Le Chant de la femme parfaite
Le prolifique Makyo signe chez Delcourt Le Chant de la femme parfaite, secondé au dessin par l’italien Bruno Cannucciari. Les auteurs proposent un album singulier où se mêlent paranormal, développement personnel et histoire d’amour.

©Delcourt – Le chant de la femme parfaite – Makyo et Bruno Cannucciari – 2025
Alan est un ancien expert en sécurité des systèmes de communication de l’armée. Lors d’une mission en Afghanistan, il commet une erreur de déchiffrage sur une information sensible qui coûte la vie à de nombreux soldats. Renvoyé de l’armée, il continue chez lui ses recherches sur le spectre électromagnétique. Atteint d’une forme de paludisme rare et incurable qui lui provoque de nombreuses crises et hallucinations, il peut compter sur le soutien de sa fiancée Catherine et de son médecin et ami Franck. Lorsque Catherine le quitte et s’exile en Afrique pour une mission humanitaire, Alan est brisé et complètement perdu. Un soir, il recueille une femme qu’il croit être son ex-femme.

©Delcourt – Le chant de la femme parfaite – Makyo et Bruno Cannucciari – 2025
A la frontière du réel
Makyo propose une intrigue captivante où le réel bascule progressivement dans le fantastique avec l’apparition de cette femme, Omaïa, sosie de Catherine et qui parle à peine le français. Elle affirme venir d’un monde parallèle dont le peuple est en danger et qu’Alan seul, a les capacités de sauver. Elle lui propose alors un marché : elle le soigne de son paludisme avec une sorte de thérapie par le chant en échange de quoi, il l’aide à sauver son monde.

©Delcourt – Le chant de la femme parfaite – Makyo et Bruno Cannucciari – 2025
Le récit est ancré dans notre présent, mais glisse habillement vers la frontière du paranormal avec la thèse des ondes électromagnétiques comme porte d’entrée vers un multivers. Très linéaire, il propose une réflexion sur le traumatisme, la maladie, l’amour et les croyances en resserrant la narration sur les trois personnages principaux : Alan, Franck et la mystérieuse Omaïa. Certains points de ce récit complet auraient peut-être mérité d’être un plus étoffé, notamment sur l’intrication des mondes alternatifs et sur les chants thérapeutiques.

©Delcourt – Le chant de la femme parfaite – Makyo et Bruno Cannucciari – 2025
Une aventure psychologique contemporaine
Dessinée de manière réaliste par Bruno Cannucciari, l’aventure nous porte aux frontières des sciences neurologiques et de la science-fiction. La mise en page soignée reste classique mais offre de nombreuses séquences muettes et contemplatives. Le choix des couleurs est maîtrisé et exprime les émotions des personnages et les ambiances des lieux grâce à des pages presque monochromes. Oscillant du jaune lumineux des champs de blés et de la chevelure de Catherine/Omaïa au bleu de l’océan et de la nuit, la palette de couleurs reflète, à l’image de la superbe couverture de l’album, la part de mystère et de douceur qui émane de ce récit.

©Delcourt – Le chant de la femme parfaite – Makyo et Bruno Cannucciari – 2025
Quatre pages muettes terminent cette histoire métaphysique, mettant en scène Alan seul, lui permettant de digérer le tumulte émotionnel qu’il a vécu. L’occasion pour le lecteur de se demander si Omaïa était bien réelle ou juste un délire fantasmatique auquel Allan s’est accroché comme une échappatoire à son désespoir.
Makyo signe avec Le chant de la femme parfaite un scénario original et parfaitement maîtrisé. Mêlant subtilement et habilement les codes du fantastique et des questionnements existentiels profonds, les auteurs offrent une histoire métaphysique sentimentale, spirituelle et résolument optimiste.
Une chronique écrite par : Emmanuelle DESSEIGNE
Informations sur l’album :
- Scénario : Makyo
- Dessin : Brunco Cannucciari
- Couleurs : Brunco Cannucciari
- Éditeur : Delcourt
- Date de sortie : Le 5 février 2025
- Pagination : 103 pages en couleurs