Les dessous de notre rencontre avec Willy Lambil
2023 fut une année riche en interviews pour les Amis de la BD. Ces entretiens avec auteurs et autrice de toute génération furent passionnantes. Parmi elles, soulignons l’intense rencontre avec Willy Lambil, figure historique de la bande dessinée. Une nervosité inhabituelle m’a étreint ce jour-là. L’improvisation à ses limites.

Ce 13 mai 2023 est à marquer d’une pierre blanche. Pour les Amis de la BD, j’ai obtenu un créneau de 30 minutes pour converser avec le créateur de Sandy et Hoppy et surtout le maître du destin des Tuniques Bleus depuis plus de plus de 50 ans. Une demi-heure en tête à tête avec une légende, cela semble peu, mais c’est tout de même un espace temporel à vivre de la manière la place efficiente possible. J’ai la chance d’inaugurer la journée d’interviews de l’auteur, de passer avant les médias nationaux suisses. Il s’agit d’être à la hauteur.
Le rendez-vous est fixé à 10h. Accompagné de ma fille, nous arrivons un brin en avance à l’Hôtel de la Paix, à Lausanne, lieu du rendez-vous. Un peu fébrile, je surveille les allées et venues. Enfin, et avec un petit soulagement, je reconnais Anne-Catherine, l’attachée de presse qui représente les notamment les intérêts de Dupuis en Suisse.
Ne disposant pas d’un salon privé libre pour la rencontre, nous avisons un coin du restaurant de l’hôtel. Après quelques minutes d’attente, la doublure de Pauvre Lampil apparaît en compagnie de son épouse. Ils s’installent à notre table. Petit moment de flottement mental. Oui, cette arrivée est un peu stressante. Commençons par le commencement : les salutations d’usage… Advienne que pourra, ensuite !
Il faut bien l’admettre, l’enjeux et le délai imparti pour la discussion rajoute un peu de tension nerveuse dans mon esprit, d’autant plus que l’entretien tarde un peu à s’emballer. Dans mes précédentes expériences, j’ai souvent eu le plaisir de rencontrer des auteurs ou autrices bavardes, ce qui facilite l’interview (on coupera ici ou là dans le texte). Ici, Lambil s’avère plutôt avare de paroles et ses réponses sont plutôt brèves. Il faut bien l’avouer, je rame un peu. L’improvisation avec laquelle je mène habituellement mes entretiens ne fonctionne guère… Trop de nervosité ?

Heureusement, ma besace mentale comporte quelques questions des lecteurs et lectrices du Groupe les Amis de la BD. En effet, quelques jours auparavant, nous avions interrogé notre communauté : « Si vous aviez Lambil en face vous, quelle question lui poseriez-vous ? » Au départ, le florilège de questions récoltés m’a mis dans l’embarras : ça partait dans tous les sens !
Touterfois, c’est armé de ces questions, parfois incongrues, que je me lance dans la suite de l’entretien.
Il faut bien l’admettre lorsque l’ami Capezzone réclame une planche que Lambil lui a promise ou lorsque le camarade Pascal désire connaître la réaction de notre invité lorsqu’on lui hurle « Chargez !», l’ambiance vire à la bonne humeur. Le dessinateur de Blutch et Chesterfield se déride et la conversation se poursuit sous de meilleurs auspices, avec de belles tranches de rigolades.
L’horloge suisse tourne dorénavant bien plus vite sous l’impulsion des réponses pleines d’humour de Lambil à des questions qui ne le sont pas moins (Notre communauté a du talent !). Bref, le délai imparti est écoulé, il est temps de libérer notre invité du jour qui ne semblait pas si pressé que ça de repartir, ce que j’interprète plutôt positivement. Lambil et son épouse nous quittent et d’un coup, bien que le restaurant soit empli d’un brouhaha incessant auquel je n’avais pas fait attention durant ce moment hors du temps, nous nous sentons bien seuls.
Article écrit par Bruce RENNES
Notre interview avec Willy Lambil est à lire ici.