KGB le complot cosmique – Intégrale
Les récits d’espionnage ont attribué au KGB les actions les plus secrètes et destructrices, incarnation d’une puissance invisible et dangereuse pour quiconque ose s’opposer à lui. Dans cette compilation de quatre BD publiées entre 2006 et 2010, intitulée KGB le complot cosmique, Valérie Mangin et Malo Kerfriden mobilisent l’ancien service de renseignement soviétique qui doit affronter des forces mystiques occultes.

1961, d’importants dirigeants de l’URSS sont victimes de tentatives d’attentats de nature paranormale. Arrêtés et engagés de force par le KGB, Ava et Dimitri devront découvrir le commanditaire de ces crimes et le mettre hors d’état de nuire. Au fur et à mesure qu’ils progressent dans leurs missions, les deux agents feront tomber le voile des apparences et découvrir l’ampleur de la menace à laquelle ils semblent être liés.

Le Diable s’habille en soviet
Ce duo d’agents très spéciaux du KGB est le moteur qui fait avancer l’intrigue au fur et à mesure. Cette dualité fonctionne bien, surtout qu’il ne se base pas sur la comptabilité et la complicité mais plutôt sur un jeu de dupe où l’un est manipulé et l’autre le manipulateur. Ava apparaît comme surdouée dans la manipulation tandis que Dimitri est un bête pion qui se laisse facilement avoir autant par elle que par leur principal adversaire.
Quant à ce dernier, il suffira juste de feuilleter rapidement pour que le lecteur le reconnaisse tout de suite, surtout s’il s’agit d’un personnage déjà vu dans de nombreux récits fantastiques se déroulant en Russie. La présence de ce personnage paraît donc quelque peu simpliste et sans véritable originalité à moins de lui donner une origine surnaturelle.

Car en effet, le récit prend au fur et à mesure des proportions cosmiques avec l’intervention de démons, de la magie et d’autres forces occultes qui régissent l’univers. Alors qu’elle est au cœur de l’intrigue, cette ampleur surnaturelle n’est pas véritablement ressentie ni de la part lecteur ni par les personnages principaux. Le surnaturel est à la limite mobilisé comme un outil sans provoquer de véritables fascinations ou de craintes, surtout s’il peut être combattu avec des armes humaines ordinaires.
Seule la fin amènera une révélation qui déstabilisera autant le lecteur que les personnages qui voient leur perception de l’univers remise en question. Cela laissera le lecteur cependant sur sa faim car il arrive au bout d’un parcours dont les retournements et révélations ont laissé tout au long un goût peu impactant.

La couleur tombée du ciel
Le trait de Malo Kerfriden se veut coloré avec une ligne claire bien lisible, avec une volonté de bien reconstituer le décorum de l’Union Soviétique de l’époque. Le dessinateur permet ainsi au lecteur de voyager de case en case, surtout quand il s’agit des décors des monuments ou des paysages terrestres ou surnaturels.
Cette patte artistique cependant n’est pas très appropriée dans un récit basé sur la manipulation et les menaces occultes. En effet, le ton très coloré et clair ne s’associe pas du tout avec la thématique du récit qui se veut menaçante et qui dépasse la condition humaine. Les créatures monstrueuses sont certes très bien représentées mais aucune d’entre elles n’inspire un véritable sentiment de terreur ou de dégoût.

Déjà que le scénario ne mobilise pas le surnaturel comme une force à craindre et à respecter, le dessin ne permet pas de ressentir l’ampleur des choses contre lesquelles les personnages font face. Tout cela à cause d’une patte artistique plutôt colorée et les choix de plans qui fonctionnent bien pour les paysages et les décors mais pas pour les créatures et les évènements fantastiques.
Une menace et une ampleur surnaturelle qui ne se ressentent pas, un traitement inégal des deux protagonistes et un antagoniste convenu, voici ce qui fait que le scénario n’a pas de véritable saveur et ni d’enjeu. Cependant, le lecteur pourra tout de même apprécier le dessin et les jeux de couleurs qui reconstituent bien le contexte de l’histoire même s’ il ne magnifie pas la soi-disant grande menace qui pèse.

Chronique écrite par Stéphane TRIQUOIT.
Informations sur l’album
- Scénario : Valérie Mangin
- Dessin : Malo Kerfriden
- Couleurs : Malo Kerfriden et Benjamin Hofseth
- Éditeur : Delcourt « Quadrants Solaire »
- Date de sortie : 2 mai 2024
- Pagination : 184 en couleurs
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