Le Démon de Bolingbroke
Attentives au gout des jeunes générations, les éditions Jungle partagent avec nous Le démon de Bolingbroke, un roman graphique au scénario fantastique palpitant. Le duo de Magdalene Visaggio à l’écriture et de la talentueuse Jenn St-Onge (Ottawa) au dessin et à la couleur a de quoi happer le lecteur !
Le démon de Bolingbroke, c’est avant tout l’histoire d’une belle amitié entre Val et Lanie, deux collégiennes qui s’épaulent dans une école où tout le monde n’est pas forcément bienveillant. Les adolescents qui auront cet album entre les mains s’y reconnaîtront : à leur âge, la différence n’est pas toujours vue d’un bon œil.
Un démon à Bolingbroke ?
Alors que les jeunes protagonistes s’intéressent l’une à la sorcellerie, l’autre aux ovnis, en partant d’un simple devoir sur un point de l’histoire locale de la ville de Bolingbroke, l’expérience sur le terrain prend une dimension plus qu’inattendue. En partant sur les traces palpables de l’Ojja-Wojja, Val et Lanie sortent du cadre confiné de l’école et risquent de jouer tout le destin de la ville.
De nombreuses références à l’univers geek
Magdalene Visaggio, américaine, inscrit totalement ses personnages dans la culture de son pays. Ils citent souvent et de manière totalement assumée des œuvres bien connues de la culture pop et geek. Pendant leur quête, alors que les choses prennent un cours catastrophique, Valentine pourrait bien s’appuyer sur des films qu’elle a vus pour éviter le pire ! Pour ceux qui aimeraient comparer cette BD avec une création plus européenne, elle s’en rapproche d’une certaine manière de la BD Les démons d’Alexia, mais ici, ce sont des collégiennes innocentes qui se frottent à des démons.
La question de la marginalité
Le scénario est si riche qu’il prend autant le temps de développer l’intrigue que de parler de la question de la marginalité, et ce avec finesse. L’autisme en particulier et la question du genre font partie de l’histoire. Le scénariste montre les fragilités de chacun, mais aussi leurs forces. Les clichés qui rappellent les teen movies américains font partie du jeu, mais l’ambivalence ne tarde pas à poindre le bout de son nez. Ainsi, même s’il y a d’un côté les pestes et de l’autre les gentils, certains pourraient avoir des aspects cachés dignes d’être révélés.
Un roman graphique très rythmé
Le démon de Bolingbroke est un roman graphique particulièrement rythmé, tant l’intrigue est riche en péripéties. À intervalles réguliers, les auteurs nous proposent quelques pages plus condensées et dessinées dans un style qui se démarque à chaque fois ! Plus globalement, le découpage des cases défie toute monotonie, sans perturber la lecture, mais au contraire, en la rendant encore plus passionnante !
Du dessin de Jenn St-Onge ressort beaucoup de talent. Elle alterne avec brio entre les épisodes où les personnages vivent dans une relative normalité et ceux où les éléments se déchaînent. D’ailleurs, au plus fort du drame, alors que les cases virent complètement au rouge, les aspects les plus effrayants restent suggérés. N’étant pas montrés complètement, ils n’en paraissent que plus effrayants et accablants !
Malgré les nombreux rebondissements, l’intrigue est si bien amenée que le lecteur peut apprécier toute l’ampleur du phénomène local qui semble assombrir l’avenir de Bolingbroke et de ses jeunes habitants, collégiens vulnérables et intrépides à la fois, lorsque les événements les y obligent ! Ce roman graphique mériterait bien cependant une ou deux lectures supplémentaires pour apprécier toutes les références qui s’y cachent…
Chronique écrite par Aurélie DORCHY
Informations sur l’album Le Démon de Bolingbroke
- Scénario : Magdalene Visaggio
- Dessin : Jenn St-Onge
- Couleurs : Jenn St-Onge
- Éditeur : Jungle
- Date de sortie : 5 octobre 2023
- Pagination : 190 en couleurs
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