La Légendes des Océnides – T1 du Pêcheur de rêves
Elodie Garcia, autrice du Silence des Ombres, nous livre avec son second ouvrage, Le pêcheur de Rêves (La Légendes des Océnides pour le tome 1), un conte moderne empreint d’une vieille légende. Elle nous immerge par ses dessins aux mille bleus dans un voyage sous-marin féerique et par un scénario précis qui aborde des sujets importants pour un jeune public en recherche de réponses.
Dans un petit port de pêche imaginaire, Maël, rêveur solitaire de douze ans ami de la nature, est en conflit avec ses parents bien aimants, Moira et Ernest. L’obsession de son enfant pour le carnet de croquis de son grand-père qui raconte la légende des Océnides, agace Moira. Ernest ne comprend pas le dédain de son fils pour le métier de pêcheur qui nourrit la famille. Maël, qui vit mal le décès de son grand-père disparu en mer, se confie aux mouettes et n’aspire qu’à faire des études, protéger les poissons et voyager.
Las des disputes et après que Maël ait rejeté une partie de la pêche dans le port, Ernest oblige son fils à l’accompagner sur le chalutier. C’est ce moment que choisit la tempête pour entrer dans le scénario. Maël, désobéissant à son père, sort de son abri, chute par dessus bord et sombre au fond de l’océan. Il y est accueilli par un banc de poissons multicolores inhospitaliers aussitôt chassés par les décharges électriques d’une jeune fille à la peau et à la chevelure bleue qui se prénomme Naïa. Avec des branchies en guise d’oreilles et des mains palmées, serait-elle une océnide ? Est-ce la réalité ou Maël a-t-il rejoint son grand-père ? Reverra t-il ses parents ? Ce sont les question auxquelles il devra répondre pour sortir de ses rêveries pendant que Moira et Ernest perdront espoir et que les secrets du passé resurgiront.
Un jeu de couleurs et de traits comme véritable outil de narration
La couverture nous plonge aussitôt dans la magie du monde des océnides créé par Elodie Garcia. Le jeu avec les bleus clairs de l’eau translucide et les bleus foncés des vêtements ou des cheveux, nous fascine tout au long du récit. Ce camaïeu de bleus, accentué par les contours noirs, contribue à une magnifique harmonie des couleurs qui nous accompagne de page en page. Plus encore, la teinte des bleus s’adapte à l’état d’esprit des personnages et l’environnement dans lequel ils évoluent pour devenir plus sombres dans les moments de danger et de colère.
Les fonds marins foisonnants de poissons et méduses au mille couleurs, la végétation luxuriante et les habitats lumineux, participent à la féerie du conte. Notons aussi le travail des hachures qui dynamise les moments d’action comme l’océan en furie, marque les instants de mer calme et met en relief les décors et les personnages tel le poulpe Hazel.
Un scénario très travaillé et des thèmes qui font sens
Le scénario est finement élaboré avec de nombreux détails qui donnent sens à l’histoire. Par exemple Elodie sème des indices pour situer le petit port de pêche imaginaire en mentionnant les Cymodoceas, paille de mer du sud ouest, la cité d’Hilerria du même nom que le cimetière marin de Ciboure ou encore le prénom de Naïa d’origine basque. Naïa peut aussi être le diminutif des naïades grecques : gardiennes des océans et protectrices des jeunes garçons que l’on nomme Océanides dans la mythologie.
Comme dans son premier ouvrage, Elodie Garcia aborde un thème qui lui semble cher, celui du deuil. Sans être larmoyante elle expose ses effets autant sur les enfants que sur les adultes, facilitant ainsi le dialogue familial à la lecture du livre.
L’autrice nous sensibilise à la surconsommation au travers de l’attitude de Maël qui rejette une partie de la pêche dans le port. En restant dans l’intérêt du récit, sans être excessive et en restant accessible pour un jeune public, le conte dénonce l’évolution du comportement néfaste de l’Homme vis à vis des océans et au travers de quelques scènes Elodie Garcia explique qu’il faut respecter et vivre en harmonie avec les mondes marins.
Avec le Pêcheur de Rêve – la Légende des Océnides, annoncé comme le premier d’une série mais pouvant se lire comme un «one-shot», Elodie Garcia nous immerge dans un conte féerique et coloré qui se transforme en fable écologique tout en nous sensibilisant au sujet du deuil. les cases en pleine page nous permettent de contempler cet univers au milieu d’un découpage et d’une mise en page dynamiques qui rythment l’action en complément du travail sur les hachures. Enfin, avec un peu de curiosité et de perspicacité, les nombreuses références cachées en lien avec le récit, comme les prénoms des protagonistes ou le surnom donné à Maël par Naïa, offrent un jeu non dénué d’intérêt pour une seconde lecture de l’histoire. Toutes ses raisons font de cette bande dessinée un joli cadeau pour les enfants.
Chronique écrite par Xavier G.
Informations sur l’album
- Scénario : Élodie Garcia
- Dessin : Élodie Garcia
- Couleurs : Élodie Garcia
- Éditeur : Jungle
- Date de sortie : 22 février 2024
- Pagination : 72 en couleurs
