Le temps des pivoines
Les éditions Glénat réunissent Aucha, la scénariste des Mondes Perdus et le jeune artiste Maxime Belloche qui, avec ce titre, dessine son premier album. Le temps des pivoines est tout à la fois une fresque médiévale, un récit sur la vacuité de la guerre et une histoire de résilience. Comment, en tant que citoyen, résister à la folie des grandeurs d’un dirigeant ? Cette question qui résonne avec l’actualité est au cœur de cet album.

©Glénat – Le temps des pivoines – Aucha / Maxime Belloche – 2025
Les fleurs finissent toujours par recouvrir les champs de bataille
Au XIIIe siècle, Jean le meunier habite un petit village, où il mène une existence paisible entouré de sa femme et de sa fille. Rolant, le seigneur de la région, aveuglé par ses ambitions, déclenche un conflit sanglant avec le seigneur voisin. Pour renforcer les rangs de ses soldats, il n’hésite pas à enrôler de force les hommes et les garçons du village. Profitant de leur absence, des pillards incendient le village et tuent sa femme et sa fille. Les saisons se succèdent et Jean, jadis vigoureux et jovial, est dévasté par le chagrin. C’est en recueillant un jour un nourrisson abandonné que le meunier retrouve peu à peu goût à la vie. Cette enfant providentielle, qu’il élève comme sa fille s’appelle Pivoine. Mais Rolant, cruel et vaniteux n’a pas dit son dernier mot.

©Glénat – Le temps des pivoines – Aucha / Maxime Belloche – 2025
Le scénario explore les ravages du pouvoir, l’absurdité des guerres et la force de la résilience. Au niveau des personnages, le schéma est très manichéen. Jean le meunier est juste, charitable et généreux. Rolant, le seigneur local en est la parfaite antithèse : tyrannique et vénal, il ne pense qu’à s’enrichir et étendre son territoire. Il incarne l’autoritarisme sans trop de subtilité. Hormis ces deux protagonistes, la psychologie des autres personnages n’est pas très creusée. Le scénario s’étale sur une dizaine d’année et pêche par moment d’ellipses curieusement placées.

©Glénat – Le temps des pivoines – Aucha / Maxime Belloche – 2025
« Accepter ne veut pas dire oublier »
La couverture est très accrocheuse avec ses tons de rose et de violet. La colorisation de la BD est sensiblement différente : plus terne et moins chatoyante. Cependant, le travail de colorisation est intelligent. C’est lui qui marque les différentes parties du récit : ocre en temps paix, bleu nuit pour le deuil de Jean, rouge pour les périodes de guerre. Dans ce Moyen Âge à la fois réaliste et poignant, la lumière pointe malgré les ténèbres. Pivoine illumine à la fois le quotidien de son père et la BD avec sa chevelure flamboyante et ses yeux bleus perçant. Certaines pleines pages silencieuses, très bien construites, sont fortes et émouvantes.

©Glénat – Le temps des pivoines – Aucha / Maxime Belloche – 2025
Par son propos, le récit s’adresse plutôt à des adolescents ou des adultes, cependant un dossier final sur la vie au XIIIe siècle très clair et accessible correspond plus à des enfants de fin de primaire.

©Glénat – Le temps des pivoines – Aucha / Maxime Belloche – 2025
Drame médiéval porteur d’espoir, Le temps des pivoines offre un récit crédible, émouvant et intense. Parfaitement rythmé le récit oscille entre action et sentiment. Il est aussi une belle leçon de résilience et un manifeste contre le totalitarisme.
Une chronique écrite par : Emmanuelle Desseigne
Informations sur l’album :
- Scénario : Aucha
- Dessins et couleurs : Maxime Belloche
- Éditeur : Glénat
- Date de sortie : Le 21 mai 2025
- Pagination : 154 pages en couleurs
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