Mysteras – T1 de Harry Dickson

Mystérieuses disparitions, phénomènes étranges, sciences occultes et personnages inquiétants ? Pas de doute, Harry Dickson est de retour ! Le détective, toujours calme malgré les innombrables et souvent fantastiques tempêtes qu’il traverse, est cette fois–ci confronté à un ennemi bien improbable : Mysteras, un terrifiant dieu du feu… dans ce T1 de Harry Dickson.

C’est dans un Royaume-Uni brumeux que celui qu’on appelle le « Sherlock Holmes américain » reprend du service, accompagné de son fidèle disciple Tom Wills. A peine de retour d’une semaine de vacances, le duo rejoint le surintendant Goodfield, de Scotland Yard, qui sèche sur un mystère peu banal. En effet, le corps de Baltimore Harmon, condamné à mort déjà exécuté, semble s’être volatilisé alors que son bourreau est retrouvé assassiné. Tout cela semblerait lié à l’exubérante et richissime romancière Miss Delphina Cruyshank, qui habite seule en haut d’une immense tour faisant face à la prison où Harmon a expiré sur la chaise électrique. L’intrigue s’épaissit encore lorsque Dickson met la main sur un manuscrit inachevé de l’auteure narrant l’histoire d’un inquiétant dieu du feu, Mysteras, qui s’en prend à un aristocrate rompu d’ésotérisme… Le même jour, Dickson apprend que le propriétaire d’un manoir des Cornouailles proche de la famille royale et passionné d’occultisme a été tué et volé par un certain… Mysteras ! Comment réalité et fiction peuvent-ils s’entremêler, quel est le lien entre ces histoires et surtout, qui est Mysteras ? Harry Dickson, la pipe aux lèvres, l’imperméable sur les épaules et le flegme en tête, va devoir montrer tous ses talents.

Alors que pas moins de trois équipes s’étaient déjà attelées à l’adaptation de Harry Dickson depuis le début des années 80 chez divers éditeurs, le héros de Jean Ray reprend vie, cette fois ci chez Dupuis, avec de nouveaux auteurs. Reprenant totalement une intrigue originale de l’écrivain, les scénaristes Headline et Vergari réalisent une adaptation très fidèle et respectueuse de l’univers du détective. On retrouve, à la lecture de l’album, une atmosphère ultra classique faite de policiers en chapeau et imperméable, d’aristocrates vivant à la limite de la folie dans des châteaux inquiétants et de personnages fumant la pipe pendant des heures sans l’avoir jamais allumée.

Cette ambiance devient presque délicieusement ringarde grâce au trait du dessinateur Catacchio qui arrive à restituer les décors de cette histoire mystérieuse entre grosses demeures côtières par soir d’orage, huis clos dans des chambres maléfiques ou bien encore flashbacks sur les landes de bord de mer qu’on imagine aisément venteuses. Si l’expression des visages terrifiés est aussi tout à fait réussie, le dessin des personnages est cependant parfois un peu figé et peu dynamique, mais reste tout de même largement meilleur que la couverture peu inspirée, un peu passe-partout et à la limite du simpliste. Les couleurs de Ooshima renforcent l’atmosphère inquiétante de l’album qui se situe toujours aux limites du fantastique et, à certains moments de la lecture, on croit presque être dans un vieux film de Fritz Lang. Malheureusement, comme (presque) toujours dans Harry Dickson, après la montée de la tension, la description d’une intrigue saisissante, la chute et l’épilogue tombent presque à plat et déçoivent quelque peu, tant on nous a vendu une histoire aux éléments jusque-là bien ficelés. Le dénouement vient, sans vraiment qu’on puisse en comprendre toutes les subtilités ni comment notre héros a bien pu démêler un sac de nœuds de la sorte…

« Mysteras » signe donc le retour du célèbre Harry Dickson. Les fans de Jean Ray et du personnage seront ravis de cette nouvelle adaptation, fidèle et bien faite, d’autant plus que l’album propose un dossier sur le héros en fin de volume. Les autres, s’ils seront appâtés par la mise en place de l’intrigue, ressentiront en fin de lecture la frustration d’une belle occasion un peu manquée. Un honnête divertissement qu’on lit sans le mettre toutefois en haut de la pile des bons souvenirs.

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album

• Scénario : Doug Headline et Luana Vergari
• Dessin : Onofrio Catacchio
• Couleurs : Hiroyuki Ooshima
• Éditeur : Dupuis « Grand public »
• Date de sortie : 5 mai 2023
• Pagination : 64 en couleurs

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