L’œil du marais – T1 des Nouvelles aventures de Bruce J. Hawker
Le français Christophe Bec (scénario) et l’espagnol Carlos Puerta (dessins et couleurs) font revivre avec L’œil du marais, le lieutenant de la marine britannique créé par William Vance en 1979. Cela faisait 28 ans, qu’il n’y avait plus eu de nouvel album.

En 1803, le lieutenant Bruce J. Hawker est à Gibraltar afin de reprendre son navire le H.M.S Lark et rentrer en Angleterre. Malheureusement, le Lark croise une frégate de guerre espagnole au moment où une tempête éclate. Après la bataille et malgré les efforts de Hawker, le Lark est endommagé. Hawker et les survivants sont recueillis par le bateau du capitaine de Lazowski qui fait route vers le nouveau monde avec une aristocrate française : Félicité de Lannion, comtesse de la Rochefoucauld. Elle est sur les traces du trésor des Templiers.

Un récit maritime classique
Bruce J. Hawker était le personnage préféré de William Vance. Le dessinateur bruxellois comptait d’ailleurs relancer la série et avait commencé un long travail de documentation. Hélas, Vance ne fera jamais ce livre : atteint par la maladie de Parkinson, il décède en 2018.

Christophe Bec (Under) se voit proposer par le fils de Vance, puis par l’éditeur, de redonner vie à Hawker. Se basant sur les notes de Vance, Bec offre un scénario mêlant aventures maritimes épiques, qui rappellent le premier tome de la série, et une chasse aux trésors teintée d’ésotérisme. La première partie sur le récit maritime fonctionne plutôt bien avec une bonne mise en place et la reconstitution d’une bataille réussie. La seconde partie consacrée à la chasse aux trésors est forcement moins intense mais pas moins passionnante. Cela dit, il faut bien admettre que le scénario est des plus classiques. Bec ne révolutionne pas la bande dessinée d’aventure. Les situations vécues par les personnages ont déjà été vues et revues ailleurs mais comme dit plus haut, le récit est écrit avec suffisamment de compétences pour que le lecteur ne lâche pas l’album.

Trop de détails tue le détail
Le dessin et la couleur ont été confiés à l’ibérique Carlos Puerta. Ce dessinateur est réputé pour être attentif aux détails et au réalisme de ses dessins.
Son trait n’a rien à voir avec celui de Vance. Ce dernier était réaliste mais privilégiait la lisibilité de ses planches. Tout le contraire de Puerta dont les dessins, certes parfois impressionnants, sont trop chargés, trop détaillés. Il n’est pas non plus aidé par un découpage complexe loin de la simplicité, et une nouvelle fois de la lisibilité, de l’auteur de XIII.

Il y a une volonté des auteurs de créer une atmosphère avec le réalisme des dessins et de la lumière mais le résultat n’est pas à la hauteur des ambitions. Le tout est parfois trop sombre, parfois trop terne et n’engendre aucune ambiance. Quelques cases ont bien un impact sur le lecteur mais elles sont trop rares.

Une petite déception
Qu’attendre d’un nouvel album Bruce J. Hawker en 2024 sans William Vance ? Un récit épique centré sur la marine avec des dessins clairs et lisibles dans la continuité de Vance sans en être une copie. Si la première partie est bien présente, la seconde fait cruellement défaut. Christophe Bec a imaginé une chasse aux trésors des Templiers pas des plus originale mais qui se tient et se lit sans déplaisir.

Carlos Puerta impose son style et ses préceptes de dessinateur réaliste qui sont tout à son honneur mais cette surabondance de détails, ce réalisme exacerbé, ce surdécoupage des planches, déstabilisent trop le lecteur.

Au final, cette nouvelle monture de Bruce J. Hawker avait le potentiel pour être un événement BD de cette année 2024. Elle sera à ranger dans la case des petites déceptions.

Chronique écrite par Frédéric P.
Informations sur l’album L’œil du marais
- Scénario : Christophe Bec
- Dessin : Carlos Puerta
- Couleurs : Carlos Puerta
- Éditeur : Le Lombard
- Date de sortie : 26 avril 2024
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