia tome 1 : La réponse est sur Terre

Sur Olovia, le peuple est dirigé par le Grand Distillateur, une intelligence artificielle. Lorsque trois de ses habitants sont exilés sur terre, ils y découvrent les mœurs particulières des êtres vivant sur la planète bleue. Le duo suisse Daniel Cordonier et François Maret livre là une critique acerbe de notre société actuelle… mais également de ce qu’elle pourrait devenir si elle suivait le chemin des oloviens.

Le Grand Distillateur qui gouverne la planète Olovia depuis des milliers d’années n’aime guère être contesté, surtout lorsque trois de ses administrés en charge de sa surveillance évoquent l’idée de le reprogrammer. Passablement rancunier face à ceux qui osent contester son pouvoir, l’acerbe machine qui dirige les oloviens décide d’envoyer Ava, Pole et Ivo étudier les mœurs terrestres. Une mission qui ressemble davantage à une punition et à un exil forcé afin de les empêcher de nuire à sa majesté.

Les trois extraterrestres embarquent donc à bord de leur vaisseau spatial directement sur la planète bleue. Les premières informations récoltées sur les Terriens le temps de leur voyage ne sont guère enthousiasmantes : ils empoisonnent leur planète, tracent des lignes imaginaires pour se disputer des territoires et massacrent la faune et la flore pour se nourrir. On est, là, bien loin des valeurs de paix prônées par les habitants d’Olovia. Arrivés en France, Ava et Ivo dont le physique est proche de celui des êtres humains décident d’enquêter sous couverture en se faisant passer pour des journalistes. Pole, quant à elle, restera cloîtrée dans la maison qu’ils louent car son physique est bien trop atypique.

La société terrienne à la loupe

Le scénario de Daniel Cordonier l’est tout autant, atypique. Son trouple d’extraterrestres qui profite de ce voyage sur Terre pour tenter d’avoir un enfant – la gestion passe par douze connexions entre les trois protagonistes – n’est pas au bout de ses surprises au contact des Terriens. Ils y découvrent les élections, le racisme, le conflit homme-femme ou encore un industriel ravi de faire du pognon sur le dos du réchauffement climatique en vendant des climatiseurs. On y mêle donc l’ensemble des maux brûlants de notre société et qui sont inconnus de ce charmant peuple d’olovia.

Toutefois, si Ava, Pole et Ivo estiment avoir une technologie avec plusieurs milliers d’années d’avance sur la planète Terre, pas sûr que celle-ci soit forcément enviable… Les Terriens vivent peut-être avec de nombreux travers mais ne sont pas encore dirigés par une intelligence artificielle.

L’amour sur terre

Dessinateur de presse, François Maret dispose là d’un scénario sur mesure pour décortiquer les bizarreries de ses contemporains à travers le regard décalé des habitants d’Olovia. L’auteur, également un habitué des récits de science-fiction, est donc à l’aise avec ce trio d’extraterrestres qu’il a la charge d’animer. Il structure le récit à l’aide de grandes vignettes qu’il exploite au mieux pour placer les différentes actions de ses personnages. Les lectrices et les lecteurs avancent non seulement au rythme des explorations d’Ava, Pole et Ivo mais découvrent également les mœurs bien étranges de ce trouple. Dans le dessin, on y trouverait presque une certaine sensualité dans les scènes où nos trois protagonistes se connectent… font l’amour en langage terrien !

Ce tome 1 d’Olovia sera complété par une suite. On l’aura compris, et déjà écrit, ce premier opus est une critique décalée d’une civilisation terrienne qui n’épargne ni la nature, ni sa propre humanité à travers les multiples guerres menées par des dirigeants avides de pouvoir. Toutefois, les premières planches du tome 2 dévoilées en tout fin de l’album laissent présager que la vie sur Olovia n’est guère plus réjouissante… On y apprend comment ce peuple s’est laissé embobiner par une intelligence artificielle incontrôlée. À l’heure où les AI investissent de plus en plus rapidement notre quotidien, n’est-ce pas là, la vraie menace ?

Une chronique écrite par : Bruce Rennes

Informations sur l’album :

• Scénario : Daniel Cordonier
• Dessin : François Maret
• Couleurs : François Maret
• Éditeur : Favre
• Date de sortie : Le 7 mars 2025
• Pagination : 56 pages en couleurs

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