La Légion sombre
Situé dans l’univers d’I.S.S. Snipers, La Légion sombre est une histoire indépendante qui reprend les codes poussés à l’extrême du space opera, dans lequel la brutalité de la guerre se mêle à celle de la vengeance.

Né sur une planète à la culture guerrière et adepte d’un art martial ancestral, Khali voit son destin basculer quand débarque une armée d’élite meurtrière et sans pitié, la dite Légion sombre. Éradiquant toute résistance et atomisant entièrement sa planète, le héros est capturé et recruté par Erioch, un baron de la Légion sombre, cette armée surpuissante qui donne son titre à l’album.
L’histoire nous fait découvrir le parcours de Khali au sein de celle-ci avec un seul et unique objectif: dépasser ses propres limites en matière d’arts martiaux et se venger d’Erioch.

“Je suis la vengeance”
Tout au long de l’histoire, le lecteur ne manquera pas de lecture car il y a une surabondance de voix off retranscrivant les pensées et réflexions du principal protagoniste. Ces dernières utilisent à l’excès le champ lexical de la guerre, de la violence et de la revanche, le tout saupoudré de termes propres à l’univers. Cette logorrhée permet certes de s’immerger à la fois dans l’univers de laLégion sombre ainsi que dans la tête du principal protagoniste, elle en devient lourde tellement elle est omniprésente. Ceci alourdit le récit et sans pouvoir donner le temps de souffler et d’enchaîner une lecture plus fluide et agréable.

Cette voix off est tout aussi agaçante que le principal protagoniste dont elle se fait le porte-parole. Khali est en effet présenté comme un personnage monomaniaque de la vengeance, à tel point qu’elle en devient une obsession agaçante. Les récits de vengeance sont certes centrés sur ladite thématique mais celle-ci doit contribuer à développer de l’empathie à l’égard du principal protagoniste. La Légion sombre n’y parvient pas car la cause et le motif de la vengeance ne sont pas émotionnellement impactants pour le principal protagoniste qui ne vit que pour le combat et rien d’autre.

Les combats sont au cœur même du parcours de Khali avec pour objectif de battre son rival et mentor Erioch. Cependant, à chaque fois, il échoue et son adversaire l’humilie, ce qui ne fait que nourrir encore davantage sa soif de vengeance. A part cela, ce parcours n’apporte pas grand-chose et ne donne pas envie au lecteur de voir le guerrier déchu se dépasser et espérer sa victoire finale éclatante. Tout le chemin que parcourt Khali ne donne ainsi qu’une impression d’unpersonnage plus pathétique qu’héroïque.

L’espace, frontière du grandiloquent
Comme tout space opera qui se respecte, La Légion sombredéploie un style visuel cherchant à retranscrire l’échelle et à l’ampleur de l’univers qu’il décrit. Nombreuses sont en effet les cases qui remplissent carrément une page entière afin de profiter visuellement des décors et vaisseaux spatiaux. Le dessin d’Erwan Seure-Le Bihan est élaboré mais sans trop de détails qui surchargent l’ensemble. Le traitement visuel cherche donc à immerger le lecteur dans cet univers brutal avec ses couleurs à dominante sombre.

Cette immersion n’est cependant pas totale car sur ces grandes cases sont superposées des cases longues et plus petites. Ces dernières servent surtout pour représenter les agissements et discussions des personnages mais sont trop petites par rapport à l’ensemble de la page. Cela donne une impression d’étroitesse dans laquelle l’action est coincée et compactée au lieu de s’épancher pour être impactante. Cette superposition de petites cases sur une grande page donne en fin de compte une impression d’un ensemble d’images collé sur une peinture, ce qui nuit quelque peu à l’appréciation des plans d’ensemble.

Malgré la richesse visuelle et l’ampleur de l’univers dépeint, c’est un goût de surcharge et redondance qui marque l’œuvre de Louis et d’Erwan Seure-Le Bihan. Quand ce n’est pas le découpage des cases qui gâche un ensemble visuel ce sont les nombreux textes qui sont lourdement bombardés avec un phrasé lourd qui devient plombant et pas toujours nécessaire. Cet album peut être apprécié pour son esthétique de space opera mais pas pour le parcours du protagoniste antipathique et obsessionnel de la vengeance.
Chronique écrite par Stéphane TRIQUOIT
Informations sur l’album
- Scénario : Stéphane Louis
- Dessin : Erwan Seure-Le-Bihan
- Couleurs : Erwan Seure-Le-Bihan
- Éditeur : Soleil
- Date de sortie : 10 avril 2024
- Pagination : 56 en couleurs
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